Bordel. J'avais du mal à respirer. J'avais mal. Mal de partout. La douleur me déchirais jusque dans mes entrailles. Bordel de merde. Comment est-ce que je pouvais souffrir autant. A chaque fois que l'air remplissait mes poumons, je sentais une brulure qui était presque insoutenable. J'essayais de me souvenir de ce qu'il s'était passé juste avant. Je devais me calmer et observer. Ouais enfin c'était facile à dire. C'était dur de réfléchir quand on avait autant mal que ça. Doucement. Déjà respirer doucement. Puis …. qu'est-ce que je fichais à poil moi ? Okay, j'avais me transformer en coyote. Ça me semblait être la seule raison logique à cet instant. Enfin, c'était soit ça... soit je devais commencer à envisager sérieusement le fait que j'étais somnambule. Et dans ce cas là, je me déshabillerais dans mon sommeil et.... sérieusement ça serait un peu bizarre. Par chance, j'étais résistante au froid. Bon par contre, résistante, ça ne voulait pas dire que j'y étais immunisée pour autant. Et il fallait dire qu'Ottawa n'était pas vraiment à sa période la plus chaude de l'année. Ouais bref, je me gelais bien l'arrière-train. Je serrai les dents. J'osais espérer que mes vêtements étaient dans le secteur. Je savais bien que nous autres berserkers étaient résistants et que nous pouvions éviter des trucs très sexy comme la fameuse goutte au nez. Mais avec la chance que j'avais j'allais m'attraper un bon vieux rhume qui allait me pourrir la vie. Je soupirais en regardant tout autour de moi. Puis c'est alors que je le vis. Il avait l'air dans un état aussi piteux que le mien. Sauf que lui... il avait encore des vêtements sur son dos. Enfin des restes de vêtements pour être plus exact. L'homme devant moi ne portait que des lambeaux. Dans le fond, ce n'était pas mieux. Tant bien que mal j'essayais de cacher ma nudité avec mes bras. J'ouvris la bouche. J... J-Jeremiah ?

Voilà, ça me revenait. Jeremiah. Berserk. Je n'avais jamais su quoi penser de lui. Je n'avais jamais vraiment eu confiance dans les autres berserkers. Je n'avais confiance en personne en fait... ou enfin si, mais c'était un cercle plutôt restreint. Alors forcément, je m'étais méfiée de lui. Les berserkers, personne ne savait comment ils pouvaient se maitriser. Et j'étais la première à avoir quelques soucis. Bien que les choses se soient nettement améliorées depuis que Piotr était devenu mon maitre. Mes accidents étaient de moins en moins réguliers. Je pouvais à nouveau être en accord avec mon alter-égo. Mais voilà, je n'avais toujours pas repris forme animale. J'avais toujours peur. C'était plus fort que moi, c'était une angoisse indescriptible. Je me souvenais que j'avais revu le fameux Jeremiah, les choses étaient encore floues dans ma tête. Je n'arrivais plus à me souvenir comment ça c'était passé... ni l'endroit dans lequel tout avait commencé. Je me souvenais clairement que la conversation était vite partie en eau de boudin. Il y avait beaucoup de tensions palpables entre nous... et entre nos doubles animaux. Le coyote m'avait hurlé de rester en position défense. Je ne pouvais pas faire confiance à cet homme. Il était.... dangereux ? Je le sentais dans mes tripes. Puis nos bas instincts avaient prit le dessus. J'avais fini par surmonter ma crainte et j'avais revêtu mon apparence poilue. J'étais persuadé que ma forme de coyote aurait le dessus. Pourtant la furie de Jeremiah était forte aussi. Personne ne l'avait emporté.

Je continuais de respirer difficilement, alors que je me frottais le front. Je voulais lui tourner le dos pour qu'il ne me voit pas en tenue d'Eve, mais mes instincts me hurlaient de ne pas le faire. Je ne pouvais pas tourner le dos à un potentiel ennemi. Cela aurait été me mettre en situation de faiblesse. Cela aurait été une faute tactique. Il m'avait repéré visiblement. Il semblait aussi fatigué que moi. Bordel et qu'est-ce qu'on pouvait ficher dans cette foret ? Je finis par soupirer. Soit il me voyais à poil, soit je risquais de me prendre un coup de griffes dans le dos – enfin si seulement l'ours était capable de repasser en furie... et ça j'en doutais. Et puis merde, ce n'était probablement pas la première fois qu'il voyait une femme nue. Je finis par me lever. Est-ce que tu aurais vu mes fringues ? Je regardais aux alentours, sans pour autant trouver quoi que ce soit. Puis mon attention se reporta sur celle de mon adversaire. Il semblait fatigué au moins autant que moi. Enfin je faisais la belle mais mes jambes tremblaient. Pas trop de casse Jeremiah ?

Putain. J'aurais mieux fait de rester couchée dans mon lit moi ce matin. Non mais il ne fallait pas chercher, il y avait des journées... tout partait mal d'entré de jeu. Généralement quand ça commençait comme ça, je n'avais qu'une seule envie, retourner dans mon lit et attendre sagement que la journée passe. Mais voilà, les choses ne marchaient pas aussi facilement. Forcément, Jeremiah avait croisé ma route. Non il n'aurait pas pu décider d'aller voir ailleurs si le pape y était ? Depuis que je l'avais rencontré pour la première fois, mon double animal s'était agité. Et visiblement le sentiment était partagé vu que lui aussi m'avait sauté à la gorge. Fichue bestiole, c'était la première fois qu'elle s'agitait tellement que je finissais sous forme fusion pour achever le travail. D'ailleurs cela faisait depuis plusieurs mois que je n'avais pas osé tenter l'expérience. Il fallait que je pense à remercier Piotr... genre vraiment. Grâce à ses entrainements, j'avais réussi à garder le contrôle. J'avais réussi à rester quasi à cent pour-cent humaine. Bon certes, d'une certaine manière, j'avais cédé à mes pulsions les plus basses.... donc la victoire n'était pas totale. Mais cette fois, j'étais redevenue humaine. Bon, humaine dans mon simple appareil, mais humaine quand même ! Au moins je n'étais pas restée coincée dans ma forme velue.

D'ailleurs, je ne voulais pas balancer mais il faisait quand même assez frisquet. Oui non parce que la peau humaine était vachement moins efficace que la fourrure pour tenir chaud. Et mes vêtements s'étaient la malle pendant ma transformation. J'avais interrogé mon adversaire pour savoir s'il les avait vu. Quand il me désigna un tas de tissus décharnés, je fis la grimace. Du naturisme en plein cœur d'Ottawa, mes rêves les plus fous deviennent réalité. Je ris jaune pendant quelques instants. Encore faudrait-il que j'arrive à avancer. Il fallait dire que j'avais la délicate impression qu'un camion m'avait roulé sur le corps. Il se rapprocha de moi avec les restes de mes vêtements dans ses mains. Je pus alors mieux l'observer. Ses vêtements déchiqueter laissaient voir sa peau. Hmm ce n'était pas vraiment le moment de laisser l'esprit divaguer. Il allait bien, comme il allait dit lui même. Je hochai de la tête. Ok... je suis... rassurée. Je m'en serai voulu d'avoir abimé ta gueule d'amour. J'avais un brin légèrement taquine, je souris alors que je reportais mon attention sur mes... vêtements. Ou plutôt leurs cadavres. Je soupirais longuement. Au moins je pouvais enfiler le bas... le haut... je grimaçais. Des fringues en feuilles allaient plus cacher ma peau que ça !

Une nuit torride en ma compagnie ? Cette remarque m'arracha un rire léger. La remarque était tellement décalée par rapport à la situation qu'elle ne pouvait être qu'hilarante... ou bien c'était la fatigue. Ce rire me fit d'ailleurs mal dans les cottes. Ben d'une certaine manière... on peut dire qu'on a passé une nuit torride... Ouais bon pas de la manière dont le commun pouvait l'entendre. Mais entre coups de griffes et morsures en tout genre.... c'était très torride ! Je me mis à rire d'autant plus, chose que je venais tout de suite à regretter. Quand il me demandait comment je me sentais, je haussai les épaules machinalement. Ça va... j'ai l'impression d'avoir une vilaine gueule de bois sans avoir bu. Je soupirais, en soi c'était vraiment de l'arnaque ! Je tentais de renfiler mon jean et qui était aussi troué qu'une éponge. Ouais... j'avais un look d'enfer. Heureusement que tu n'es pas le premier ours mal léché que j'affronte. Je tentais d'analyser mon teeshirt coupé en deux, je tentais tant mien que mal de le nouer autour de ma poitrine. Ma tante quand elle est de mauvaise humeur... je te jure qu'on comprend très bien pourquoi c'est une berserker d'ours ! Puis alors que je repensais à nos parties de chasse dans les forets canadienne... quelque chose me frappa. Je me souvenais que Jeremiah n'avait pas pris sa forme animale complète. Pourquoi tu... Je pris quelques instants de réflexion en coupant ma phrase en plein élan. Vous alliez me dire, moi-même c'était la première fois que je reprenais le risque de devenir animal. Le bereserk s'était arrêté en forme furie et n'était pas passé outre ce stade. Pourquoi tu ne t'es pas changé totalement en ours ? Je m'arrêtai une demie-seconde avant d'ajouter. Pas que je m'en plaigne, si tu l'avais fait je pense que je serai pas en si bon état à l'heure actuelle. Ouais clairement ! Je pense qu'il y aurait une chance même pour que je sois un état pire que ça. Dans le fond j'étais chanceuse.