Flynn & Willow

Savoir d'où l'on vient permet de savoir où l'on va
     

      La vulgarité à ses raisons que la raison… s’en bat les *bip*. Voilà exactement ce qui convenait de se dire alors que Willow s’accrochait à la portière de cette foutue bagnole, qui en passant quelques secondes plus tôt, avait envoyé une giclée de boue directement sur sa robe Valentino. VDM !! Et le mec tentait de fuir, mais ne s’en sortirait pas comme ça ! Parole de Willow, qui en plus de voir sa sublime nouvelle robe totalement bousillée, ne devait pas se laisser débiner devant les élèves du collège. Sans doute la raison pour laquelle elle s’accrochait comme une malade, hurlant à s’en arracher les cordes vocales tout le panel exotique des insultes les plus fleuris du siècle. Jusqu’au moment où, après avoir volontairement écrasé son visage sur la vitre pour forcer un contact visuel, le conducteur se trouva très étrangement l’envie de sortir du véhicule pour le lui laisser… allant ensuite s’enfermer lui-même dans le coffre de la voiture. L’hypnose, quel don merveilleux. Prenant le temps d’envoyer une belle érection de majeur à un type qui klaxonnait derrière elle comme un gros taré, l’Alchimiste prit le volant, pleine de fureur et observant de temps en temps la tâche immonde qui commençait à sécher. Putain de MERDE ! C’était limite irrécupérable… Il fallait faire vite ! La grandiloquence de sa robe à 2000$ en dépendait du choix qu’elle allait faire dans les 30 prochaines secondes (et puis c’était encore une fois un cadeau de Darwin, fallait par cracher dessus…), aussi fila t’elle vers le premier teinturier venu… pour se retrouver en sous-vêtements. Balosité. C’était bien le genre de chose qui n’arrivait qu’à Willow Deslauriers, qui avait asser chien (trouvons lui quand même un minimum de qualité…) pour se retrouver en petite tenue en plein centre-ville d’Ottawa où la neige commençait à tomber. Mais pour une robe Valentino, elle était prête à tous les sacrifices…

A nouveau dans le véhicule ‘volé’, la jeune femme soupira. Et maintenant ? Elle n’avait pas vraiment envie de débarquer chez Darwin à poil, si c’était pour lui avouer qu’elle avait peut-être été victime d’un attentat mortel pour sa dernière acquisition de créateur. Bon… il ne restait qu’une solution : Anthéa ! Elle devait bien avoir dans ses placards un petit quelque chose de portable non ? Bon portable certainement pas mais, potentiellement supportable oui ! Satisfaite, Willow se mit à nouveau en route et une fois garée devant le domicile sa grande sœur, libéra le prisonnier du coffre qui grâce à l’hypnose n’était pas mécontent de son sort. L’Alchimiste prit tout de même le temps d’empocher les billets qui trainaient dans le portefeuille du malheureux, avant de filer vers le porche de la maison d’Anthéa et d’entrer comme si elle était chez elle. Par chance, la porte était ouverte, elle ne devait pas être loin !

« Anthéaaaaa c’est moi ! Je viens te piquer une fringue, j’ai eu comme qui dirait quelques soucis avec un… automobiliste peu porté sur la mode. Le mec m’a carrément giclé dessus, mais pas comme j’en ai l’habitude ! »

Et sans attendre, partant dans un grand éclat de rire, elle grimpa deux à deux les marches des escaliers et se dirigea vers la chambre d’Anthéa pour fourrer son nez et ses critiques dans le placard de cette dernière. Rapidement, elle enfila un chemisier qui ne semblait pas trop moche, et un pantalon qu’elle serra à la taille grâce à une ceinture. Une ceinture qui d’ailleurs, était le plus bel élément de la tenue, puisque c’était un cadeau de Willow. Pauvre Anthéa… il fallait vraiment que petite sœur s’occupe un jour de cette foutue garde-robe, autrement elle ne pourrait pas pécho de sitôt ! Enfin, revenant dans le couloir, puis redescendant ensuite dans le salon, Willow cherchait âme qui vive puisque personne ne s’était encore manifesté.

« Bon alors vous êtes tous morts dans ce taudis où vous jouez à cache-cache comme des bouffons ? »

Flynn & Willow

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     Pas facile, dans la p’tite caboche de Willow, de se poser parfois les questions les plus élémentaires. Parce qu’elle était un peu égoïste oui… mais aussi parce qu’elle n’en avait vraiment rien à foutre. Pour le coup, c’était : si la porte d’entrée était ouverte, c’était qu’il y avait quelqu’un non ? Si la voiture de sa sœur n’était pas soigneusement garée dans l’allée, est ce que cela ne voulait pas dire qu’elle était absente ? Bah mazette alors ! Qui c’est qui qu’était là, si que n’était pas Anthéa ? (Cette phrase n’est pas Française, Goofy time…). Bah Flynn forcément ! Si ce dernier n’était pas entré dans son champ de vision, pour sur l’Alchimiste aurait laissé son visage s’effriter à même ses mains pour un facepalm légendaire. Putain ce qu’elle pouvait être tarte ! Et qu’est-ce qu’elle avait hurlé déjà ? ‘Je me suis fait giclée dessus ?’ Oh pétard si Anthéa apprenait ça, la petite sœur Deslauriers allait se prendre la raclée de sa vie… Bien, comment procéder à présent ? Observant Flynn après avoir stoppé son mouvement juste après l’avoir aperçu un peu plus loin. « Et bien... On ne joue pas à cache cache, je suis tout seul. Bonjour à toi aussi Willow. »

« Saluuuuut … Flynn. »

Willow c’était adressé à lui avec un grand sourire, bien que légèrement faux à cause de sa nervosité latente et soupirant un peu pour tenter de calmer son stresse. La situation était quand même délicate, surtout si Anthéa l’avait entendu. Mais bon, c’était surtout la présence de l’adolescent qui avait tendance à rendre sa ‘tante’ mal à l’aise. Elle lissa les vêtements empruntés à Anthéa, puis le silence s’imposa un peu, écrasant le peu de volonté qui lui restait. Mais par miracle, tantine ne hurla pas ‘REPLI’ pour s’enfuir en laissant derrière elle une grenade fumigène. Elle resta devant Flynn, bien droite dans les habits d’Anthéa et regardant un peu partout dans le salon avec une expression légèrement figée sur le visage… laissant penser qu’elle s’attendait au pire et attendait qu’un piège se referme sur elle.

« Elle est pas là… ta mère ? »

Mais aussitôt la question posée, son regard perçant détailla la posture du gamin devant elle, qui semblait lui aussi un peu mal à l’aise, mais pas pour les mêmes raisons (oui car il me semble difficilement acceptable que Flynn soit en train de cacher sa paternité hahaha). Il avait l’air… un peu sur le qui-vive et faisait rempart de son corps frêle d’adolescent maigrichon pour planquer un truc. Là-dessus, Willow en était certaine ! S’il y avait bien un truc qu’elle savait repérer, c’était bien les entourloupes ou les arnaques. Et la tronche de Flynn, sa posture hurlait au vent qu’il avait fait une boulette ou en préparait une. Le gamin n’était pas bien discret, contrairement à sa mère biologique qui elle, avait un talent certain en matière de combine dégueulasse. Mais au moins, Flynn avec cette attitude avait eu le don de cultiver la curiosité de Willow, qui bien vite oublia sa gêne fasse à lui et plissa les yeux pour l’observer non sans passer pour une grosse inquisitrice.

« Mais attend qu’est-ce que tu es en train de faire… tu as un air tellement coupable là mon p’tit ! Tu caches une fille c’est ça ? Ou un gars… je ne suis pas regardante. Y’a quoi derrière ton dos ? »

Elle se mit alors à approcher, cherchant autour de Flynn des indices sur son activité illicite flagrante. Une chaussette, un pied sauvage, un sachet de… oh mon dieu de l’herbe ? Et si c’était ça ? Que le cochon profitait de l’absence d’Anthéa pour forniquer et se défoncer au gazon Canadien. Bon … dans ce cas, elle aurait sans doute été semi fière de lui, et lui aurait demandé sa came. Mais histoire de passer pour une tante moins délurée et peut être légèrement plus responsable. C’est pourquoi elle demanda soudainement en sautant sur le canapé pour vérifier que personne ne se cachait derrière :

« Tu as un drôle de corps… tu te drogues ? »

Flynn & Willow

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Le gamin ne dirait rien… parfait. C’était un brave petit. Quant à Anthéa, elle ne rentrerait que ce soir donc, à bien y réfléchir, Willow avait le temps de percer le secret de Flynn… c’était peut-être un peu moche, tout à fait déloyal et puéril de penser de cette manière, mais assurer ses arrières ne faisait de mal à personne. Et surtout pas à Willow qui ne souhaitait pas vraiment se faire gueuler dessus par sa sœur. Surtout pas si cela signifiait qu’elle devrait alors faire semblant d’être désolée… Willow avait passé l’âge de s’excuser mièvrement sans y croire. Encore moins devant son … neveu. A cette pensée, elle eut une réaction très étrange. Elle se redressa, quittant le canapé où elle avait cherché la présence éventuelle de jeunes drogués… N’importe quoi. Pire encore, elle prit une posture droite, qui se voulait digne et sérieuse. Comme si au final, ce que pensait Flynn d’elle avait de l’importance. Mais oui, c’était clairement le cas, bien que Willow ne puisse assumer ce genre de vérité. Elle passait son temps à mettre de la distance, placer des barrières entre elle et le jeune homme… ne semblait jamais à l’aise dès qu’il s’agissait de lui montrer un peu d’affection ou simplement de l’attention. La honte à chaque fois, la poussait à quitter la pièce, à détourner le regard. Et être maintenant seul avec lui, était quelque chose de difficile. D’autant plus qu’il n’y avait ni Oreste, ni Anthéa pour faire diversion. C’était peut-être même, bien la toute première fois qu’elle se retrouvait seule en compagnie de Flynn. Et l’idée était aussi bien terrifiante que… qu’agréable ? Vraiment ? Elle-même étonnée par cette réflexion, Willow constatait bel et bien que oui. Seul en compagnie de ce jeune homme qu’elle connaissait si peu, alors qu’elle l’avait mise au monde 17 ans auparavant… c’était ‘une bonne chose’.

Pas de pression, pas de jugement. Anthéa n’était pas là pour surveiller et stresser Willow par un comportement intrusif. Oreste non plus, avec sa gentille maladresse qui parfois pouvait sans le vouloir, causer du tort à Willow quand il s’agissait de Flynn. C’était des barrières en moins, et il semblait que l’Alchimiste s’en trouvait moins en proie à la crainte et au doute. « Quoi? Mais où-est ce que tu va chercher tout ça?! Et puis... Mon corps c'est mon corps. » Un très léger sourire s’imprima sur le visage encore perplexe de Willow qui finalement s’en alla s’installer sur un fauteuil un peu plus loin, non sans fixer Flynn de manière hésitante. Mais elle avait fait son choix… alors qu’elle aurait pu se retirer et ne plus avoir à faire face à Flynn, Willow avait choisi au contraire de rester et de manière moins ‘agressive’. Même si elle s’interrogeait elle-même sur le pourquoi du comment, c’était ainsi. A croire qu’elle voulait passer du temps avec Flynn, et que cela lui faisait plaisir… ce qui était le cas. Un peu… Bon d’accord plus qu’un peu, mais ça non plus, elle ne l’assumait pas le moins du monde !

Après un léger silence, observant la pièce, son ‘neveu’, le carton de document qu’il avait vraisemblablement cherché à cacher, Willow décida de changer un peu de sujet. Ce qui était rare, puisqu’elle s’amusait souvent à ‘attaquer’ plutôt qu’à communiquer. Ce qui expliquait sans doute la gaucherie dont elle pouvait faire preuve et son hésitation.

« Alors… ça va les cours ? Tu t’en sors ? »

De la merde… mais que demander à un garçon de cet âge, qu’elle connaissait à peine… qui était son fils. La chair de sa chair, et qui continuait de l’ignorer bien que, d’après Oreste, il posait souvent des questions sur sa famille biologique… Ce qui était ironique, puisqu’ils évoluaient depuis toujours au sein de ceux qu’ils cherchaient à connaitre, sans se douter qu’il s’agissait simplement de modifier quelques étiquettes pour que l’arbre généalogique prenne forme.

« Tu fais quoi déjà ? T’es plus au collège non ? »

Encore mieux bravo Willow ! On aurait dit cette espèce de tante complétement folle, que l’on trouve dans certaine famille… qui pose toujours des questions à côté de la plaque, oublie ce que vous faites, parfois même, zappe votre prénom et vous offre le même cadeau chaque année. C’était lamentable… Mais en tant que tata, Willow avait déjà un comportement vacillant. Alors que dire de la mère qui sommeillait en elle, et qui tentait doucement de s’intéresser à son fils ?

Flynn & Willow

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Putain mais en vrai elle était en train de faire quoi là ? Willow commençait sérieusement à douter de ses capacités mentales, et s’apparentait maintenant à un joli mollusque mono-neuronal. Venait-elle réellement de s’installer, à la cool, sur un fauteuil dans le salon d’Anthéa pour faire la causette à Flynn ? Bah merde, il semblait bien que ouais ! Consciente que c’était là une première, et qu’elle ne contrôlait absolument pas la situation, Willow avait posé la question du siècle… en quelle classe il était. Prout… « Les cours? Ca va. Ca va toujours. Nope. En effet j'ai quitte le college. Je suis au lycee. J'ai 17 ans Willow... » Bon, pour être honnête, elle connaissait parfaitement l’âge de Flynn. Elle ne pouvait décemment pas oublier ce dernier, surtout après en avoir ainsi bavé en lui donnant la vie… mais c’était un détail, un souvenir qu’elle allait pouvoir s’épargner. En revanche, et même si elle travaillait dans un collège, Willow ne savait pas à quel niveau il pouvait en être scolairement. Parce qu’elle ne s’intéressait pas beaucoup à lui. Volontairement. Sous prétexte de ne pas attirer l’attention sur elle, et parce qu’Anthéa lui servait à coup sûr des regards réprobateurs dès qu’elle semblait un peu trop franchir la ligne invisible qui séparait le fils et sa mère. Au départ, c’était Willow elle-même qui avait dressé ces remparts. Et avec le temps, il paraissait plus ou moins clair qu’Anthéa ne souhaitait pas les voir s’effondrer. Elle ne voulait pas que Flynn apprenne, sans doute par crainte de le perdre, et privait sans s’en rendre compte Willow de la faible attention qu’elle souhaitait accorder à son fils. Car elle était loin de vouloir lui dire la vérité… juste savoir qu’il était. Même cela lui était interdit.

Car plutôt que de trouver un équilibre, elle privait simplement Willow de quelques gestes, qui aurait permis un rapprochement plus aisé. Il lui était déjà difficile de supporter la présence de Flynn dans la famille… Après tout, c’était un enfant dont elle s’était séparée, dont elle n’avait pas voulu. Le voir était parfois supportable, d’autre fois non, au gré des humeurs de l’alchimiste. Mais être séquestré dans un rôle de « tante un peu folle » lorsqu’elle se sentait prête à faire un pas vers lui… voilà qui était tout aussi compliqué. Le silence qui s’installait sur les deux Deslauriers ne l’aidait pas vraiment à ce sentir à l’aise mais Flynn non plus n’était pas totalement en mode smile forever. Il semblait un peu déphasé, la situation était en effet un peu nouvelle, pour tous les deux. « Qu'est-ce que tu fais dans la vie Willow? Et... Pourquoi tu restes? » Et paff dans ta poire Willow ! Qu’est-ce que tu fais encore là ? Tu ne vois pas que tu l’emmerde le gamin ?

« Je bosse dans un collège justement… conseillère d’orientation. Certainement pourquoi je pouvais t’aider quant à la tienne tu sais, on vient d’en parler : garçon, fille… »

Elle partit à rire, mais voyant qu’il ne la suivait pas dans son éclat, il s’éteignit bien rapidement pour ne devenir d’une sorte de son plaintif accompagné d’une grimace. Putain ce qu’elle était couillonne. Toujours à côté de la plaque. Finalement, elle soupira. Avant de se lancer, non sans laisser sa voix trembler légèrement, seul signe de son émoi actuel :

« J’sais pas, on a pas trop l’occasion de parler ensemble. Tu veux que je m’en aille Flynn ? »

Cette fois, elle n’avait plus sa mine dédaigneuse, ou son sourire insolent. Elle était juste Willow, celle qui tentait de faire les choses bien, et qui avait peur de se faire rejeter par un enfant qui était le sien, et qu’elle cherchait à connaitre sans entrave. Si bien qu’elle avait l’air simplement plus sérieuse, peut-être plus craintive aussi. Mais ce qui était sûr, c’est qu’elle n’avait pas là l’attitude d’une simple tante… encore fallait-il encore la connaitre pour le deviner.