Avalon avait toujours été très sure d'elle et de ses choix. Elle n'avait jamais regretté grand chose, c'est ce qui avait fait d'elle un élément indispensable quand elle était sur le terrain au Moyen Orient. C'est ce qui avait fait d'elle la Black Mamba, la meneuse d'interrogatoire ayant le plus de résultat parce qu'elle savait ce qu'elle voulait et qu'elle était sure de ce qu'elle faisait. Personne n'ébranlait jamais vraiment sa confiance en elle. C'était sa philosophie, parce que si on laisse un doute, une faille les autres l'exploitent pour vous détruire. Pourtant Mathis faisait trop aisément vaciller cette confiance absolue. Elle qui c'était jurer de ne jamais s'attacher plus que nécessaire, elle qui avait jurer de ne laisser personne prendre l'ascendant sur elle, voilà qu'elle se retrouvait à douter d'elle même. L'avis que Mathis pouvait avoir d'elle comptait assez pour qu'elle se demande si elle était assez bien, si elle n'allait pas y perdre des plumes. Et se retrouver quasiment nue devant lui était un sacré pari et une satanée épreuve pour ses nerfs et son égo.

En levant les yeux sur lui elle crut défaillir et un tremblement la saisit de la base de la nuque jusque dans les orteils. Ils se jaugèrent un moment qui lui parut une éternité. C'était étrange de vivre une telle situation, c'était irréel, elle tremblait, peinait à respirer. Elle voulait qu'il fasse un mouvement, elle était désespérément en attente de lui, de sa réaction. Ça faisait une éternité qu'elle n'avait pas autant désiré quelqu'un, qu'elle c'était mise dans un tel état d'appréhension pour un homme. Il soutenait son regard sans ciller, elle avait du mal à savoir ce qu'il pensait, ça la rendait dingue. Et puis un soulagement intense la transperça, en même temps que la peur panique. Il ouvrit la porte de la douche. Pourquoi la peur ? Oh bon dieu parce qu'elle savait tout ce que ça impliquait et qu'elle ne savait pas dans quoi elle se lançait, mais le seul fait de se dire que c'était en compagnie de Mathis qu'elle se lançait dans cette aventure obscure suffisait à la rassurer. Elle se mordit la lèvre quand il commenta la chaleur de la douche. Bon dieu est ce qu'il s'entendait parler ? C'était tellement tendancieux.

« Méfie toi de tes paroles Mathis, elles peuvent être doublement interprétées. »

Avalon lui fit un sourire un amusé, elle avait garder sa répartie ça la rassurait. D'un mouvement rapide elle ôta ses sous vêtements et se glissa sous la douche, tentant – vainement – de ne pas regarder Mathis de la tête aux pieds. L'eau chaude détendit ses muscles tendus, elle était bouillante mais elle s'en fichait, elle avait l'habitude avec son sang surchauffé par les poisons. Il leva la main vers elle, touchant ses cheveux. Prise d'une impulsion elle embrassa légèrement sa main. Il le tourna un peu pour bidouiller les boutons de la douche dont elle n'avait que faire, laissant ses yeux dévorer les muscles de son dos et de ses épaules. Que devait – elle faire ? C'était énervant de perdre ainsi ces moyens mais c'en était étonnement grisant. Il était rare qu'elle ne sache pas quoi faire, surtout en présence d'un homme aussi dénudé. L'eau se mit à tomber véritablement sur elle ce qui finit de dénouer ses tensions nerveuses, bon l'opium devait surement jouer la dedans aussi. Mathis souffla un compliment qui aurait pu la faire rougir si sa peau n'était pas déjà rouge a cause de l'eau chaude.

Avalon aurait presque voulu que la douche soit moins grande pour être plus proche de lui. Oh et puis au final qu'est ce qu'il l'en empêchait à part sa propre retenue ? L'alchimiste s'avança d'un pas, assez proche pour que, étant un peu plus petite que lui, elle se retrouve avec sa bouche toute proche de sa gorge. Elle leva sa main tremblante et la posa sur l'épaule de Mathis, osant la descendre un peu sur son torse pour explorer ses muscles. Elle n'osait pas de contact appuyé de peur de lui faire mal, la vision de ses bleus la rappelait à l'ordre. Tournant un peu la tête alors que des gouttes d'eau envahissaient son visage elle avisa un gel douche sur le côté.

« Je me suis dit que tu aurait besoin d'un coup de main, avec ta pauvre épaule tout abîmée. »

Avalon lui fit un sourire amusé, celui qui révélait toujours sa fossette gauche.

Évidemment qu'il savait ce qu'il disait, la lueur de malice dans ses yeux en attestait, Avalon ne pu s'empêcher de sourire. Elle par contre elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait, tout se déroulait à l'instinct, elle n'avait pas envie de se brider comme elle l'avait fait tant de fois. Elle c'était bâtis une tour d'ivoire toutes ces longues années, imprenable, imperturbable, que personne n'avait jamais eu le droit de visiter. Et la dans un souffle il l'avait fait s'effondrer comme un château de cartes, comme si ces barrières n'avaient été que de la fumée qu'on écarte d'un mouvement de bras. Un frisson la saisit alors qu'il la touche doucement, qu'il soulève ses cheveux. La chair de poule se voit clairement sur sa peau, dressant la pointe de ses seins. Cette fois elle rougit clairement. C'est affolant pour Avalon de comprendre en quelques secondes à quel point le jeune homme à de l'emprise sur elle. Pourtant tout les opposent, ils ont presque dix ans d'écart, c'est un simple humains ignorants du monde magique qui l'entoure et elle une alchimiste douée de dons qu'il est incapable d'appréhender. Rien que ça, ça devrait la refroidir et pourtant elle ne peux s'empêcher de le dévorer des yeux, de le vouloir plus que n'importe quoi au monde.

Et ses doigts continuent d'explorer sa peau, allant se loger dans sa nuque, là où elle est si sensible, Avalon soupire vivement alors qu'elle a l'impression qu'elle va s'enflammer. Il lui sourit et elle à la furieuse envie de mordre ses lèvres, de les goûter. Sa deuxième main va rejoindre la première sur son torse. Il parle mais la seule chose qu'elle arrive à retenir c'est la chaleur de sa bouche qui explose sur son épaule, elle se cambre nettement quand ses lèvres viennent frôler son oreille. Il reparle de l'uniforme ce qui la fait rire aux éclats. Bon dieu personne n'arrive à la faire rire comme ça, ça faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une telle euphorie. Elle va loger sa bouche près de son oreille à son tour.

« Nous verrons cela un autre jour si tu veux bien. »

La main valide de Mathis glissa dans son dos, juste dans la cambrure de ses reins les rapprochant encore, une nouvelle fois elle soupira fortement alors que un mince espace séparaient leur peau. Elle remonta ses mains dans sa nuque, dans ses cheveux, essayant de ne pas maltraiter l'épaule abîmée du jeune homme. Cette douceur, la tension dans leur gestes, Avalon n'était pas habituée à ça. Elle était plutôt une habituée de la fougue, de la passion furieuse, encore une fois c'était grisant, ça lui donnait le tournis tant ses sensations étaient décuplées. Alors que la bouche de Mathis s'égarait de nouveau sur son épaule, elle laissa échapper un léger souffle rauque près de son oreille.

« Il y a une chose que tu dois savoir sur moi … Elle dut déglutir alors que sa bouche se faisait plus appuyée. Je ne suis pas partageuse du tout, si tu voit ce que je veux dire. »

Il fallait qu'elle le dise, il fallait qu'il sache ce qu'elle attendait de lui, de leur relation. Elle ne voulait pas mettre de mot sur ce qu'ils avaient mais elle voulait qu'ils soient sur la même longueur d'onde, enfin en tout cas elle espérait que c'était le cas. Sinon elle ne savait pas bien ce qu'elle ferait, peut être explosé de colère. Mathis remonta son visage tout près du sien, bordel qu'est ce qu'elle avait furieusement envie de l'embrasser. Elle loucha sur ses lèvres quand il lui parla. Elle rit de nouveau mais plus doucement que la précédente fois.

« Et pourquoi ce serait moi qui te savonnerais le dos et pas l'inverse? »

Elle lui rends son sourire taquin, et bon dieu qu'elle commence a avoir chaud !

C'était fou, absolument fou, de se rendre compte du pouvoir que Mathis avait sur elle. Un simple effleurement de ses lèvres ou de sa main et Avalon tremblait et soupirait. Il faisait une chaleur torride dans la douche, et pendant une seconde elle se dit que la facture d'eau allait sacrément salée mais franchement Mathis n'était pas dans le besoin. Puis bon elle s'en foutait mais comme de sa première chaussette. Avalon sent son cœur flancher quand il répond, sans aucune hésitation, qu'il est lui aussi peu partageur. Elle n'aurait pas été du tout encline à le partager avec qui que ce soit d'autre, en general elle n'était pas jalouse pour un sous, mais si elle engageait son cœur comme elle était entrain de le faire il était hors de question qu'elle le partage. Et elle pouvait être d'une violence inouïe quand on ne respectait pas cette condition. Mais apparemment ça convenait parfaitement à Mathis ce qui la soulagea d'un grand poids. De nouveau elle eut du mal à se concentrer sur ce qu'il lui disait parce que sa main n'arrêtait pas de revenir dans sa nuque ce qui faisait flamber tout les nerfs de sa peau. Encore une fois il lui tira un rire amusé, non vraiment c'était le pire menteur de la terre.

« Bonjour le menteur en carton, il va falloir t’entraîner si tu veux me berner. »

Il ricane et elle veux répliquer quelque chose mais il la coupe d'un baiser, beaucoup trop court à son goût mais assez pour qu'il lui fasse perdre tout ses moyens. Elle en voulait encore bon dieu. Il passe la main dans ses cheveux et elle s’apprêtent à l'embrasser de nouveau, avec la ferme intention de le goûter beaucoup plus longtemps que précédemment mais Mathis la coupe dans son élan. Et de la plus horrible des façons. Avalon à l'impression que chacun de ses mots plantent un pieu dans son cœur, lui arrache les entrailles. Le visage du jeune homme se durcit quand il parle de sa maladie et Avalon à envie de lui hurler dessus « Ferme là putain, dit pas des choses comme ça ! », mais elle sait qu'il fait ça pour elle. Pour ne pas qu'elle en souffre, ou qu'elle s'y prépare. Elle a sentit depuis le début que quelque chose n'est pas normal chez Mathis, le fluide qui courrait chez Mathis avait quelque chose de nocif mais elle n'avait jamais su pourquoi. Il lui plantait l'explication comme ça. Une foutue maladie. Il fit une note d'humour à la fin ce qui la fit sourire, mais tristement pas comme quelques secondes auparavant.

Sans lui laisser le choix, elle se serre contre lui, elle lui fait mal elle le sait mais elle s'en moque. Elle à besoin de le sentir contre elle, de presser son corps contre le sien, parce que la vérité est abominable et ça lui brise le cœur. Elle loge sa bouche dans son cou et le colle à lui autant qu'elle le peux. Non, il n'est pas question qu'elle baisse les bras, qu'elle laisse une foutue maladie l'arracher à elle. Avalon n'est pas celles qui fuient, elle est de celles qui se battent et qui obtiennent gain de cause. Si il faut qu'elle débusque toutes les faës, toutes les sidhs ou même ces stryges de malheur elle le fera si elle peux l'ôter des bras de la mort. Elle ne le laissera pas partir sans se battre il n'en est pas question. Elle souffle doucement par le nez.

« La mort est inévitable pour nous tous. Je te suis reconnaissante de m'avoir mise en garde mais ce n'est pas en me disant ça que tu réussira à te débarrasser de moi. »

Elle se pencha un peu en arrière, logeant ses deux mains de chaque côté du visage de Mathis, Avalon lui sourit. Du bout du pouce elle caresse sa lèvre inférieure, y essuyant les gouttes d'eau qui y perlent. Non elle ne se laissera pas faire, s'il faut qu'elle ai recours à l'alchimie sur lui ou a d'autres méthodes peu orthodoxes elle le fera si cela peut prolonger son espérance de vie. Elle penche un peu la tête sur le côté, ses cheveux sont lourds à cause de l'eau.

« Et maintenant si on profitait de ces quelques mois à venir pour se créer les meilleurs souvenirs de ta vie. »

Sans lui demander la permission elle l'embrassa vivement, se haussant sur la pointe des pieds pour le serrer encore plus contre elle si c'était possible.

Alors qu'elle se serrait contre lui Avalon se rendit compte de ce qu'il venait de lui livrer, un véritable secret intime qu'il n'avait sûrement pas confier à tout le monde. Ça avait du lui coûter de le révéler. Avalon se demanda si elle devait lui dire pour son statut d'alchimiste. Est ce qu'il serait capable d'appréhender tout ce que cela impliquait ? Était- il vraiment prêt à entendre une telle chose, est ce que Avalon était prête à être celle qui ferait voler en éclats ses certitudes et son monde ? En y réfléchissant un peu elle comprit que ce n'était pas le moment mais elle savait qu'a plus ou moins court terme elle allait devoir lui dire, elle ne pouvait pas baser leur relation sur un mensonge. L'alchimie était une part trop importante d'elle même pour ne pas lui révéler. Mais peut être pas maintenant, l'annonce de sa maladie l'avait bien assez ébranlée comme ça elle n'était pas prête pour gérer un autre drame.

Elle le regarde dans les yeux après lui avoir fait comprendre qu'elle n'allait pas l'abandonner pour une maladie. Elle allait se battre, il devait le savoir. Avalon se noya dans les yeux du jeune homme, il y avait tellement de douceur dans ses yeux, dans ses gestes que ça suffisait à la faire fondre. Et le fait qu'il lui rendre son étreinte ne fait qu'empirer la chose. Encore une fois l'idée de la fuite passa dans son esprit, mais juste une sensation fugace, du a l'habitude de fuir ses sentiments. Elle avait tout sauf envie de partir loin de lui. Cette fois c'est a son tour de le faire taire d'un long baiser passionné, ils se sont assez tournés autour à son goût. Elle a la tête qui tourne et la chaleur de la pièce ne fait que renforcer cette impression. Les mains de Mathis se font plus pressantes dans son dos et il la pousse contre le carrelage bien trop froid, elle gémit dans leur baiser Mathis n'ayant toujours pas lâcher sa bouche pour son plus grand plaisir. Au final il met fin à leur baiser la laissant essoufflée, le cœur battant. Il viens lui embrasser le front ce qui la frustre un peu mais son sourire taquin calme son énervement naissant. Elle n'arrive même pas à s'énerver contre lui c'est terrible. Elle soupire à ses paroles, posant l'arrière de son crane contre le carrelage. Le pire c'est qu'il à raison, elle fait une moue triste en le regardant par dessous ses cils. Elle laisse un doigt courir entre ses deux pectoraux.

« Tu es un peu trop raisonnable pour mon bien. Même si j'aimerais vraiment beaucoup que tu abuse de moi, et toute la journée même … Elle laissa planer un silence. Je serais une piètre infirmière si je ne prenais pas soin de toi. »

Il rapproche son visage d'Avalon et elle se fait violence pour ne pas l'embrasser de nouveau et laisser ses pulsion prendre le dessus. L'alchimiste se contenta d'embrasser le bout de son nez avec un sourire amusé.

« Je te laisse finir ta douche tranquille et je vais réparer les dégâts dans le salon. Appelle moi quand tu aura fini. »

Elle lui planta un baiser sur les lèvres avant de sortir de la douche, laissant délibérément la porte ouverte pour qu'il ai une vue indécente sur elle. Avalon piqua une serviette sur le séchoir, se retourna tout en se couvrant et lui fit un clin d’œil avant de disparaître dans la chambre. Il y faisait beaucoup plus froid, ce qui lui donna la chair de poule. Elle essora ses cheveux tout en  suivant le couloir principal et se planta en serviette au milieu du salon, avisant la tache de café et la tasse toujours au sol. Elle s'agenouilla, ramassa la tasse et trempa son doigt dedans. Réfléchissant quelques secondes à son tracé l'alchimiste se mit à tracer un cercle parsemé de lignes et de symboles complexes. Quand elle fut satisfaite de son travail elle termina complètement le cercle et laissa couler le fluide de ses mains. Lentement les taches de café se résorbèrent et en à peine une minute la tache n'était plus qu'un mauvais souvenir. Avalon du s'asseoir alors que sa tête lui tournait, elle devait être très blanche, l'alchimie lui demandait toujours beaucoup d'énergie. Elle se pris la tête entre les mains, non mais vraiment elle ne savait pas ce qu'il se passait avec Mathis mais ça la rendait perplexe et en même temps très heureuse. Sa maladie lui faisait peur mais elle ne voulais pas abandonner pour si peu, la mort pouvait être vaincue, les sidh en étaient une bonne preuve.

Avalon se relève, posa la tasse de café sur la table basse et après un léger étourdissement elle repris le chemin vers la chambre du jeune homme.

« T'es toujours en vie ou tu t'es noyé ? Lança – t – elle à la cantonade sur le pas de la chambre. »