L''heure est grave. Tu n'as plus rien stock, chose qui est assez rare avec toi puisque tu t'arranges toujours pour avoir quelques sacs suspects dans ton appartement. Cette fois-ci, puisque tu as eu une semaine de boulot chargé au point où tu ne savais plus où donner de la tête - à croire que tous les ex-taulards dont tu t'occupes des dossiers se sont passé le mot pour faire des conneries - et que tes envies de faire la fête une fois de retour à la maison ont été laissé de côté, tu n'as pas eu le réflexe de contacter ton dealer habituel. Maintenant, tu es un peu dans la merde et tu n'as pas vraiment le choix de sortir de chez toi ce soir si tu veux te réapprovisionner pour les prochaines semaines. En moins de deux, tu attrapes ton téléphone portable et tu lui envoies un sms pour savoir où il se trouve malgré que tu as une petite idée de son emplacement. Tu n'as pas besoin de patienter bien longtemps que tu as une réponse.

Un sweat-shirt gris foncé enfilé par-dessus ton haut, la capuche rabattue sur ton visage afin de masquer le mieux possible tes traits ainsi que ta longue chevelure blonde et une paire de baskets style converse au lieu d'une paire de talons hauts où tu risques de te casser la gueule si tu tentes de prendre la fuite, tu marches d'un pas décidé jusqu'au point de rencontre. Tu préfères jouer la carte de la discrétion quand tu dois aller faire tes «achats», au lieu d'attirer l'attention sur ta petite personne comme tu sais si bien le faire quand tu fais la fête. Mieux vaut rester anonyme, surtout si tu tombes sur un de tes clients. C'est toi qui est censé de donner l'exemple. Pire encore, tu renvoies de temps à autre certains de tes clients en prison lorsqu'ils ne suivent pas à la lettre leur probation comme en consommant de l'alcool ou encore de la drogue, chose que tu fais excessivement souvent. L'avantage pour toi, enfin à tes yeux ce n'est pas totalement un avantage, c'est que les effets ne durent jamais bien longtemps et ce peu importe le moment où tu consommes. Comme quoi être morte depuis un peu plus de dix ans te procure quelques avantages.

Ta petite balade en ville te semble durer une éternité. Certes, tu pourrais utiliser tes ailes, mais tu ne veux pas prendre le risque de te faire remarquer quand tu vas poser un pied à terre. Oui, tu es pressée de te réapprovisionner, mais tu n'es pas assez stupide pour te dévoiler de la sorte. Quand tu vois enfin sa silhouette au milieu de cette rue vide et à l'aspect glauque, tu attends d'être à sa hauteur avant de lui adresser un léger signe de tête en guise de bonjour, signe qu'il te rend de manière mécanique. Bien entendu, tu connais ce type depuis plusieurs années, mais comme toujours, aucun de vous deux ne prend la peine de s'étaler sur les salutations. De toute façon, vous n'êtes pas là pour devenir les meilleurs potes du monde, mais simplement pour acheter ce dont tu as besoin. Il connait ton nom, ta commande et que tu es capable de payer sans accumuler des dettes. Tu connais son nom et tu sais ce qu'il vend n'est pas un truc de mauvaise qualité. C'est tout ce que vous avez besoin de savoir.

- La même chose. Ta voix est dépourvue de chaleur et ton air beaucoup trop sérieux. Tu viens chercher ce dont tu as besoin et ensuite tu t'en vas ailleurs. Alors qu'il fouille dans ses poches pour te refiler ta commande et toi de sortir ton argent liquide du fond de tes poches, tu entends des pas s'approcher de vous deux. Au lieu de te retourner, tu portes ton attention sur le visage de ton dealer qui fixe le nouveau venu. Aucun signe de nervosité ou de panique, mieux encore, il conserve son expression blasée ce qui veut dire que c'est seulement un autre client qui vient chercher son stock. Tant mieux, tu n'auras pas besoin de disparaître dans la nature, sauf si tu te rends compte que c'est un de tes «clients». Là, tu risquerais de t'attirer quelques ennuis, quoique, des ennuis, ça peut très bien disparaître dans la nature.

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