You're the king of the swingers oh, the jungle VIP // ft. Timothy-Gontran ♥

Ooh woo-bee-doo, I wanna be like you ♪

Il pouvait le dire, Oreste se sentait chanceux. Ce n'était pas faute de repenser à tout ce qu'il avait vécu depuis Noël... sa vie n'avait jamais été autant ballottée d’événements en événements, de surprises en surprises, bonnes pour certains et carrément terribles pour d'autres... mais petit à petit, plus en forme que jamais, il reprenait les rennes de sa vie en main. C'était quelque chose qu'il n'était pas parvenu à faire depuis de nombreuses années, et ainsi savourait-il le simple fait d'être en vie.

Depuis que sa malédiction était levée, depuis que Willow avait sacrifiée sa nature d'alchimiste pour lui rendre la sienne, sa propre magie était devenue comme une sorte d'alliée retrouvée après des lustres, d'une énergie folle qu'il parvenait mal à canaliser. Ce n'était pas simple de renouer avec ses propres forces, et depuis des semaines, il s'acharnait à ne pas se laisser aller et à obtenir comme une sorte de contrôle qu'il possédait avant que la pixie ne le condamne. Il devait donc trouver un moyen de la laisser s'exprimer, peut-être en étudiant plus que d'habitude. Pour ce faire, il avait fait de son atelier magique comme une sorte de maison à l'intérieur de sa propre demeure. Il ressentait le besoin de s'exprimer en posologie, sortilèges et autres fabrication d'artefacts bien plus fortement que d'habitude.
C'était ce qu'il faisait, ce matin-là. Flynn était déjà parti et lui-même ne devait donner cours que dans quelques heures. Une journée courte donc, ce qui n'était pas plus mal, puisqu'il devait retrouver Hécate juste après. Côté cœur... il vivait un rêve, celui qui ne se réalise que dans les belles histoires à l'eau de rose, et qui pourtant s'appliquait au cas bien précis de son existence. Il l'avait retrouvée, pleinement. Il songeait même fortement à vivre de nouveau avec elle, puisque désormais, plus rien ne s'opposait à leur histoire d'amour...

Cependant, il aurait bien dû se garder de trop penser à elle ce matin-là, puisque lorsque c'était le cas, son esprit divaguait tellement qu'il ne pouvait se focaliser sur rien d'autre. Hors, il aurait mieux fait de se concentrer lorsqu'il transvasa un liquide bleuté dans son mortier plein de plantes réduites en poudre, puisqu'en lieu et place du récipient en bois, ce fût son pantalon qu'il couvrit d'extraits de bleuet féerique. Son regard effaré se tourna vers l'immense tâche qui grandissait à vue d'oeil, et finalement, un soupire passa le seuil de ses lèvres. A quoi bon être un puissant alchimiste si la maladresse restait notre plus fidèle et insupportable amie ?

« …Bieeeen... je crois qu'on va arrêter les frais pour aujourd'hui ! », déclara-t-il, riant malgré tout de la situation. Ce genre de petites bourdes lui arrivait tout le temps, après tout. Et c'était bien moins grave que de faire exploser sa maison... les murs se souvenait encore de ce triste épisode pour le moins surprenant.

Il finit par sortir de l'atelier en sous-sol, en grimpant les marches quatre à quatre avant d'aboutir sur son salon. Il émit un sourire en voyant son animal de compagnie regarder un programme à la télé, chose qu'Oreste faisait toujours pour lui comme une sorte de petit rituel : après le petit-déjeuner, il ordonnait à la télé de s'allumer sur un programme animalier quelconque, histoire d'occuper le primate et que l'alchimiste puisse vaquer à ses occupations. Qui étaient, ce matin-là, d'apparemment teindre ses vêtements en bleu.

« Gontran, hop ! Au bain ! »

Sans autre forme de procès, il prit le singe sous le bras et éteint l'écran, avant de monter dans la première salle de bain. Une fois présent, il fit couler l'eau chaude, et entreprit d'y verser des sels de bain... roses, aux vertus diverses et variées, comme la relaxation et l'élimination des puces. Car il passait rarement ses bains seuls, l'animal l'accompagnant le plus souvent dans l'eau chaude. Et cette fois-ci n'y coupa pas. Immergés tout deux dans la baignoire, les habits tâchés tournant déjà dans la machine à laver, Oreste cependant sembla s'inquiéter d'un détail. C'était dur à expliquer... mais il sentait que quelque chose n'allait pas chez son Gontran. Il n'était clairement pas dans son état habituel...

« Tout va comme tu veux, mon bonhomme ? Ta banane du matin a du mal à passer ? »

Oui oui, Oreste Deslauriers s'adressait à son chimpanzé comme au plus humain des hommes. Quel mal y avait-il à ça, hmm ?

Heureusement que non, car prendre un bain avec un gros herbivores c'est quand même moins glamour.

Dans la tête du singe, il n’y avait rien de très palpitant à lire. Simplement une envie de glander, et pourquoi pas même de se gaver encore et encore dès l’absence d’Oreste confirmée. Ce que je fis donc, parce que pour une fois j’étais d’accord avec la carpette à poils, que j’étais… Gontran, c’était moi. Le ramassis de macaque au bide un peu gras à force de grignoter sans cesse, préférant l’oisiveté et le confort d’une vie de singe domestique à l’envie parfois trop forte de céder à des crises énergiques de folies pures. Sauter, onduler, m’accrocher partout, me rouler par terre… voilà. Je n’étais pas bon à grand-chose hormis faire le ducon, comme les chimpanzés savaient bien le faire. Pourtant, j’étais très différent de ceux qui étaient considérés comme de mon espèce. Oreste n’avait peut-être pas fait attention au départ et puis ensuite, l’habitude avait pris le dessus mais mes agissements étaient toujours très… humains dans le fond.

Enfin, les premiers mois sans doute, parce que maintenant, j’étais vraiment à 200% dans le rôle de la bestiole insupportablement feignante qui pouvait taper sur vos nerfs à longueur de temps s’il voulait un biscuit à la cannelle et non à la coco. Et justement, là je voulais des chips. Celles aux oignons, qui le faisait puer de la gueule mais en même temps j’avais toujours une haleine à chier alors un peu plus ou un peu moins. Ce n’était pas très important… Je délaissais donc le documentaire pour bondir agilement de meubles en meubles, me faisant discret jusqu’à ouvrir le placard avec ma… main-pied. Et hop, retour sur canapé comme un sale ado. Sauf qu’Oreste passait son temps à croire que j’adorais les documentaires devant lequel il me collait. Mais c’était NUL ! Donc, comme chaque jour de chaque semaine depuis mon arrivée ici, je zappais sur la chaine des clips. Twerk it like Miley ! Oh trop cool ! J’adorais ce remix, et en plus dans le clip, de jolies filles dansaient. Qu’elles me manquaient les filles d’ailleurs… Un soupir parcourut le corps du singe, qui d’un seul coup, se sentit un peu moins… dans son assiette. Bah quoi ? Il se passait quoi ? C’était bien la première fois que je me sentais si mal dans sa peau de singe.

Physiquement du moins. Oula… la drôle de sensation… Je n’avais même pas de gaz, c’était étrange. Restant attentif aux insolites vibrations qui me parcouraient, j’essayais de garder mon attention sur la TV, surtout que c’était les Fifth Harmony maintenant et que je les appréciais toujours, elles aussi. Gnhéhé. Mais non, je me sentais malade et rejetais donc mon paquet de chips en poussant un cri strident. Des miettes sur le tapis, c’était ballot. Mais je savais que je ne me ferais pas gronder, et ce, même si Oreste arrivait justement.

Tout mou, je ne résistais même pas à l’enlèvement dont je fus la victime, et plongeais dans le bain avec délectation. Mais même ce moment de détente ne fit pas passer cette impression désagréable. Mes organes semblaient se tordre, mes membres se distendre et alors même que l’Alchimiste s’inquiétait justement de mon état, j’émis une sorte de hoquet… la panique commençait à m’envahir ! Face à cette douleur, alors que j’étais pris de tremblement, je me mis à hurler et me débattre comme un damné ! A croire qu’un étau me maintenait dans la baignoire, je ne parvins pas le moins du monde à en sortir… Mais c’était quoi le délire ! La tourment commençait vraiment à m’aveugler, je m’agitais dans tous les sens, hurlant toujours plus fort et faisant déborder l’eau partout sur le sol.
Et puis, après une longue minute à me débattre contre une main invisible, la douleur s’évapora d’un seul coup. Je restais alors hagard, tandis qu’une autre sensation, celle d’être bien trop à l’étroit dans cette baignoire, me saisissait… jusqu’à ce que je réalise, que j’étais effectivement plus grand. Et que j’étais à poil, et non plus à poils dans le bain avec Oreste. Nu comme un ver, le petit corps de Gontran avait laissé place à la stature plus importante de celui que j’étais avant. Timothy. Le tout, en me vautrant dans le fond de la baignoire, et en envoyant bien malgré moi un pied bien humain dans le nez bien trop protubérant d’Oreste. Puis, le m’immobilisait totalement, sur le choc de ce très inattendu retournement de situation.

- Nom d’un-e ba-ba-ba-… na-ne…

Mais c’était quoi cette embrouille de tarés encore ?

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