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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyMer 20 Jan - 23:19
Sidh



Owen Houston

I want to bathe with the fish and sun that are sinking down upon me



Nom : c'est un nom plein d'histoire qui s'est imposé à lui, un nom qui retrace des générations d'hommes et de femmes qui ont vécu et qui sont morts pour le transmettre. Il s'appelle Houston, we have a problem - et par pitié, ne la lui sortez pas, il ne regardera jamais le film à cause de ce genre de vannes qui déshonorent ses ancêtres qui l'ennuient royalement.
Prénom(s) : son premier prénom, Owen, suffit généralement à le distinguer. Il a au moins le mérite d'être un peu plus original que son second prénom, Jack, on ne peut faire plus classique que Jack.
Âge : 22
Date de naissance : 18/12/1993
Nationalité : pur produit d'Ottawa, c'est sans surprise qu'Owen est de nationalité canadienne. Non qu'il en soit fier. Une nationalité, c'est une étiquette que l'on vous colle afin de mieux pouvoir vous classer, de vous soumettre à des lois qui vous restreindront. Owen se fiche bien de savoir d'où il provient. Il est mort. Il n'appartient plus tout à fait à cette société humaine à laquelle il désire nuire.
Origine(s) : Owen est sans doute de ces descendants de famille ayant colonisé le Canada et fait de cette terre le pays qu'elle est aujourd'hui. Il semble également qu'une partie de ses ancêtres soient originaires d'Écosse. Cela ne change cela dit strictement rien à ce que lui est.

Âge d'apparence : 21
Date de la mort : 30/03/2015
Sous-espèce : Ombre

Métier (études) : Owen n'a pas fait d'études. Il en aurait eu les capacités intellectuelles, pourtant, il a trop tôt abandonné cette possibilité. Owen a toujours eu une manière de penser libre, trop peu conventionnelle pour pouvoir s'épanouir sur le plan professionnel. Alors maintenant, son seul métier est sa guitare. Owen se produit dans la rue, se posant dans un endroit fréquenté, un chapeau devant, créant quelque mélodie de ses doigts entraînés. C'est sans doute le seul moment où Owen parvient à trouver la paix, où il ne se montre pas hostile même envers les pires âmes. C'est là, selon lui, son véritable métier. Parfois, il prend un petit boulot quelques temps, pour compléter ses revenus, mais cela le lasse vite, et il finit par abandonner.
Niveau social : on le dirait sans doute pauvre, ou du moins dans une situation précaire. Owen dit qu'il a assez d'argent pour subvenir à ses besoins.
Statut marital : l'amour n'est plus vraiment une priorité pour une ombre qui n'a pas été capable de comprendre toute l'étendue de ce sentiment quand celui-ci a frappé à sa porte. Célibataire, Owen ne recherche personne et se satisfait dans ce statut.
Orientation sexuelle : il aurait sans doute aimé pouvoir dire qu'il est ouvert à tout et s'intéresse à tout le monde, mais ce serait mentir. Parmi toutes les tactiques de manipulation dont il a pu se servir au cours de son existence, la séduction véritable - et non un flirt léger et titillant le désir sans rien promettre - n'a jamais été réservée qu'à des hommes. A vous d'en tirer le constat qui s'impose.

Avatar: Evan Peters
Crédits: Nenes
Personnage: Scénario

Petites curiosités

Famille et proches - Sa famille ? Quelle famille ? Vous voulez parler du père qui l'a carrément foutu à la porte le jour où Owen lui a dit que non, il ne comptait pas suivre la voie traditionnelle des études et aspirait à construire son propre chemin de ses propres mains ? Ce père qui buvait trop et qui n'arrêtait pas de clamer que, du moment que sa mère s'était mariée avec lui, il pouvait faire tout ce qu'il voulait avec elle, ce n'était pas du viol ? Cet homme qui se croyait intelligent parce qu'il occupait un poste à responsabilité qui rapportait un gros salaire ? Non, cet homme n'est rien pour lui. Sa mère ? une femme qui n'a pas eu de chance et qui a fini en dépression - rien d'étonnant, quand on voit le genre d'homme qu'elle a épousé. Oh, et puis il y a le petit frère, beaucoup moins malin que lui, mais tellement plus sage, n'osant jamais sortir des sentiers battus et obéissant au moindre ordre avec une touchante innocence ? ce petit frère qui paraissait si gentil, si doux, mais qui était en vérité une pourriture de première ordre attendant simplement son heure - même s'il n'y avait qu'Owen pour le voir. Non, Owen n'a pas de famille et aimerait bien ne jamais en avoir eu une. Comme il regrette de ne pas être devenu orphelin très jeune, cela n'aurait pas changé grand-chose à son parcours.

Circonstance de la mort - C'était une soirée de pluie, à la fin du mois de mars. La solitude lui pesait, et comme toujours, il la noyait dans l'alcool ; c'était sa seule solution, le seul moyen qu'il avait trouvé pour recouvrir pendant quelques temps la tranquillité de l'esprit. Peut-être avait-il bu un peu plus que d'habitude ce soir-là ; comment savoir, alors qu'il ne se souvient même plus de ce qui s'est passé ? A-t-il seulement payé sa consommation, ou est-ce cette fille qui l'a fait pour lui, elle et son rire ensorcelant ? Peu importe. Il l'a suivie parce qu'elle ne lui rappelait pas Sloan, parce qu'avec dix verres dans le nez il le voyait en chaque homme et qu'elle n'était pas un homme ; parce qu'ivre mort, il était devenu désespérément amoureux. Il ne sait pas quand elle est apparue ; on l'a fait sortir et elle était là, et Owen a tendance à croire qu'elle était toujours à ses côtés, mais il ne se rappelle pas d'elle à ses côtés. Tout cela est trop embrouillé, l'alcool n'aide guère. Et puis, Owen traverse la route sans se rendre compte que la lumière qui l'éclaire est celle des phares d'une voiture qui roule trop vite, beaucoup trop vite pour réussir à freiner à temps. Owen vole dans les airs. Et décède d'une hémorragie.

Alignement moral - Owen était un voyou de son vivant, dont le principal passe-temps était très certainement de mener en bateau les autres et qui n'était nullement dérangé par les conséquences de ses actions. Une mort violente trop jeune, ce n'est qu'une goutte qui fait déborder le vase. Protéger les innocents ? Et puis quoi encore ! Personne ne l'a protégé quand il en avait besoin, il s'est protégé lui-même tant qu'il l'a pu. Pourquoi ne l'a-t-on pas sauvé de la mort s'il y a des gens qui veillent sur les humains ? Owen ne comprend pas, et sous le coup de la colère, s'est plutôt tourné du côté des Ombres. C'était assez naturel de sa part d'ailleurs, Owen n'aurait jamais fait une bonne Banshee, et son caractère n'a d'ailleurs pas tant changé depuis qu'il est mort - il est juste un peu plus mauvais qu'avant, mais rien d'exceptionnel.

Points faibles - Comme toutes les Ombres, Owen ne résiste donc pas ou peu à la lumière et au feu. Ce sont des faiblesses qui n'ont cependant rien à voir avec sa façon d'être, mais il en a également d'autres. Owen est trop confiant en lui. Beaucoup trop. Il a tendance à oublier qu'il est faillible et que lui aussi peut commettre des erreurs. Par conséquent, si vous voyez clair dans son jeu, c'est vous qui avez gagné, car il sous-estime facilement les autres et a du mal à concevoir que l'on puisse le battre sur son propre terrain. Sa guitare est une autre faiblesse : si Owen vous embête, mettez la main sur elle et vous parviendrez à le calmer. Faîte attention en revanche : une fois qu'il aura récupéré son bien, le sidh risque d'être ingérable. Plus généralement, il déteste que l'on doute de lui et se vexe aisément si on lui fait comprendre que l'on refuse de lui faire confiance. Et un Owen vexé est beaucoup plus vulnérable qu'un Owen en pleine mesure de ses moyens.



 
Caractère



 


Owen est mauvais. Il est mauvais depuis le jour de sa naissance, comme si une méchante fée s'était penchée sur son berceau et a décidé de devenir sa marraine. Cela n'a rien à voir avec le fait qu'il soit Ombre. Avant le trépas, il était déjà malhonnête, insensible à la douleur qu'il pouvait provoquer, ne pensant qu'aux avantages qu'il pouvait tirer de ses actions. Il ne réfléchissait pas en termes de morale mais de nécessité. Si, pour cela, il devait nuire aux autres, cela ne l'empêchait pas de dormir. Cela ne fait pas de lui un monstre - il était humain. Il l'est beaucoup moins maintenant. Son esprit est obsédé par l'idée de la vengeance. Owen est désormais mauvais dans le sens où il œuvre dans ce que nous appelons avec tendresse le côté obscur de la force - symbole d'une conception manichéenne du monde où Owen est le méchant de l'histoire. Owen est dénué de compassion, et s'il est désormais beaucoup plus solitaire qu'il a plus l'être autrefois, il est de ceux pour qui l'adage « œil pour œil, dent pour dent » est une philosophie de vie. Owen rend au centuple ce qu'on lui fait. Avec lui, nulle concession n'est possible : il n'a peur de rien, et certainement pas de vous faire du mal.

Owen, c'est un électron libre. Le genre de personne qui ne supporte pas que l'on lui dise quoi faire, et qui méprise ceux qui choisissent de faire comme tout le monde par simplicité. Il déteste les moutons, ces gens qui s'arrangent avec ce que la société leur impose au lieu de faire leurs propres choix. C'est peut-être aussi pour cela qu'il est parfois difficile de se méfier de lui. Ce n'est pas uniquement dû au fait que son visage est innocent, et qu'il sait jouer à l'idiot quand ça l'arrange pour acquérir votre confiance. C'est que sa façon de pensée n'est pas forcément conventionnelle. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, vous demandera-t-il. C'est aussi ce qui en fait un bon manipulateur. Owen est joueur, et malheureusement, il ne semble jamais aussi à l'aise que quand il domine son interlocuteur. Le simple fait de conserver une information même banale lui confère un sentiment de puissance incroyable. Owen a toujours vécu pour se sentir le plus fort ; c'est si grisant qu'il ne saurait supporter que quelque chose ne se déroule pas selon ses prévisions. Comme, par exemple, un regard qui se pose sur lui et démasque l'observateur qui ne fait rien pour aider un ami dans le besoin. Non, Owen n'est pas charitable et n'aime pas donner un coup de pouce, même quand cela ne lui coûterait rien. Mais il regrette ensuite. Le problème d'Owen, c'est qu'il n'est pas forcément conscient de ce qu'il désire vraiment. Il se trompe, et passe le reste de son temps à lutter contre la tristesse et la culpabilité.

Déterminé, dynamique, Owen est toujours volontaire quand il doit faire quelque chose. Il croit que la nécessité fait loi, et ne connaît par la paresse en de pareilles circonstances. Ceux qui ont réussi à s'attacher sa loyauté ont pu constater qu'il fait un très bon subordonné, car lorsqu'il s'attache à quelqu'un, c'est pour l'éternité. Owen a toujours eu un peu peur de cette partie de lui beaucoup trop sensible à son goût, parce qu'il ne peut pas contrôler ses sentiments. Il ferait tout pour les gens qu'il aime vraiment, il ne supporte pas qu'on puisse leur faire du mal ou parler mal d'elles ; et il ne se comprend pas lui-même. Pourquoi s'attacher à quelqu'un, si c'est pour souffrir d'un boulet à la cheville ? C'est absurde, totalement contradictoire avec l'homme qu'il est autrement, mais Owen a fini par l'accepter. Il considère cela comme une faiblesse ; et le fait d'être devenu une Ombre n'a fait que renforcer cet attachement au delà des limites du raisonnable. Il n'y peut rien, Owen. Tout ce qu'il peut faire, c'est de mettre son intelligence retorse à leur service, et espérer que ça se passera bien. Prier pour qu'ils ne connaissent pas la même fin que lui.


 
© fiche par Ell, optimisée par Superno√A pour ASN

 

 
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyMer 20 Jan - 23:20




Histoire

Adieu to the fuckers that think that it's funny


Les dîners de famille, chez les Houston, se passaient toujours dans le silence. Monsieur disait que le bruit lui donnait la migraine et tout le monde, à table, savait parfaitement que ce qu'il considérait comme du bruit pouvait être le simple son d'une cuillère posée un peu trop brusquement sur la table. Et personne n'osait rien dire, car c'était lui qui assumait la subsistance du foyer.
Il y avait quelque temps de cela, Owen avait entendu une discussion entre son père et sa mère. Cette dernière avait essayé de lui faire comprendre que les règles qu'il imposait à sa famille étaient beaucoup trop dures, qu'ils ne pouvaient pas les accepter car, forcément, à un moment donné, ils seraient forcés de les enfreindre. Le père était entré dans une colère noire, l'avait frappée avant de lui dire que si elle se permettait encore la moindre remarque, il quittait la maison, et elle devrait se débrouiller seule avec deux enfants en bas âge. Elle avait pleuré.
Owen avait compris à ce moment-là pourquoi sa mère restait avec un individu aussi hautain.
Madame restait donc totalement silencieuse, le dos raide et les yeux toujours fixés sur son assiette. Parce qu'elle ne gagnait pas autant que lui, elle n'avait pas le droit à la parole et n'osait pas le contredire. Elle suintait le malheur, mais Owen ne savait pas faire comment la réconforter. Quant à son cadet, il arborait une expression neutre tandis qu'il essayait de piquer doucement un morceau de viande qu'on lui avait coupé au préalable, étant encore trop petit pour se servir d'un couteau. Neutre, mais pas malheureuse. Owen ne se souvenait pas l'avoir déjà vu triste. Même quand leurs parents le grondaient, il prenait un air contrit et promettait de faire plus d'efforts. Son grand frère s'était toujours demandé d'où il tirait cette force.
Quant à lui, il préférait ne pas savoir quel air il pouvait avoir lors de ces dîners. Il respectait les règles parce qu'il ne voulait pas déplaire à sa mère, mais sans doute devait-il lui ressembler. Alors que son cadet avait hérité des cheveux sombres et des traits durs de son père, Owen était le portrait craché de sa mère. Des cheveux d'un blond pur et clair, qui s'assombriraient sans doute un peu avec le temps, et qui avaient tendance à onduler lorsqu'ils commençaient à devenir trop longs, et une bouille adorable, angélique, qui donnait envie aux autres mères de venir lui pincer les joues tant il était mignon. Était-ce à dire qu'il hériterait de son caractère effacé et se laisserait marcher sur les pieds comme elle le faisait ? Owen espérait que non, et pas uniquement parce qu'il était un garçon. Il ne comprenait pas comment une femme pouvait se laisser faire ainsi par son époux. Il était trop jeune pour comprendre, mais il avait déjà conscience qu'il y avait un problème - que sa famille était un stéréotype du patriarcat agressif.
Il en avait de ce silence. Il désirait parler, raconter ce qu'il avait fait de son temps ; il paraît que c'est ce que font les familles normales quand elles se réunissent autour d'un repas. Ce cocon formé autour d'eux ne leur permettait pas de créer de véritables liens. Il détestait son père comme un oppresseur, il était assez indifférent avec sa mère même s'il avait conscience qu'il devait la supportait, et il ne savait pas quoi penser de son frère. Ce n'était pas là qu'il pourrait trouver de l'amour.
Le foyer Houston n'avait rien à offrir à ses habitants.
Son père ne se cachait pas. C'était sa maison, disait-il, il n'avait pas à se cacher sous son propre toit - il n'avait pas à avoir honte de ce qu'il faisait.
Il n'avait pas besoin de raison. Seuls les faibles avancent la nécessité d'une raison pour justifier la force, mais c'est uniquement pour s'en protéger. Ici, c'était lui qui faisait la loi. L'état ne pouvait pas intervenir sur son territoire ; et même s'il le pouvait, il aurait d'autres choses à faire en priorité.
Et Owen ne protestait pas. La façon dont il traitait sa mère, après tout, ne le regardait pas. Cela aurait pu être pire. Il aurait pu abattre ses poings sur lui, après tout.

« Et vous faîtes quoi de votre temps libre ? »
La question pouvait paraître banale au vu de son destinataire - et effectivement, le voyou éclata de rire face à la naïveté du gamin. Bah, il n'avait que quatorze ans, c'était normal de ne pas tout savoir de la vie, n'est-ce-pas ? Il n'avait pas l'air heureux, mais curieusement innocent, ce petit blondinet qui les suivait sans trop savoir ce qu'ils faisaient. Même sa rancune avait quelque chose d'incroyablement candide. Il était habité par une colère totalement infantile - le genre d'ire qui vous pousse à piquer des crises pour que l'on satisfasse vos caprices et qui cherche à savoir jusqu'où on peut aller avant que vous ne lâchiez prise. C'était cette colère, cependant, qui attirait l'attention du garçon plus âgé : cette colère pouvait être utilisée à bon escient. Owen en voulait à tout le monde. A tous les professeurs qu'il pouvait avoir et qui ne cessaient de lui reprocher son esprit trop libre, manquant de rigueur, et qui considérait que ses bavardages incessants étaient incompatibles avec le bon fonctionnement de leur classe. A tous les bons élèves qui le regardaient avec mépris parce qu'il faisait partie des cancres de la classe alors qu'il savait pertinemment que son intelligence valait largement la leur. Et puis, à son père - mais c'était une autre histoire.
Owen était en colère contre le système, tout simplement.
« Bah... on prend ce qui nous plaît. Et on s'amuse. C'est tout. » : répondit le jeune homme en essayant de se donner un genre - et ça marchait, Owen était captivé. « Tu veux essayer ?
- Essayer quoi ? »
Owen était peut-être naïf, mais il n'était certainement pas bête. Il n'était pas le genre à donner sa parole sans être certain de ce qu'il promettait. Et en l'occurrence, pour ne pas se faire avoir par plus malin que lui.
Le plus âgé désigna une vieille femme qui se promenait un peu plus loin, s'appuyant sur une canne pour faciliter ses pas. Légèrement voûtée, les cheveux gris, elle accusait son sage mais son visage avait quelque chose de perturbant - comme si elle était en paix, malgré tout. Ce n'était pas une image qu'Owen avait l'habitude d'associer avec la vieillesse. Pour lui, tout adulte était tourmenté, et par conséquent, ne trouvait rien de mieux à faire que de reporter ses problèmes sur les autres.
La femme, heureuse, portait négligemment un sac sur l'épaule.
« Tu la vois, la meuf ? C'est une cible facile. Tu vas, tu lui arraches son sac sans te faire attraper, et tu reviens vers moi quand la voie est libre. Compris, gamin ? »
Owen acquiesça simplement, ne semblant pas perturbé par l'idée. Au contraire, pourquoi s'en inquiéter ? Cela valait mieux que les problèmes que lui posaient ses professeurs, en classe. Il se leva donc tranquillement, commença à marcher l'air de rien vers la grand-mère puis, arrivé à sa hauteur, agrippa de toutes ses forces la bretelle du sac - si fort qu'il se demande s'il ne lui avait pas cassé le bras par son mouvement. Il ne s'arrêta pas quand elle lui hurla dessus. Owen était insensible aux hurlements des autres. Ceux de son père, ceux de sa mère, voilà qui lui suffisait amplement.
Alors qu'il courait se mettre à l'abri, Owen comprit qu'il y avait quelque chose de vrai à ne pas respecter bêtement les règles qu'on lui imposait. Ce sentiment d'excitation était nouveau, et diablement opportun. C'était quelque chose dont il avait besoin ; comme si, après des années à ne respirer qu'avec difficultés, il prenait une grande bouffée d'air et se rendait compte qu'il était au bord de l'asphyxie. Les battements effrenés de son cœur résonnaient comme une douce mélodie à ses oreilles. C'était un rythme enivrant, une sorcellerie qui le captura, et le fit basculer de l'autre côté. Ce fut sans doute à ce moment-là qu'Owen comprit à quel point l'institution éducative était une catastrophe pour les jeunes comme lui. Qu'elle détruisait les rêves de ceux qui ne désiraient pas un avenir tout tracé, droit, aseptisé.
Quand il revint vers le plus âgé, la lueur admirative de son regard ne lui échappa pas. Owen savait qu'il ne s'était pas attendu à ce que les choses se déroulassent aussi facilement. Les gamins posaient toujours problème. Mais Owen n'était pas comme eux.
« C'est cool, ce que vous faîtes. » : finit par conclure Owen avec un sourire.

« Est-ce que tu peux répéter ce que tu viens de dire ?
- J'arrête l'école.
- Owen, tu n'as que seize ans, et tu es intelligent. C'est une énorme bêtise, arrête tes conneries.
- Je fais ce que je veux. C'est ma vie, après tout.
- Ouais, eh bah, si tu veux pas étudier, gamin, j'ai aucune raison de te nourrir. Fous le camp. Ne remets jamais les pieds ici. »

En y repensant, Owen se disait qu'il avait bien eu de la chance de ne pas s'être pris un coup. Il avait souvent vu son père dans une colère noire, mais ne l'avait jamais vu se retenir. Il ne se considérait pas pour autant comme privilégié ; en toute honnêteté, il ne pensait pas qu'être viré de chez lui à seize ans fût une chance. Bah, il n'était pas malheureux non plus. Son chef était peut-être assez dur et ne prenait jamais de gants, mais cela n'ennuyait pas Owen. Par rapport à son père, il était sans doute un type bien ; il était possible de bien s'entendre avec lui, du moment que l'on respectait son autorité. C'était ce que faisait Owen. Le jeune homme ne vivait pas dans le luxe, mais il acceptait de partager sa piaule en échange d'un loyer. C'était plus que suffisant. L'entente entre les deux était cordiale, voire chaleureuse. Dans le fond, Owen s'y sentait bien plus chez lui que dans son précédent foyer.
C'était juste que...
Il avait aussi trouvé sa place au sein du gang. Il approchait de ses dix-sept ans, lentement mais sûrement, ce qui faisait de lui un bon élément. Owen travaillait bien, suivait les ordres sans protester - parce qu'il avait choisi cette autorité, et reconnaissait qu'elle ne s'appuyait pas uniquement sur une prétendue légitimité étatique. De toute façon, le trafic de drogues, ça lui rapportait aussi, alors il n'avait pas de raison de se plaindre. Entre l'argent et le goût du risque, tout conduisait Owen à apprécier ce qu'il faisait.
« Donc, si j'ai bien compris, tu veux que je rencontre ce dénommé Sloan et que je lui propose de nous rejoindre ? »
Perdu dans ses pensées, Owen mit quelques secondes avant de comprendre que le chef de la bande lui parlait. Le soir était déjà tombé, Owen était rentré un peu tard parce qu'il avait passé du temps avec le gamin. Quatorze ans, c'était l'âge qu'il avait lui-même lorsqu'il avait sombré dans la délinquance. Le petit lui paraissait prometteur. Owen ne regardait pas trop les plus jeunes que lui - bien qu'il se doutât que son attirance allait plutôt vers les garçons - et ne pensait pas que cela irait plus loin ; en quoi il se trompait. Plus tard, il en viendrait à considérer Sloan comme un excellent ami, peut-être même encore meilleur que son propre chef. Pour le moment, il voyait surtout les bénéfices de son intégration au gang, et c'était ce qu'il expliquait à son propriétaire.
« Il pourrait vraiment nous aider, promit Owen, et le chef put lire l'éclat de la certitude dans son regard.
- Soit. Appelle-le et conviens d'un créneau pour un rendez-vous. J'en jugerai par moi-même. »
Owen sourit. Il savait très bien qu'il allait dire oui, de toute façon. C'était certain. Owen avait fini par remarquer qu'il était effroyablement bon quand il s'agissait de convaincre les gens de ce qu'il voulait. Ses dons de manipulateur lui seraient très certainement assez utiles par la suite.

Owen n'aurait pas dû être au courant de l'affaire.
Mais bien sûr, c'est d'Owen dont on parle ; quand il veut savoir quelque chose, il trouve toujours le moyen de s'informer. En particulier pour tout ce qui touche un certain Sloan ; Owen ne savait pas trop jusqu'où allait son affection, et s'il ne s'intéressait pas un peu trop à lui, mais il ne s'interrogeait pas vraiment là-dessus, estimant plutôt que, l'ayant fait recruter, il était normal qu'il le surveille un peu. Voilà pourquoi, alors que le groupe de musique qu'il avait rejoint quelques temps auparavant et dans lequel il jouait de la guitare prévoyait de faire une nouvelle prestation dans la rue, Owen déclina poliment l'invitation pour aller discrètement surveiller Sloan. Discrètement, c'était le mot ; le jeune homme commençait à avoir l'habitude des filatures, et le cadet ne s'aperçut probablement de rien.
Une légère angoisse lui nouait le ventre, comme à chaque fois que Sloan prenait des risques. Mais il choisit d'ignorer la sensation, comme à chaque fois. Se persuadant que ce n'était qu'un signe d'excitation ; qu'il ne s'inquiétait pas réellement pour lui. Le gamin était doué, il y avait donc peu de chances qu'il lui arrivât quelque chose. Il était plus fort que cela, tout de même. Alors qu'il le suivait de loin, Owen laissa son regard dériver dans le dos de Sloan. Il aimait la façon dont ses cheveux sombre formaient des boucles rebelles ; une fois, il avait eu l'occasion d'y glisser les doigts. Il ne se souvenait plus du pourquoi, mais le souvenir lui faisait chaud au cœur. Sloan n'était pas à lui ; il ne lui appartenait pas. Mais il y avait des moments où Owen se rendait compte de la profondeur de son affection pour lui. Même si, à bien y réfléchir, s'il avait touché aux cheveux de Sloan, ça devait très certainement être une façon de l'embêter. (Mais il y avait plus que cela, comme toujours entre eux deux.)
Toute à sa concentration, il eut un temps d'arrêt lorsqu'il vit la police se précipiter vers Sloan. Bien sûr, Owen savait parfaitement ce que cela voulait dire. Tout le monde, dans leur bande, le savait. Les flics, c'était la fin. Une fois qu'ils vous mettaient le grappin dessus, vous ne pouviez plus rien faire. Mais ce ne fut pas cette certitude qu'il ne pouvait pas le sauver qui poussa Owen à se plaquer contre le mur qui le protéger des regards de la police. Non. Ce fut une simple peur primaire, la peur de se faire avoir à son tour, la peur de finir en prison. Même si un sourire s'esquissa sur ses lèvres en songeant à quel point il touchait du doigt le véritable danger. Même s'il était heureux d'être encore libre et innocent. Il ne pensa pas à Sloan, pour le coup. Il ne pensa qu'à lui-même, qu'à la façon dont il pourrait s'en sortir, en se félicitant de ne pas avoir été repéré.
Au bout d'un moment, Owen passa la tête de l'autre côté du mur, afin de voir s'il était possible pour lui de s'éclipser discrètement. Personne ne regardait dans sa direction, le moment lui paraissait opportun ; une arrestation, ça attirait forcément tous les regards. Tous, sauf celui du principal intéressé. La colère qu'il lut dans les iris du garçon glaça son sang. Et Owen comprit ce qu'il avait vraiment fait.
Il avait laissé tomber Sloan.
Et celui-ci ne lui pardonnerait probablement jamais.

Le passant secoua négativement la tête, et Owen le laissa repartir, essayant de taire sa déception. Curieusement, il aurait pensé qu'au bout du millième refus (ou alors il n'en était pas loin), cette dernière saurait s'apaiser. Il n'en était rien. La douleur était toujours la même qu'au premier jour. Et Owen avait envie de rire de sa stupidité. Pourquoi donc prenait-il tant au sérieux cette recherche de Sloan ? Ce n'était pas si grave, après tout, ce n'était pas de sa faute si Sloan avait disparu, pas de sa faute s'il avait échoué dans sa mission, n'est-ce-pas ? Il n'arrivait pas à s'en convaincre ; tout lui criait que c'était bien de sa faute à lui, qu'il aurait dû faire quelque chose. Qu'il n'aurait pas dû se laisser paralyser par la peur.
C'était affreux de voir comme il lui manquait. Sloan avait fini par faire partie des acquis de son existence. Quelqu'un qui serait toujours à ses côtés, quoiqu'il arrive. Quelqu'un avec qui rire et pleurer, quelqu'un qui l'abandonnerait jamais. Et voilà qu'il n'était plus là, parce qu'Owen n'avait pas voulu se battre pour lui. Parce qu'Owen avait préféré faire passer sa propre personne avant la sienne. S'il avait su à quel point il en souffrirait, comprenant alors qu'il tenait beaucoup trop à Sloan, il aurait tout fait pour le sauver, quitte à se perdre avec lui.
Au moins, il aurait été avec lui.

A présent, il était seul.
Plus seul qu'il ne l'avait été depuis ses quatorze ans. Plus de trois années s'étaient écoulées déjà, et Owen n'avait jamais connu un tel désœuvrement. Autrefois, il avait sa famille. Puis, quand il n'avait plus de toit à se mettre sur la tête, le chef de sa bande lui avait tendu la main. Désormais, il n'avait plus que deux choses : sa guitare et sa douleur. Tant mentale que physique - le visage d'Owen n'était pas beau à voir, suite à la dérouillée que celui-ci s'était pris lorsqu'il avait annoncé son départ. Il n'oublierait jamais le mépris du jeune homme, qui lui reprochait d'être un amoureux transi. La pique avait surtout pour but de le ridiculiser, mais oh, c'était sans doute un peu vrai. C'était cet aspect de la question qui effrayait le plus Owen. Amoureux ? était-il vraiment amoureux de Sloan ? Non, certainement pas. L'amour, ce n'était pas cela ; c'était un sentiment transcendant, dont on avait conscience dès le départ, et non lorsqu'on venait de perdre l'être adoré. Owen était sans doute bien plus un grand frère incapable de supporter de n'avoir pas joué son rôle.
L'hôtel dans lequel il avait choisi de loger était dans un état déplorable, et probablement insalubre. Mais le prix d'une chambre était le plus bas qu'Owen avait pu trouver, et il préférait cela plutôt que de dormir à la rue. Il pourrait probablement gagner sa subsistance en jouant de la guitare, à nouveau ; cela ne lui rapporterait cela dit pas beaucoup, juste assez de quoi vivre au jour le jour. Se trouver un véritable emploi ne lui convenait guère ; il n'aimait pas les limites que se fixait la société afin de vivre sans inquiétude. Owen estimait que de toute façon, il n'avait pas le droit à une telle protection. Non parce qu'il avait été un délinquant - mais parce qu'il avait été lâche.
Parce qu'il gagnait toujours un peu plus que ce qui lui était nécessaire pour se payer le logement du soir, le couvert et le blanchissement, Owen aurait pu économiser. Il ne le fit pas, estimant que c'était une perte de temps inutile - et il engloutissait son temps et son argent dans l'alcool. Il ne restait jamais au même endroit, de sorte qu'il devait également prendre en compte d'éventuels frais de transports - il se déplaçait à pied dès que c'était possible, mais parfois le soir commençait à tomber et il avait besoin de se payer un ticket de bus pour ne pas avoir à dormir à la belle étoile, une infamie qu'il se refusait encore. Même déchu, Owen continuait d'avoir quelques exigences. Il ne renonçait que partiellement au confort, s'efforçant de trouver la rédemption dans cette vie de bohême.
Il n'avait simplement pas prévu qu'il allait mourir entretemps.

Veiller sur des humains ?
Absolument impossible.
Pas avec toute cette rancune qui le rongeait de l'intérieur depuis tant d'années.
Pas avec toute cette haine qu'il en était venu à accumuler pour la race humaine.
Pas avec la certitude que l'être humain est fondamentalement mauvais.
Comme lui-même l'avait été en ne sauvant pas Sloan.
L'égoïsme des vivants ne parvenait qu'à l'emplir d'amertume.
Il y avait tant de gens contre qui il nourissait quelque grief - des gens réels, comme cette fille qui l'avait tué sans qu'il ne sût pourquoi ; des gens stéréotypés, comme l'ensemble du corps professoral.
Non, il ne pouvait rien pour eux.
Il n'aspirait qu'à leur malheur.
Désirait les entraîner dans sa spirale.
Devenir Ombre était d'une logique implacable pour Owen.
Bien sûr, c'était aussi une façon de remettre en cause ses propres choix. Son existence lui paraissait si terme, si pathétique qu'il ne pouvait le supporter. Que n'aurait-il donné pour la réécrire. Pour se rendre plus fort, plus combattif. Pour ne pas perdre ce qui était important à ses yeux.
La guitare toujours en main, Owen prit le chemin de la vengeance sans une seule seconde d'hésitation.
Il lui semblait que tout, au fond de lui, était noirci, pourri.
Il n'aurait jamais pu prendre une autre décision.


K. alias Arsinoé
Alors je crois avoir trouvé le forum sur un topsite. Je suis perturbé parce qu'il y a un effet sur la balise em et que je l'utilise tout le temps. J'ai trop de personnages, mais je ne pouvais pas passer à côté d'Owen. Je n'aime pas parler de moi par timidité et peur de paraître trop bizarre. Je vis dans une autre temporalité, selon les dires des gens, mon temps ne s'écoule pas de la même façon que les autres. Et j'aime quand il fait froid.




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Dernière édition par Owen Houston le Mer 17 Fév - 14:47, édité 2 fois
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyMer 20 Jan - 23:43
Le petit spectre qui a trahi mon gamin ! :3 J't'ai à l'oeil toué ! :maurice: (Oui pour info mon DC c'est Selen, le papa spirituel de Sloan... alors gaffe à tes miches ! :lol:)

Super choix de scénario quand même mon gaillard, bonne chance pour le reste de ta fiche déjà bien entamée ! :mdr: Si tu as une question, n'hésite pas à venir harceler le staff ! :lick:
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyJeu 21 Jan - 0:33
Bienvenuuuue avec ce scénario. Tu vas faire un heureux ! :asn:
Bon courage pour l'écriture de l'histoire loulou. :asn:
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyJeu 21 Jan - 0:57
HAAAAAAAAAAAA BIENVENUE BIENVENUE ! :love:
C'est beau de voir que ce scenar' est prit, il est vraiment génial, et Sloan est une crème ! (aa)

Si tu as des questions, surtout hésite pas ! :boom:
Et courage pour ta fiche !
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyJeu 21 Jan - 11:37
Bienvenue parmi nous et bon courage pour ta fiche ! :lick:
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyJeu 21 Jan - 12:14
Bienvenue, bienvenue (pour la énième fois) ! :love:
(Finalement, j'ai mouru, pardonne-moi, je ne le referai plus. :plz: )

J'aime trop le début de ta fiche, c'est perfect ! :exit: L'interprétation que tu fais du personnage est top ! J'ai trop hâte de lire la suite mon chou. :brille: En tout cas, bonne chance, et -parce que je crois que je ne te l'ai pas encore dit-... BIENVENUE PARMI NOUS !! :asn:

Pis, Willow, arrête, j'vais rougir. (aa)
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I want to cut through my skin and pull you within ; owen. EmptyJeu 21 Jan - 12:35
Bienvenue parmi nous cher petit Sidh ! :D

Bon courage pour ta fichette :asn: :lick:
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