« Mais monsieur l'agent, on a rien fait de mal ! Personne est mort j'vous signale … Puis vu les vieux croûtons qu'c'étaient, ça n'aurait pas été très grave si? Vous auriez eu moins d'impôt à payer ! Une petite partie de paintball en maison de retraite … Tout le monde fait ça non ? Non ? Sérieusement ? Les gens doivent vraiment se faire chier dans leur vie. Si j'étais seul ? Non, mais je ne balance pas les petits copains, j'suis pas un collabo moi ! Puis t'es un peu con mon gars … Quel serait l’intérêt si je n'avais eu pas d'adversaire ? Comment ça outrage à un agent ? J'ai dit con ? Moi ? Noon je n'aurais jamais osé voyons … Hey Ducon, on se calme, y'a juste eu un papy à moitié crevé qui a été touché ! Et une infirmière, mais ça c'était volontaire, vu le boule qu'elle avait c'était vraiment trop tentant. Une cible parfaite, vous auriez fait la même chose à ma place. Non ? Ben faudrait peut-être penser à retirer la matraque que vous avez dans l'cul mon pote. C'est juste un conseil, pas une provocation ! Vous êtes bien susceptible mÔssieur le poulet. Bon ça va faire quarante-huit heures que j'suis bloqué ici et c'est pas que je l'aime pas le p'tit José mais il n'arrête pas de péter. J'vous dis pas l'odeur là dedans ! Vous l'avez ramassé où celui-là ? Par terre dans la rue … Je vois, c'est Joe L'clodo quoi ! Comment ça je risque la prison ? J'pense pas non, j'ai de quoi racheter votre commissariat, le tribunal et votre femme en sus. Oui j'ai dis sus. Coïncidence ? Je ne pense pas.  De toute façon, ma femme va pas tarder à venir payer ma libération et si vous êtes sage, vous aurez peut-être un petit pourboire ! Quoi ? Non ce n'était pas ma femme qui se trouvait avec moi dans la maison de retraite … C'était une pécore que j'ai trouvé dans la rue et qui a accepté de venir jouer avec moi. Oui, Madame Saltzman, vu que c'est ma femme couillon. Quoi ? Elle est là ? GENIAL ! Faites moi sortir maintenant, voilà brave petit ! Je mériterais un coup de poing dans la mouille ? Ouais on me le dit souvent, vous êtes pas très original. Au revoir José ! J'l'aimais bien vous savez, même s'il risque d'y passer cet hiver à cause du froid … Mais bon c'est la vie ! Allez, à la prochaine la bleusaille … On y va Willow, j'ai un putain de tatouage à faire … »

Alors qu'ils sortaient tout les deux du commissariat, Darwin fit prestement demi-tour pour récupérer son chien, Koupl Jack, un shar pei aussi moche que con qui lui avait servi de cheval pour tirer son fauteuil roulant lors de la guérilla dans la maison de vioque. Cela avait été une après-midi d'enfer même si la fin était bof et plutôt ennuyante. Le stryge avait perdu le défi, il avait été le premier à se faire choper par les flics et la sentence était assez violente puisqu'il s'agissait d'un tatouage permanent. Et pas n'importe lequel. Et pas n'importe où. Se maudissant intérieurement de ne pas avoir gagné, il se tourna vers Willow qui arborait un sourire de satisfaction.

« Ouais c'est bon, pas la peine de sourire comme une idiote ! J'vais le faire ton putain de tatouage … T'as la photo au moins ? Car je pense que le gars risque d'être un peu déstabilisé par la demande. Quoique, y'en a qui y vont -de leur plein gré- s'faire tatouer leur belle-mère sur le bras, je ne pense pas que ma requête soit aussi chelou que ça tout compte fait ... »

Montant dans sa voiture de sport, il mit le contact et démarra à plein balle pour rentrer dans la circulation, coupant la route à une Twingo dont le klaxonne rugissait en signe de protestation. Un petit doigt d'honneur dans le rétro et les voilà parti à la recherche d'un salon de tatouage pas trop classe pour ne pas être refoulés ni trop moisi pour éviter de choper une maladie voire la gangrène. Se faire amputer cette partie du corps risquait d'être assez gênant dans la vie au quotidien, puis il y tenait vachement quand même. Toujours habillé dans son uniforme de paintball tout peinturluré, Darwin avait fière allure et galérait à conduire avec ce barda lourd et encombrant. Ce fut d'ailleurs pour cela que dès qu'il aperçut un tatoueur, il se gara comme une grosse merde en double file.

Une fois sorti de la bagnole toujours en compagnie de Willow, il entra dans le salon et se dirigea directement vers ce qui semblait être le propriétaire des lieux. Il préféra se dépêcher pour ne pas fuir en courant et en gueulant qu'il ne voulait pas que l'intégralité de son sex-appeal soit altéré par ce fichu tattoo qui allait certainement mettre en péril ses prochaines chasses. L'oiseau de nuit avait perdu, il devait en payer les conséquences surtout que c'était son idée à la base. Faisant face à l'homme dont les aiguilles allaient bientôt le perforer à tout jamais, il prit la parole :

« Bonjour mon brave ! Voilà, je voudrais un tatouage assez … Spécial on va dire. Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire mais en gros, j'me suis fais choper dans une maison de retraite et j'ai perdu un défi... Darwin s'appuya sur le comptoir pour s'approcher du gars et lui dire sur le ton de la confidence, Il faudrait que vous me tatouez sur la fesse gauche la tête d'un nain, vous savez celui du film Willow ? Mon amie à une photo si cela peut vous aider. Et entre nous, ça a failli être « J'aime Willow » sur le pénis, je crois qu'on l'a échappé belle tous les deux non ? »

Il lui adressa un regard entendu et se mit à le dévisager. Oh, putain il puait le Fae à dix milles kilomètres à la ronde. Il espérait que ce n'était pas un extrémiste prêt à lui génocider la gueule ...

Poh poh poooooh !!!! Le p’tit vieux lui avait franchement sauvé la mise… Si Willow c’était laissé ploter les fesses par le croulant, c’était uniquement pour garder sa fierté intacte et prendre le dessus sur Darwin. Car elle… elle ! Elle n’avait pas triché comme une porcasse en se faisant tracter par son putain de clébard multi-plis !! A coup sûr, Darwin y avait même planqué des barres protéiné quoi, ce chien était une véritable malédiction. Et Darwin était un gros tricheur de merde… Evidemment qu’il avait été balaise en se faisant tirer par son Koupl Jack ! Puisqu’il ne se préoccupait alors pas de ses roulettes et pouvait peinturlurer les vieux en toute sérénité ! Contrairement à Willow qui avait dut trouver une organisation bien plus archaïque. Mais ! Et parce que Willow était une déesse de l’improvisation et du charme, elle n’avait pas eu de mal à s’en sortir. Une main au cul, un morceau de culotte dévoilé au regard du croulant, et voilà… elle échappait au cruel agent de sécurité qui avait réussi à foutre le Stryge dehors. Une vraie serpillère, Darwin la loque… léger comme une plume (de stryge HAHA) il n’avait pas fait long feu sans ses pouvoirs. VICTOIRE POUR LE PEUPLE ! VICTOIRE POUR WILLOW ! PAYS DE GALLES INDEPENDANT ! Oula…Pour la forme, la jeune femme avait jeté son arme dehors et s’était ensuite projeté de la même manière par la fenêtre. Une chance alors, d’être chez des vieux et donc… au rez-de-chaussée ! Car après un joli vol plané, l’Alchimiste n’avait pas eu de mal à ramper en toute presque discrétion jusqu’à l’extérieur du domaine de la belle retraite pré-mortuaire des vieux d’Ottawa.

Et c’était donc cette victoire sensationnelle (encore une !) qui avait amené le duo de casse-couilles à pousser la porte d’un tatoueur de Sparks Street Village. Parce qu’elle avait gagné, et re-gagné –victoire pas arrogante non non- Willow avait donc l’avantage de la victoire victorieuse et, en tant que grande winneuse de la vie, c’était à elle d’écraser le looseur… la sentence était tombée, et Willow souhaitait que le doux faciès d’un nain portant son nom à elle, orne désormais le popotin platifié de Darwin. Et ce, pour l’éternité. *Rire démonique* Là, c’était vraiment trop la classe ! Aussi n’avait-elle pas prit la peine de s’occuper de Koupl Jack et avait fièrement suivit le Stryge en faisant claquer ses beaux talons avec exagération. Parce que oui du coup, Willow n’avait pas passé les dernières heures de sa vie en cellule, et était de ce faite fraiche et pimpante. S’avançant de concert avec Darwin, elle s’appuya également sur le comptoir en mâchant son chewing-gum bouche ouverte à la bovin et salua le taulier aux cheveux gras d’un signe de main sur la tempe. « Bonjour mon brave ! Voilà, je voudrais un tatouage assez … Spécial on va dire. Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire mais en gros, j'me suis fais choper dans une maison de retraite et j'ai perdu un défi... » Elle acquiesça : « Ouais ! » A chaque fois, elle opinait du chef et mâchait avec plus de vigueur encore, le colgate aux lèvres. « Il faudrait que vous me tatouez sur la fesse gauche la tête d'un nain, vous savez celui du film Willow ? Mon amie à une photo si cela peut vous aider. Et entre nous, ça a failli être « J'aime Willow » sur le pénis, je crois qu'on l'a échappé belle tous les deux non ? » « Ouais ouais !! Je l’ai déchiré le mec … donc, tu vas lui déchirer le cul. En tout bien tout honneur… »

Elle voulut cracher son chewing-gum dans la poubelle mais la manqua d’un bon mètre… Ne s’en formalisant pourtant pas la jeune femme sortie de sa poche une photo. Celle du nain en question. Puis elle fut rapidement occupée à le brandir à quelques centimètres des yeux de Selen. « Je veux donc ce visage, sur son cul. » Jetant un regard arrogant à Darwin après avoir foutu une claquade sur le dit cul, Willow se tourna vers la foule inexistante du salon de tatouage, et fit quelques pas en levant haut le bras comme pour montrer à tous la beautittude du nain. « JE VEUX CE VISAGE… SUR SON CUL ! » D’un bond, la jeune femme s’était retournée vers Darwin, et le fixait à nouveau d’un air impertinent en enchainant. « Car j’ai gagné ! Ouep !! Heiiiin heiin ! Yeaaaarh ! Hein heiiiin yeaaaarh !!! » Avec lenteur et jusqu’à la frénésie Willow avait plié les genoux et exécutait un très magistral twerk de la provocation… BRAAAAAAAAAAA !!!

« Sloan, bordel, mais regarde un peu c'que t'as foutu !! Ramasse moi ces putains d'aiguilles et range-les à leur place, p'tit merdeux !! »

De mauvaise humeur ce jour-là, le vieux pépère. Selen s'était manifestement levé du pied gauche et, bien que rare, ce genre de chose avait le don de retourner complètement son petit monde. Et le reste de la ville, par la même occasion. Bien qu'habituellement, il parvenait à changer ce genre de tempérament par quelques mantras ou autres exercices de respirations, voire même un bon paquet de cigarettes à vider en quelques bouffées, le Qilin n'avait tout simplement pas eu une seconde à lui aujourd'hui. Et son apprenti ne l'aidait pas, loin de là, à alléger son état. Sloan était insupportable. D'une humeur exécrable aussi, ce qui n'arrangeait rien. Mais lui, en plus, avait le malheur d'être un jeune chien fou incapable d'être tenu en laisse, là où le faë de 200 ans aurait dû rester calme et patient, mettre à profit son expérience et... Que dalle, ouais. Les deux mecs s'envoyaient balader depuis la seconde où ils s'étaient adressés la parole ce matin-même, et l'apprenti enchaînait bourdes sur bourdes, conneries sur conneries et, il fallait bien l'avouer, adorait voir maugréer son patron qu'il connaissait depuis assez longtemps pour savoir comment ne pas se faire virer à coups de pieds aux fesses.

Des fesses, justement. C'était le fil conducteur de cette journée car, ayant mélangé deux rendez-vous par inadvertance, Sloan avait provoqué le fait que Selen, pourtant renommé dans le milieu, se retrouve sans aucun centimètre carré de peau à tatouer en cette belle après-midi, douce pour la saison. Autant dire que le gamin avait pris pour son grade... jusqu'à ce qu'un duo d'énergumènes ne fassent tintinnabuler la clochette près de la porte d'entrée. Curieux, le propriétaire des lieux tourna les yeux vers eux et, ni une, ni deux, subit une sorte d'agression d'euphorie. Ce type et cette nana étaient branchés sur du cent mille volts, et ne semblaient être prêts à se remettre de leur court jus. Fronçant légèrement les sourcils, clope au bec et regard concentré, Selen tentait de suivre un peu ce que ces charmants jeunes gens déblatéraient, tandis que Sloan riait comme une baleine devant ce tandem improbable. Un regard noir à l'adulescent et celui-ci disparût, museau pointu, vers l'arrière boutique. 
Le temps que Selen ne se tourne à nouveau vers les deux piles électriques, et une photo lui était brandit sous le nez. Une image d'un nain étrange qu'il avait déjà aperçu dans un film, mais qu'il avait vite oublié... jusqu'à maintenant. Attrapant la photo entre ces doigts, il la considéra un instant, avant que la jeune femme n'insiste sur le fait qu'il était nécessaire de lui « déchirer le cul »... Charmant. Si elle savait. Il allait aussi déchirer son compte en banque.

« … Ouais. Bon. Ça fera quand même 500 balles hein. »

Soufflant un nuage de fumée tandis qu'il se tourna vers le comptoir pour établir un devis rapide, il finit apercevoir un twerk. Sérieusement. Dans sa boutique... à la vue de tout ses autres clients. Non mais sans déconner...

« Bah putain. Vous êtes complètement j'tés vous deux... On dirait un spectacle de Jean-Michel Jarre. »

La lumière en moins... Quoique, avec leurs habits trempés de peinture fluo, Selen était persuadé que s'il faisait le noir complet dans son salon, ces deux-là seraient phosphorescents. Il soupira un instant, se pinça l'arête du nez pour recentrer ses châkras partis en cacahouète et s'adressa finalement au grand blond qui le toisait depuis un moment.

« Bon. Bah. M'sieur, va falloir passer à côté hein... J'vais pas vous faire le plaisir de vous tatouer le postérieur devant ma vitrine, vous serez sympa. », lança-t-il, pointant du pouce par dessus son épaule l'une des salles au fauteuil vide, pleine de matériel spécifique à la taillade d'épiderme.

Puis, machinalement, il tourna les yeux vers la jeune femme qui s'était enfin relevé, haussant légèrement les épaules.

« Et vous... ben, vous êtes libre d'venir lui tenir la main pour pas qu'il chiale trop, mam'zelle. »

Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ses instincts de faës lui disaient qu'il allait passer un long, et très pénible moment...

Willow était désespérante mais il ne pouvait la blâmer car il aurait fait strictement la même chose si c'était lui qui avait gagné. Elle lui donna une tape sur les fesses en déblatérant des conneries et gueulant Ô comme quoi sa victoire était écrasante, ce qui plaisait moyen à Darwin qui au fond de lui était extrêmement dégoûté. Mais bon, c'était le jeu ma pauvre Lucette ! Croisant les bras, il préféra se concentrer sur ce cher tatoueur, ignorant royalement l'autre guenon sous cocaïne.

- … Ouais. Bon. Ça fera quand même 500 balles hein.    

L'ange noir arqua un sourcil devant cette réponse. Ce mec avait fumé de la salpêtre ou quoi ? La non-réactivé du gars quoi ! Il aurait pu lui dire : "J'viens me faire tatouer la gueule de votre mère sur mon cul, parce que c'est un bon coup", l'autre en face aurait répondu exactement la même chose. Darwin tourna les yeux vers son amie entrain de Twerker lamentablement en plein milieu du salon puis poussa un énorme soupire avant de reprendre la parole :

- Cinq cents balles ? Je vous en donne le triple si vous acceptez de l'adopter ! Elle est chiante, mais propre ! Un peu de litière, une robe Channel de temps à autre et du ruban adhésif quand elle s'emporte comme maintenant et je vous jure que vous apprécierez sa compagnie...

Bon fallait pas abuser, c'était pour rire … Personne à part lui même arriverait à survivre à cet ouragan qu'était Willow. Puis malgré tout, il l'aimait bien cette petite, il était juste trop blasé d'avoir perdu ce défi et de se retrouver avec un nain en guise de fesse gauche. La loose quoi ! Son regard se posa de nouveau sur le Tatoueur qu'il observa de bas en haut. Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Cheveux gras, les yeux tombant qui lui rappelaient un peu ceux de Koupl Jack, une dégaine digne d'un punk à chien des années quatre-vingt dix (sans l'odeur fort heureusement) et un air de blasitude total sur sa face, sûrement provoqué par eux d'ailleurs. Et c'était « ça » qui allait lui imprimer à tout jamais la gueule de Passe-Partout sur le cul ? Mon dieu, rien que de penser que ce Faë allait lui tripoter les fesses lui donna la gerbe. Mais bon, soit. Un pari c'est un pari hein ? Impossible de faire marche arrière à présent … Foutu petits vieux qui l'avaient dénoncé aux flics !

- Bah putain. Vous êtes complètement j'tés vous deux... On dirait un spectacle de Jean-Michel Jarre. Bon. Bah. M'sieur, va falloir passer à côté hein... J'vais pas vous faire le plaisir de vous tatouer le postérieur devant ma vitrine, vous serez sympa.

Ok. Référence so périmée ! Le mec était tombé dans un glaçon géant avant le vingt-et-unième siècle (D'un côté, je ne sais même pas si ça s'écrit comme ça) puis fondu très récemment ou comment ça se passe ? Désolé Jean-Mimi mais t'es dépassé mon vieux ! Levant les yeux au ciel, il haussa simplement les épaules à sa deuxième remarque. Se faire tatouer le fessier devant tout le monde ne le gênait pas plus que ça surtout qu'une jolie petite demoiselle se trouvait dans la pièce. Non, le stryge ne parlait pas de Willow mais de cette charmante fille qui les regardait avec amusement. Wait … Non ce n'était pas une bonne idée en fait, vu le monstre qu'il allait devoir se trimballer toute sa vie, ce qui veut dire pendant très, très, très, très, […], très longtemps ! Pourra-t-il pécho après ça ? Telle était la question.

- Et vous... ben, vous êtes libre d'venir lui tenir la main pour pas qu'il chiale trop, mam'zelle

Quoi ? Il était sérieux l'blanc-bec ? Il avait vraiment une gueule à chialer à cause d'une aiguille ? Darwin n'aimait pas trop ce rustre personnage à l'accent pécore. S'il continuait, c'est lui qui allait quiner sa mère ! Namého, on insultait pas un stryge de plus de mille ans de la sorte. Le fixant avec la même blase que lui et sachant pertinemment que Willow allait réagir à ceci de façon à plus l'enfoncer dans la merde, il répondit simplement :

-Écoute fiston, fais ton boulot … On se passera bien de tes conseils.

S'appuyant sur le comptoir, l'oiseau de malheur glissa par dessus pour se retrouver au côté de son futur tortionnaire, lui tapotant l'épaule au passage. Il aurait pu prendre le chemin normal pour aller jusqu'à la salle mais on avait à faire à Darwin … Un putain de chieur de première. Il fallait donc pas s'étonner de son geste. Un morceau de son armure en plastique noir devenue multicolore s'échoua sur le sol, premier d'une route faite de vêtement de « combat » à la manière du petit poucet. Enfin débarrassé de son bordel, il s'étira, allégé d'un costume qu'il portait depuis plus de deux jours. Malheureusement, ses « habits » civils mais surtout hors de prix avaient pris cher aussi, ce qui avait fini d'agacer le stryge pas de très bonne humeur. Pour penser à autre chose, il se mit à observer tous ces outils trônant dans cette pièce assez lugubre et se permit de dire, en mode papy castor :

- Et beh … Mon tout premier tatouage alors que je foule cette planète depuis fort longtemps, c'est dingue ! Bon, d'accord, j'avoue qu'avoir un nain sur le fion n'a rien de prestigieux mais tout de même, c'est un grand jour … Puis les premières fois ne sont jamais parfaites, c'est ce qu'il faut se dire.

Jean-Michel Jarre… la référence de trop. Si Willow continuait de danser frénétiquement et laissait son popotin s’agiter comme s’il était auto-dépendant, la jeune femme leva vertement les yeux vers le tatoueur. Putain mais vraiment, c’était ce vieux gars qui allait tatouer son Darwin ? Genre, le mec sale et fripé, avec des yeux si petits qu’il ne devait pas voir la moitié de ce que le commun des mortels pouvaient percevoir… est-ce qu’il vendait son huile de cheveux comme des articles de beauté pour arrondir les fins de mois ou bien ? Enduisait-il ses clients de ce pas-précieux nectar pour cicatriser les peaux meurtries par ses aiguilles (qui étaient certainement pas bien précises, vu qu’il ne devait rien voir entre la taille de ses mirettes et les fameux cheveux dans ces dernières, il devait voir comme dans le trou du c… le trou.) ? Ça se passait comment ça exactement ?

« Jean-Michel Jarre… oui, bien sûr… »

Cette fois elle avait stoppé nette son mouvement et avait posé ses mains sur ses genoux en toisant le type d’un air hautain. Par en bas du coup. Histoire d’avoir l’air con. Mais elle se dérida rapidement en entendant le pécoreux évoquer la possibilité d’une chialade post-aiguilles sur cul. Aaaaaaaaaaah ! Bah voilà il devenait intéressant le gros lard ! Et même s’il avait véritablement l’air du 7ème Village People (Genre Motard-cuir-moustache II ou Eboueur-Latex 3000…), il avait au moins la bonne idée de la faire rire intérieurement en foutant Darwin dans la position d’une fillette infantile et chougneuse qu’il pourrait peut-être devenir en se faisant tatouer la Willow-Face sur les lunaires. « Écoute fiston, fais ton boulot … On se passera bien de tes conseils. » Bah alors, il avait les boules Darwin ? Il avait les glandes ? Les crottes de nez qui pendent ? Un rire gras s’échappa des lèvres de Willow qui s’approcha tel un sims 3 après le crac-crac significatif, roulant des mécaniques pour venir gratouiller le menton du Stryge avant que ce dernier ne saute par-dessus le comptoir pour s’effeuiller à travers le couloir du salon de tatouage. Pas du tout théâtrale. Noooon pas du tout en rage ! L’alchimiste aurait bien fait de même, mais à vrai dire c’était un peu risqué de sauter comme il l’avait fait avec ses godasses là… si c’était pour planter un talon dans l’œil du type déjà handicapé visuellement, ce n’était pas la peine ! Alors elle contourna le comptoir en sautillant, et vint à son tour tapoter sur l’épaule de Dark Cloclo pour ajouter :

« Aller, ça va bien se passer tu vas voir ! Faut juste l’encaisser. Certainement, il va raconter la moitié de sa vie, mais se sera moins pénible que s’il avait bouffé des fayots hier soir. Au moins pour ça, la prison a du bon ! »

Puis elle suivit distraitement les traces vestimentaires lascivement disposées par Darwin et vint s’assoir sur un morceau de meuble qui trainait là. Et en croisant les jambes, Willow n’empêcha pas un petit regard mauvais se poser sur le tatoueur alors que Darwin commençait à raconter sa vie. Comme quoi, elle le connaissait bien le vieux ! Si bien qu’elle articula en silence à l’attention de Selen ‘J’ai menti pour les fayots !’ et elle lui adressa un clin d’œil très très appuyé avant d’ajouter de vive-voix :

« Bien, aller au boulot maintenant… car je vous l’ai déjà dit : Je veux ce visage sur son cul, et si possible en 3D pour plus de modernité. Tu sauras faire ça Severus Rogue ou il faut que je trouve un tutoriel sur le net pour le faire moi-même ? »

Bon... La journée serait longue, c'était évident. Bien plus qu'elle ne l'était déjà, et de toutes manières, à la seconde où il les vit entrer dans son pauvre salon si calme, Selen savait qu'il allait passer un sale quart d'heure avec eux. Même si concrètement, à la vue de la photo qu'il avait en main récupérée de celles de la jeune femme, il en avait pour au moins deux à trois heures, rien que pour les contours. Entre la siphonnée nerveuse dingue des nains et la drama queen qui jouait les effeuilleuses dans son couloir... sa patience était mise à rude épreuve.
Mais, honnêtement, il avait vu pire. Et ses méditations, ainsi que certaines épreuves de la vie, lui avaient appris à relativiser tout ce qu'il se passait autour de lui. Ces deux dingos étaient probablement le prix de son karma mauvais. C'était même évident, à bien les regarder. Ils venaient torpiller son petit espace de bien-être au doux bruit d'aiguilles et de cris de clients perforés d'encre. Très probablement parce que son humeur du jour était en dehors des limites imposées, et qu'il avait passé la journée à gronder son apprenti.
C'était aussi simple que ça. Ce couple atroce était sa punition, bien sûr ! Un truc divin, un schmilblick bouddhiste ou il ne savait quoi d'autre... Mais dans tout les cas, il devait encaisser tout ça avec relativité, car il ne pourrait absolument rien y faire. A l'avenir, il mettrait un peu d'eau dans son vin concernant Sloan... en espérant que ça suffise pour éloigner ces deux fléaux.

Selen laissa la jeune femme lui parler d'une histoire nébuleuse de fayots sans vraiment l'écouter, et lorsqu'elle partit, il émit un léger soupire, pinça un peu l'arête de son nez, histoire de re-concentrer ses énergies. Et finit par les suivre dans l'une des salles vides de son salon, où monsieur éfeuillage l'attendait. La diva du dancing semblait pas vraiment à l'aise, à croire que sa tarée de pote lui forçait quelque peu la main. D'ailleurs, celle-ci commençait à lui courir sur le haricot magique, si bien que le Qilin se tourna vers elle quand une dernière pique fusa à son égard :

« Oui, je devrais pouvoir le faire... Par contre, c'est pas contre vous hein, mais si vous pouviez la fermer pendant que je m'occupe du grand blond, vous seriez un ange. »

Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver... Même si, pour être honnête, il se foutait éperdument de leur demande et n'agissait que par soucis de professionnalisme. Des clients, il en avait à la pelle, et c'était pas deux carambars pré-mâchés comme eux qui allaient l'emmerder longtemps. Mais bon. Il se devait quand même d'honorer les désirs des clients, aussi chiants soient-ils.

« Et vous avez beau être hyper survoltés tout les deux, j'dois quand même être sûr d'un truc... »

Il s'approcha du futur modèle en devenir qui monologuait devant ses outils, tapota son épaule pour attirer son attention suivi d'un léger « hey » et lui braqua la photo sous le nez, ou plus exactement à quelques centimètres à peine du visage. Puis débuta tout un blabla avisé, d'un ton simple, sans fioritures, et particulièrement honnête :

« Dis-moi, t'es vraiment certain d'assumer ça toute ta vie ? Parce que ça part pas hein, même au lavage. Après ça me regarde pas vraiment à qui tu montres ton p'tit cul, mais dans tout les cas, faudra quand même avoir le cœur bien accroché. En plus, je dis ça... Mais ta copine veut du travail pointu, ce qui veut dire au grand minimum six heures à ce que tes fesses douillent un max. C'est une partie charnue, donc bien musclée, donc... très beaucoup bobo toi avoir. Faut pouvoir encaisser ça aussi. Et ça m'ennuierait professionnellement de te laisser avec une demi-face de troll sur le postérieur parce que c'était trop hard comme premier tatouage. »

Une fois terminé, il mit la photo sur une table et attrapa une paire de gants en plastique neufs, du même genre que ceux qu'utilisent les chirurgiens, qu'il enfila. Le bruit sec du latex contre sa peau (bwe...) ponctua sa seconde réplique, qu'il lança toujours à l'encontre de l'homme, et de cette même assurance due à une franchise exacerbée.

« Alors ? T'es toujours partant ? Sûr hein ? Sinon j'peux te faire un mini-dauphin sur l'épaule, moi honnêtement je m'en fous, si t'es content j'suis content. Pour être tout à fait franc, y'a que toi qui décide, et ça changera pas le cours de mon existence si tu refuses. »

Bon, peut-être était-il un peu sec. Même un type généralement aussi zen que lui avait du mal à ce contenir face à... ces trucs.

- Et vous avez beau être hyper survoltés tout les deux, j'dois quand même être sûr d'un truc...  Dis-moi, t'es vraiment certain d'assumer ça toute ta vie ? Parce que ça part pas hein, même au lavage. Après ça me regarde pas vraiment à qui tu montres ton p'tit cul, mais dans tout les cas, faudra quand même avoir le cœur bien accroché. En plus, je dis ça... Mais ta copine veut du travail pointu, ce qui veut dire au grand minimum six heures à ce que tes fesses douillent un max. C'est une partie charnue, donc bien musclée, donc... très beaucoup bobo toi avoir. Faut pouvoir encaisser ça aussi. Et ça m'ennuierait professionnellement de te laisser avec une demi-face de troll sur le postérieur parce que c'était trop hard comme premier tatouage. Alors ? T'es toujours partant ? Sûr hein ? Sinon j'peux te faire un mini-dauphin sur l'épaule, moi honnêtement je m'en fous, si t'es content j'suis content. Pour être tout à fait franc, y'a que toi qui décide, et ça changera pas le cours de mon existence si tu refuses.   

Se grattant allègrement le nez d'un doigt, Darwin matait Selen tel une vache regardant un train passer ... C'est à dire avec très peu d'intérêt et l’œil éteint. Pour être franc, il avait seulement écouté quelques bribes de ses recommandations du genre "P'tit cul", "Fesses", "Troll" et "mini-dauphin". Il tenta de refaire dans son esprit le discours du tatoueur mais seule une image apparaissait : Celle d'un troll des montagnes avec un mini-dauphin rose tatoué sur l'arrière-train. Il se mit à rire de sa auto private joke comme un débile, tapotant le dos du Faë pour le remercier de cette bonne blague, bien que celui-ci ne pouvait évidemment pas comprendre ce geste. Se remettant difficilement de cette marrade personnelle, le stryge décida enfin de se diriger vers le centre de là pièce où se trouvait tout l'attirail de l'artiste. Qu'est-ce qu'il pouvait craindre de toute manière ? Ce n'était pas un peu de peinture et une petite aiguille qui allaient l'effrayer ! Il renifla somptueusement tout en observant la fameuse aiguille. Pas si petite que ça en fait. Il allait lui enfoncer ça dans le derrière ? Pendant plusieurs heures ? Fichtre, cela devenait légèrement plus compliqué.

Hors de question qu'il se fasse déchirer le fessard par ce truc ! L'immortel allait devoir trouver une parade … Mais avec Willow dans les parages, cela n'allait pas être chose aisée. C'est qu'elle y tenait à cette face de nain ! Son regard parcourait la pièce et, tout en réfléchissant à une quelconque excuse pour se tirer de là sans perdre son boule, il se mit à parler :

- C'est bien beau tout ça mais qui me dit que t'es talentueux ? Tu m'as quand même proposé un mini-dauphin … Enfin je crois. Non, je veux être sûr que cela soit fait par un professionnel ! Parce que tu vois, moi aussi je peux m'improviser Tatoueur ! Mate un peu !

Joignant le geste à la parole, Darwin s'empara d'un marqueur qui traînait sur l'un des meubles entre plusieurs croquis puis s'approcha de Willow d'un pas décidé. Débouchant le stylo avec les dents pour le cracher par terre, il plissa les yeux tout en foutant la mine sur le front de l'alchimiste. Très lentement il se mit à dessiner, tirant la langue de concentration et travaillant soigneusement en omettant aucun détails. Le dessin prit forme, magnifique et majestueux, révélant toute la maturité et le talent de l'ancien cureton. Ouais bon, c'était une bite quoi. Mais une très jolie bite ! Fier de son œuvre d'art, il le présenta à Selen non sans ajouter un « TADAA » de contentement :

-Voilà, je te présente ma chère comparse devenue grâce à moi la seule et unique représentante de l'espèce des Bitecornes ! Non sérieusement, qui me dit que tu es meilleur que moi ? Je n'ai aucune preuve pour l'ins … Ses yeux accrochèrent un mot sur le fameux marqueur ... tant. Dit moi Willow, quand ils disent indélébile … Ils veulent dire pour toujours ou y'a moyen de s'arranger ? Genre avec de la javel ou une bonne éponge qui gratte ?

Le plan A avait foiré … Enfin non c'était plutôt le plan B puisque le premier consistait à ne pas perdre ce pari à la con. Plan C. Merde, le stryge n'en avait pas ! Que faire ? D'abord reculer pour ne pas se faire gifler ou prendre des postillons de colère. Fait ! En sécurité, ou presque, il se mit aux côtés de son compère artiste puis croisa les bras toujours en pleine réflexion. Quand même, c'était vachement beau ce qu'il venait d'accomplir, cela l'émouvait presque. Grattant son menton, l'immortel venait d'avoir une idée. Il tenta le tout pour le tout, sachant que très souvent cette technique fonctionnait :

-Avant que tu fasses quoique ce soit qui puisse blesser ma personne, je te propose un deal … On passe outre ce petit problème, bien que magnifique, et je t'offre quelque chose. Que dis-tu d'une voiture ? Ou encore une île ? Ou bien je ne sais pas … Hmm une nouvelle paire de chaussettes Dior ? Pourquoi pas … Tout ce que tu veux ! Il se pencha vers le tatoueur, T'en fais pas, je gère ! Et si dégât il y a, je m'assure personnellement que tout sois réparé rapidement !

Au départ, ça avait été presque drôle d’entendre Severus Rogue poser des questions à Darwin… surtout quand il précisa qu’il allait devoir y passer durant six heures. Fallait pas jouer avec Willow. Depuis le temps qu’il se prenait des taules, il ne pigeait pas le Stryges ? La vieillesse lui allait mal, sa mémoire devait sans doute lui jouer des tours ou alors, il était vraiment hyper masochiste pépère ! Cependant, certaines autres phrases prononcées par greasy man la firent tilter, et tourner sa tête vivement vers le vieux type aux yeux de fouine, à la manière d’un chien à l’affut.  « C'est une partie charnue, donc bien musclée, donc... très beaucoup bobo toi avoir. […] de te laisser avec une demi-face de troll sur le postérieur parce que c'était trop hard comme premier tatouage. Alors ? T'es toujours partant ? Sûr hein ? Sinon j'peux te faire un mini-dauphin sur l'épaule, moi honnêtement je m'en fous, […]. » Mais pour qui il se prenait le laiderons crasseux ? No, sérieux, il pensait vraiment pouvoir parler à son Darwin de cette manière ? Le visage de Willow se crispa dans une expression de sirène version Harry Potter, la bouche à moitié ouverte et le regard furibond. Oh putain, il allait morfler papy-laid ! Avec cette gueule-là, elle pouvait très bien faire une pub pour la constipation …

Mais très étonnamment, et si elle dégageait déjà une ondée noire chargée d’éclairs en direction  de Selen, cette dernière s’évapora dans les airs au moment où Darwin s’était mis à rire… Alors là, elle ne comprenait plus. Son expression menaçante céda sa place à une vive perplexittude (ce mot n’existe pas ? M’en fous) qu’elle adressait à Darwin. Bah alors là, c’était vraiment inattendu ! Mais puisqu’il semblait bien le prendre, pas la peine d’être irritée nan ? Ouais bah quand même, Willow était puissamment exaspérée par le tatoueur qui avait parlé à Darwin comme s’il était un demeuré. Mais elle garda ça pour elle, et se contenta d’hocher la tronche vigoureusement quand il remit en cause le talent du type… se laissant bien évidemment faire alors que Darwin lui dessinait sur le frontal, et s’imaginant bien qu’il s’agissait d’une œuvre semi-bitaire. « C'est bien beau tout ça mais qui me dit que t'es talentueux ? Tu m'as quand même proposé un mini-dauphin … Enfin je crois. Non, je veux être sûr que cela soit fait par un professionnel ! Parce que tu vois, moi aussi je peux m'improviser Tatoueur ! Mate un peu ! » Docile, elle ne bougea pas… du moins pas le haut du corps car son boule lui continuait de frétiller et prouvait son excitation à l’idée d’avoir un magnifique dessin d’exposition à même le front. Il avait de l’imagination le con, et plus de talent qu’il ne l’imaginait… certainement, il ornerait sa tronche d’un motif poétique et sensuel ! Une bite ? PARFAIT ! Willow trouva de quoi aller observer sa nouvelle corne, riant aux éclats alors que Darwin reprenait. « Voilà, je te présente ma chère comparse devenue grâce à moi la seule et unique représentante de l'espèce des Bitecornes ! Non sérieusement, qui me dit que tu es meilleur que moi ? Je n'ai aucune preuve pour l'ins ... tant. Dit moi Willow, quand ils disent indélébile … Ils veulent dire pour toujours ou y'a moyen de s'arranger ? Genre avec de la javel ou une bonne éponge qui gratte ? »

« Quoi ???! QUOI ???! »

Non mais non !! PAS POSSIBLE ?? Il avait vraiment fait ça ? Willow frotta sans succès l’encre déjà sèche, et son visage sembla dégouliner devant l’effroi qu’elle ressentait. Passer du chaud au froid avait fait fondre son expression rieuse pour de la panique pure. D’un coup, la bite qu’elle portait encore fièrement quelques secondes plus tôt lui parut bien moins exotique. En quelque pas, elle rejoignit Darwin pour lui arracher le marqueur des mains et constater elle-même qu’il s’agissait bien d’un PUTAIN DE MARQUEUR INDELEBILE !! MAIS MERDE LE DEBILE C’ETAIT DARWIN ET OUI, C’ETAIT BIEN INDELE A CE STADE ! Restant figée sur le marqueur, elle leva ensuite des yeux parfaitement gigantesque vers le Stryge. Sa respiration s’accélérait déjà, la colère montait comme la p’tite bêbête… sauf qu’elle ne redescendait pas la salope !

« Mais Darwin tu te fous trop de ma gueule là non ? Je vais être obligée … de te massacrer … AVEC CETTE TRONCHE ? »

Et putain, elle tentait pourtant de relativiser ! Sans doute Oreste allait pouvoir l’aider, trouver une solution d’Alchimiste pour effacer l’affront (y’a front dedans : trololo !) d’une bite-corne telle que celle-ci... Mais pour le moment, son esprit déraisonnait à force de voir en rouge. Pound the alarm comme disait la délicate Nicki Minaj. « Avant que tu fasses quoique ce soit qui puisse blesser ma personne, je te propose un deal … On passe outre ce petit problème, bien que magnifique, et je t'offre quelque chose. Que dis-tu d'une voiture ? Ou encore une île ? Ou bien je ne sais pas … Hmm une nouvelle paire de chaussettes Dior ? Pourquoi pas … » Et en plus il voulait l’acheter ? Elle haussa les épaules, se disant que oui, c’était pas mal ce qu’il proposait… puis elle repensa à la bite sur son front, et au faite que la vie sur une Ile ne serait jamais compensée par l’horreur de ce dessin minable… même signé Darwin. La petite p*te ! L’espace de quelques secondes, elle garda le silence, sans bouger. Trapue comme un animal, un horrible rictus sur la lèvre. Avant d’exploser et de se diriger directement vers Darwin pour lui tirer l’oreille vers le bas pour qu’il se baisse. Une bonne trempe, voilà ce qu’elle voulait lui foutre mais elle n’était certes pas suffisamment forte pour ça…

« Tu plaisantes j’espère ??! UNE ILE ? Mais connard de merde t’es vraiment qu’une p’tite fiotte ! Tu crois que j’y vois pas clair dans ton jeu ? C’est aussi monumental que le pif d’Oreste : Tu as juste la méga trouille de te prendre des aiguilles dans le cul donc tu tentes une diversion ? Mon gars t’es qu’un gros minable, je t’ai défoncé au paintball, maintenant à toi de te faire défoncer par Severus Rogue… jolie première fois mon grand ! »

Sur-ce elle tira vigoureusement sur l’oreille de Darwin pour qu’il la suivre jusqu’au fauteuil de tatouage. Pas question qu’il se défile, PAS QUESTION ! Sans attendre, elle retira la ceinture de Darwin… un geste qui aurait pu être terriblement excitant si elle n’avait pas eu sa magnifique bite sur la gueule, mais surtout si elle n’avait pas eu l’air d’une méga mégère sur le point d’évoluer en godzilla. Un sourire démoniaque que le visage, elle le retourna, ne lui laissant pas le temps de réaliser ce qu’il se passait et déjà Willow baissait son pantalon, slibard inclus… Darwin cul nu, l’alchimiste le poussa sur le fauteuil pour qu’il s’y écrase comme une crêpe au flan et se tourna vers le tatoueur en désignant les fesses pâles du Romain :

« J’ai changé d’avis… je veux une DOUBLE TÊTE DE NAIN ! Genre en miroir avec la raie du cul… Limite un peu de trois quart tu vois, comme ça il aura un troll qui se roule une pelle directement sur le fessard. Du style ‘quand je bouge mon boule, j’ai les nanos qui ondulent’. Et quand je lui aurais foutu le marqueur dans le fion, ils auront l’air de sucer une belle saucisse de Morteau tu vois ? C’est aussi Swag que la bite-corne nan ??! AU BOULOT MAINTENANT ! »