 Sam 20 Aoû - 10:39 | |  ILLUSORY CROSSROADS Have you been the illusion that I created for myself ? Un hurlement relance son palpitant. Aux aurores, bientôt, trop tôt, elle sera loin. Wil' est sa dernière escale, la dernière à laquelle elle apparaîtra, avant de finalement disparaître à jamais. Noirceur secoue les barreaux de sa cage, sous la colère de ne pas pouvoir meurtrir la femme qui les tourmente toutes deux. Elle souhaite déverser la haine qu'est d'entendre tant de haine. Elle voudrait avoir la raison absolue, et ainsi ne pas paraître ridicule. Car Circé, elle, pauvre essence écartelée par ses propres démons, est sujette à un comportement totalement dénué de logique. Elle-même ignore ce qu'elle souhaite dire, ignore si tous ses mots ont le sens escompté. Mais, non, pas du tout. Et le pire, c'est que malgré le fait qu'elle le sache, elle n'en fait rien. Si son ancienne amie est en colère, ce soir, c'est parce que Circé l'a bien évidemment cherché. Elle a tenté d'éliminer toute envie de lui offrir un quelconque sentiment, elle qui ne souhaite pas faire preuve de tristesse ici, ou du moins, pas pour elle. Comme avec chacune, elle a simplement voilé son visage, a planté en son myocarde un pieu d'argent, et attend d'être loin, pour l'ôter et le laisser saigner. En son cœur, Circé pleure. Elle pleure Diane, elle pleure Wil'. Car cette soirée n'est qu'une raison pour son amie de la fuir un peu plus, et de ne plus jamais tenter de l'approcher. Un sacrifice auquel peu s'adonne, trop fragiles, trop honnêtes. Mais elle est loin de l'être, Circé. Elle est loin d'être honnête. Et c'est ce qui l'a menée à tant de souffrance. C'est ce qui l'a, également, mené à perdre Wil'.
Autrefois, même si elle ne semblait guère désirer lui prouver quelques parcelles de sentiments, Circé l'aimait. En réalité, elle l'aime encore, au plus profond d'elle. Parce que Wilhelmina fut la première qu'elle apprécia en dehors de ses descendants, Circé était effrayée, et inquiète. Inquiète car elle se détachait de sa voie, effrayée, parce qu'elle ne savait rien de ce qu'était l'amitié, ou l'amour, ou quel qu'était le sentiment qui l'éprouvait. Un flash semble lui apparaître. Ce visage, cette colère, cette tristesse. Elle l'a déjà vue, sur ces mêmes joues. Le jour où elle a disparue de la circulation. Elle est partie, sans prévenir, sans même un regard pour la femme qui partageait la quasi-totalité de son temps. Elle s'était flagellée pour ne pas faire volte-face, elle s'était torturée les jours suivants, pour ne pas avoir l'audace de revenir. Et tout cela pour quoi ? Qu'avait-elle gagné, au final ? Rien de plus que le silence. Un silence morbide, là où son myocarde se cache. Diane a ravivé le feu qui était en elle, Ottylia était là pour la porter, mais Circé est revenue sur la voie avec autant de douleur que le jour de sa mort. Wilhelmina lui a tellement manqué, pendant de longues années durant lesquelles elle ne parvenait pas à la sortir de sa tête. Lorsque le temps fit le reste, Circé en eut presque la nausée. Car elle oubliait tout de ce qu'elles avaient vécu, et aujourd'hui encore, elle doute de se rappeler de tout. « Peu importe. » Lorsqu'on se laisse submerger par l'émotion, ce n'est plus la raison qui parle. « Elle te ridiculise. » L'Ombre lui murmure des choses. La barrière qu'elle parvient à disposer entre elles est mince, et lorsque les sentiments prennent le dessus, elle s'amoindrit encore. « Qu'attends-tu pour l'arrêter ?! » Circé tente de l'ignorer, mais son joug est si puissant, qu'elle se doit de fermer les yeux et de se retourner. Elle ne veut faire de mal à personne. Elle ne veut plus. « Je ne veux plus, je ne veux plus faire ça. » elle chuchote, mais le son est audible. Et elle sait que Wil' écoute. Elle sait que, soudain, sa plus grande faiblesse pourrait lui être révélée. « N'as-tu donc aucune dignité ?! » elle secoue la tête et lutte, encore, et encore, pour rester la maîtresse de son corps. « Cesses donc de fuir, Circé, tu sais que je pourrais régler ce problème. » mais elle ne veut pas, elle ne veut pas, et c'est ce qu'elle hurle dans son crâne. « Vas-t-en ! Je t'interdis de la toucher ! » Mais l'Ombre est plus forte qu'elle. Elle profite de sa faiblesse, la dévore, sans préavis. Et Circé sait qu'il est temps pour elle de disparaître, ou elle ne parviendra plus à se contrôler. En se retournant vers Wil', d'un mouvement rapide, ses yeux reflètent pour la première fois un regard sincère. « Wil' ! Je ne dois jamais revenir ! Ne me laisse pas revenir ! Jamais ! Elle vous tuera ! Elle vous tuera ! » la panique est si grande qu'elle crie, et l'écho morbide se répercute entre les murs de l'appartement, pour ricocher sur eux et la frapper de plein fouet. L'Ombre se manifeste et soudain le sang coule sur ses plaies, ses os se brisent, ses cheveux se meurent. Elle est l'humaine qui, un jour, se fit exécuter. Elle est sa propre Mort. Et elle comprend enfin ce qu'elle va devenir. En un éclair de fumée noire, elle disparaît. Elle retourne dans la tombe, spectre funèbre qu'elle ne peut désormais repousser.© fiche par Ell, optimisée par Superno√A pour ASN
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