|  Sam 20 Aoû - 22:15 | |  You talking to me ? Ana & Mina Il y avait si longtemps que Mina n’était pas sortie autrement que pour partir travailler. Après le long enfermement qu’elle s’était offerte pour aider Diane à se sevrer, il lui était difficile de reprendre le train-train quotidien. A vrai dire ses sorties se limitaient à l’hôpital, au commissariat… et au KFC. Et c’était déjà beaucoup de se confronter au monde… de devoir supporter la présence des gens, leurs bavardages et encore pire : leurs odeurs. Parce que oui, elle en subissait pas mal déjà ce matin-là. La ville s’éveillait à peine et le bal des humains fourmillant en ville pour partir bosser l’insupportait déjà. Immobile comme un piquet au milieu du flux, Mina’ attendait avec une gueule d’enterrement que le bus ne passe. Le bus … Mais pitié ! Sa caisse était tombée en rade la veille, et voilà qu’elle était forcée dès lors de se mêler au commun des mortels (et des pas mortels) pour se rendre à l’hôpital. Les gens la frôlaient, et elle se sentait étouffer, paniquer même … c’était une véritable torture que de devoir attendre ainsi, les mains rétractées sur son sac à bandoulière hindi. Elle ne bougeait pas d’un pouce alors que le bus arrivait pour s’arrêter pile devant elle. Et Mina’ tourna juste un peu la tête, braquant ses yeux glacés et cernés sur un type en costard top budget qui voulait lui griller la place. A croire qu’il faisait face à Terminator, car le gars la laissa finalement passer. Et la Stryge poussa un soupir dédaigneux avant de placer ses éternelles ray-ban sur son nez pour trouver une place assise.
Malgré le monde, la place restait disponible à côté d’elle. Si bien que sans attendre elle avait étalé son sac dessus pour empêcher qui que ce soit d’y prendre ses aises et de polluer son espace vitale. Il était déjà très largement grignoté par tout un tas de gens aux gueules et aux parfums abjects. Et ils avaient tous l’air tellement … à leur place. Alors qu’elle pas du tout. Elle n’était pas à sa place… elle était stressée, insupportée et prête à sauter à la gorge de la première personne qui l’effleurerait d’un peu trop prêt. Quelqu’un lui demanda s’il pouvait s’assoir, et la seule chose qu’elle trouva à répondre fut :
« Carrément pas non, c’est la place de mon sac … »
Que le mec la traite ensuite de pétasse avant de trouver une assise ailleurs ne lui tira pas la moindre expression … Le grand véhicule mit un temps fou avant de démarrer, et quand ce fut le cas, une secousse indiqua à tous les passagers que c’était un faux départ. Les portes se rouvrirent malgré le brouhaha mécontent qui s’éleva et une tête blonde essoufflée qui malheureusement lui était familière. Mais bordel, ce n’était pas possible ça de voir cette gonzesse absolument partout ! Elle allait chercher des Banana Slurp PAF elle était là. Elle passait au Mcdo BIM … aussi. Au départ Mina n’avait vraiment fait attention. A vrai dire elle ne prenait jamais garde à ce qu’il l’entourait. Mais à force de croiser son regard, la Stryge avait l’impression que cette fille se retrouvait partout où elle daignait aller. Jusque dans un bus qu’elle prenait pour la première fois. La Gargouille n’en avait que faire généralement, elle voulait bien croire aux coïncidences. Mais là, il était certain que cela n’en était pas une … à force elle doutait et il ne fallait quand même pas pousser mémé dans les orties ! Alors elle la fixa, en plissant les yeux et avec une sorte de méfiance pure sur le visage. Expression qui ne servait strictement à rien puisqu’elle avait ses lunettes sur le nez pour masquer sa face d’aimable Bosch des temps moderne. Mais lorsqu’elle passa à proximité d’elle, Mina attrapa lestement le bras de la fille pour la tirer avec force, l’obligeant à s’assoir à côté d’elle mais en gardant une distance raisonnable.
« Tu me prends pour une conne un peu toi… »
Mina venait de lui servir cela sur un ton si cynique, la Stryge avait l’air si guindé qu’elle aurait pu s’auto-péter le string si elle ne portait pas à la place une confortable culotte superman. Le dos raide, on aurait presque pu entendre les rouages de sa nuque grincer au moment où elle avait à nouveau tourné la tête pour toiser avec mépris cette frimousse aux grands yeux de biche.
« C’est quoi ton problème, pourquoi tu me files au train comme ça sérieux ? Tu veux une mandale ou bien ? »
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