L'amour qu'il y a entre nous ne peut contenir de mots, de paroles. Un simple regard et elle savait, elle savait que je n'allais pas bien, que je risquais de sombrer dans une mélancolie énorme. Ce fut d'ailleurs pour cette raison que j'avais décidé de lui parler du retour de Devon, celui que j'avais aimé plus que tout, celui qui m'avait brisé en mille morceaux. Que pouvais-je bien faire ? Qu'allons-nous devenir ? Devions-nous fuir ? Fuir cette vie que nous avions mis tellement de temps à construire. Elle le savait, Devon avait été et serait sûrement toujours l'homme de ma vie, celui que j'aimerais à jamais tout en souffrant silencieusement. Aileen m'avait éloigné de lui, je l'avais suivie comprenant que cette fuite me condamnerait à ne plus jamais aimer. Depuis ce jour, je m'étais accrochée à elle, a l'amour que je lui portais depuis notre naissance. Elle était ma soeur jumelle, mais également ma confidente, ma plus grande alliée, ma plus belle histoire d'amour. Je venais de finir de lui expliquer l'histoire, sachant également que cette nouvelle n'allait absolument pas enchanté la jolie blonde devant moi. Personnellement je tentais de garder mon calme, de paraître neutre et nullement inquiet. Hors, c'était loin d'être le cas. Aileen cacha son visage derrière ses mains, alors que doucement, je levais les yeux vers elle. Je pousse un nouveau léger soupire, je me sentais cruellement coupable. « Aileen, s'il te plaît... » Ne m'en veux pas, ne te fâche pas, ne te mets pas dans tous tes états...Je ne réussis pas à dire la fin de cette phrase, alors que le regard félin de celle-ci m’apparut. Elle était bouleversée, je le voyais, je le sentais au plus profond de moi.

Elle se leva alors brusquement. Je ne m'y étais pas attendu, d'ailleurs, un grondement de surprise passa mes lèvres, comme un avertissement de Berserkers à Berserkers. Malheureusement pour moi, je pouvais me montrer très impulsif quand j'avais, comme aujourd'hui, les nerfs vifs suite à de nombreuses nouvelles peut agréables. « Qu'est-ce que tu foutais à l'hôpital. Putain Ciàran tu ne peux pas faire gaffe dans ce que tu fais ! Qu'est-ce qui c'est passé ? » Alors qu'elle me tourne le dos, mon poing s'écrase sur la table d'un coup puissant et franc, alors que mon regard avait également changé. « Tu crois vraiment que je l'ai faits exprès Aileen ! Merde, je n'étais pas sensé savoir que Devon était dans les parages...Puis je me suis blessé en poursuite, j'allais pas dire à mon coéquipier présent et spectateur ; oh non mec te tracasse pas je guéris tout seul, pas besoin d'aller à l'hôpital. » Je pousse un soupire et essaye de contrôler ma respiration. Mes yeux se ferment et je prends une grande inspiration, expirant par la bouche, calmant ainsi mes ardeurs. Je n'avais absolument pas envie de me disputer avec Aileen, plus pour lui en tout cas, j'en avais marre qu'il soit source de disputes. « Écoutes, je n'ai absolument pas eu le choix. Il nous a retrouvés par ses propres moyens, apparemment il n'en a pas fini avec moi. » Allais-je seulement réussir à lui résister ? Je m'en sentais absolument incapable. Rien que cette rencontre, aussi brève avait-elle été, m'avait totalement perturbé.

« Merde, cette discussion me coupe l'appétit. Range tes moustaches, tu me stress. » Dis-je assez froidement en me levant tout aussi brusquement qu'elle, faisant ainsi racler la chaise sur le parquet dans un bruit sourd. Je prends mon assiette et la jette littéralement dans l'évier, encore assez énervé par la réflexion de ma soeur. Je me dirige vers le bar du salon, me servant ainsi un verre de Whisky. Les premiers mois loin de Devon avaient étés un enfer, d'ailleurs, à cette époque j'avais eu tendance à boire énormément. Je vais me positionner devant la cheminée, observant les flammes dansées devant mes yeux, alors que je jouais nerveusement avec le verre à moitié rempli.

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.

« Oh que si il en a fini, si il se pointe par ici, je le bouffe ! Même si ça implique que je finisse ma vie en caracal loin de toute civilisation, si ça peut te permettre de vivre loin de son emprise je n’hésiterais pas une seconde ! » L'animal en moi gronde brusquement, telle une menace envers les paroles de ma soeur jumelle. Malheureusement, ce fut plus fort que moi. J'avais beau fuir Devon, je l'aimais toujours et le lien qui unissait mon totem à l'alchimiste faisait en sorte que, instinctivement, j'allais le protéger de toutes menaces, y compris ma propre soeur jumelle. Je ne souhaitais pas faire de mal à Aileen, néanmoins, j'en étais foutrement capable si elle s'attaquait à mon mari. Ce lien était une réelle torture. Sans cesse partagé entre deux éléments, l'homme et la bête, je n'arrivais pas à me défaire de l'emprise du jeune brun. Quand j'étais loin de lui je vivais à moitié,quand il était là je vivais par procurations. En gros, j'étais sacrément dans la merde. « Fais gaffe à tes paroles Aileene..tu sais très bien ce que a peut engendrer comme conséquences. » Ma voix ressemblait plus à un grognement cas une voix humaine, alors que mes yeux avaient changés, laissant place à ceux de la hyène. Je sens mon poul s'accélérer vivement. Un combat mental faisait rage, alors que je tentais de ne pas perdre le contrôle de ce que j'étais au plus profond de moi. « Fait chier ! Toujours un truc qui fait tout foirée. » Oui, effectivement sur le coup elle avait totalement raison. Il y avait toujours quelque chose pour foirer nos soirées, malheureusement. Je bois une gorgée de ma boisson alcoolisé, cherchant à calmer mes ardeurs, mais également à reprendre mon calme. « Marre de me casser le derrière pour rien je vais prendre l’air. »

Je pousse un léger grondement. Quoi ? Elle allait prendre l'air à cette heure-ci ? Pas question ! Je fonce dans le couloir, alors que mon regard croisa celui du félin. Sérieux, elle allait sortir avec cette gueule là. J'ouvre grand les bras, alors que mes paroles sont froides et agressives. « Ben ouai, va-y ! Va montrer au monde entier ta gueule de félin histoire qu'ils sachent tous ce que nous sommes...Fais en sorte qu'on aille des emmerdes avec les Faë et leur règlement. Putain mais t'as un cerveau ou quoi ? » Il faut savoir une chose sur Aileene et moi...Quand nous nous disputons nous ne faisons absolument pas semblant...Je pouvais me montrer horrible dans mes paroles, le regrettant amèrement par la suite, tout comme elle. Néanmoins, entre les deux, j'étais sûrement celui qui était le plus impulsif niveau langage. Quand j'avais la haine je ne fermais pas ma gueule, laissant échapper ma colère sans réfléchir aux conséquences, comme maintenant. « Apprends à te contrôle Aileene, après tu te plaindra encore du fait que l'on dois déménager, qu'on dois se cacher. En même temps si tu te fais remarquer c'est normal ! Parfois je me demande si t'es doté d'une certaine intelligence ou si t'es simplement une putain d'imbécile. »

Je gronde avec une foutue violence. Sa y est, je perdais le contrôle et cela se voyait, s'entendait, se sentait. Je sens la douleur m'envahir. « Bordel de merde. » Je me plie en deux, refusant de me transformer, sachant inconsciemment qui si je me transformais ça serait pour attaquer ma soeur. « Dégage d'ici Aileene ! » Ce n'était pas une menace, non, plutôt une demande désespérée. La colère m'avait envahie, laissant une porte d'ouverture à l'animal agressif que je possédais en moi. Je vacille et me rattrape à un des meubles, le faisant tomber sur le sol. Je gémis légèrement, vacillant de plus belle. Je tombe alors à genoux, attrapant ma tête entre mes mains.

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.