Avalon passait de plus en plus de temps à la cour des faës, depuis qu'elle était suivie par Magyar elle passait beaucoup de temps là bas. Elle en profitait souvent pour fouiner dans les divers magasins, elle avait réussi à mettre la main sur un grimoire d'alchimistes passionnant et elle allait souvent faire un tour chez les apothicaires pour avoir de quoi se fournir pour ses poisons et antidotes. Tout cela expliquait pourquoi elle était rendu à l'atrium. Elle sirotait une boisson immonde que apparemment les faë adoraient. Avalon ne comprenait pas pourquoi ces bestioles buvaient de telle mixture. Mais selon Magyar c'était très bon pour le système immunitaire du bébé du coup elle suivait scrupuleusement à la lettre ce qu'il lui demandait, même si ça devait lui laisser un arrière goût amer dans la bouche.

Tout en se promenant parmi les parterre, évitant les faë virevoltantes, sirotant sa boisson, mordillant dans la paille. Elle tenait plusieurs bouquins sous son bras et traçait des formes inconnues sur son ventre qui se tendait doucement. Elle s'arrêta devant le petit lac, ça lui rappelait un petit peu trop douloureusement son mariage, pas si éloigné que ça. Rien que de penser à son mari disparu elle tordit la bouche et ferma les yeux pour chasser ses pensées tristes. Elle essayait de se maintenir la tête hors de l'eau, pour son bébé à venir, elle faisait donc son maximum pour ne pas penser à Mathis, ou alors seulement des bons moments.

Soudain on la bouscula et elle fit tomber ses livres mais retint de justesse son gobelet. Un leprechaun continua de courir sans s'inquiéter de l'avoir bousculer.

« Espèce de saloperie de fäe, on bouscule pas les femmes enceintes ! »

Oui ça va elle n'était pas encore ronde comme une planète mais n'empêche que c'était une bonne justification puis merde cet abruti de faë la laissait la en plan sans s'inquiéter de savoir comment elle allait. Puis ses bouquins bordel, c'est pas comme si ça coûtait que dalle, ils valaient une petite fortune. Elle se baissa tout en ronchonnant pour elle même, la jeune femme ramassa ses effets, tira un coup sur sa paille. C'était franchement immonde cette miction, elle allait lui dire le fond de sa pensée à Magyar sur cette chose abominable, et il allait comprendre qu'elle trouvait ça franchement dégueulasse.

Avalon empoigna son sac, ses livres et se redressa vivement bien décidée à rentrer chez elle. Sauf que encore une fois elle se fit bousculer. Heureusement elle tenait mieux ses livres mais cette fois elle n'allait pas laisser passer l'abruti qui venait de lui rentrer dedans. L'alchimiste se retourna brusquement, son alchimie partant déjà dans ses doigts et lui piquant la peau. Son cœur s'arrêta instantanément quand elle vit qui se trouvait en face d'elle et là elle laissa tomber tout ce qu'elle tenait.

« Oh bordel. »

Je m'étais réveillé ce matin sans personne dans mon lit. Mouai, Sonja était où d'ailleurs. Touchant l’oreiller de la Banshee, je remarque un mot déposé sur celui-ci. Je le lit la tête encore foutrement dans le cul. J'avais tendance à encore vivre « normalement », un temps d'adaptation était nécessaire pour les nouveaux Sidh et comme les humains je mangeais, je buvais, je dormais. Alors que cela ne m'était absolument pas nécessaire. Mais soit. Je lis donc le mot qui m'annonce que la jeune femme est partie plus tôt au boulot et me demande si je peux aller faire des courses. Mouai, c'était faisable. Je devais apprendre à contrôler mon empathie et donc, ainsi, me mêler aux autres. Je pousse un long soupire et m'étends comme un chat avant de filer sous la douche. J'allais aller faire des courses, certes, mais avant j'avais besoin d'aller faire mon sport quotidien. Me défouler, courir et m'isoler dans ma bulle bien à moi. Comme tous les matins je prend une douche – oui avant d'aller courir très intelligent mais soit – et enfile mes affaires de sports. Une fois prêt, je prends une bouteille d'eau et sors de l'appartement pour commencer à courir, mes écouteurs sur les oreilles. Faut dire que quand je courre je ne fais pas attention à grand chose. Cette nouvelle condition est nouvelle pour moi, je commençais une nouvelle vie, une nouvelle existence qui me faisait assez flipper. Entre le fait d'être une Banshee, de vivre éternellement et surtout de n'avoir aucuns souvenirs de ma vie antérieur...y a de quoi paniquer hein. Plongé dans mes pensées je heurte une personne et m'arrête directement.

« Oh, je suis désolé je ne regardais pas où j'allais. »

J'enlève mes écouteurs juste au moment ou la jeune femme fait tomber ses affaires sur le sol, comme choquée par la vision qui s'offrait à elle. « Oh bordel. » Je fronce légèrement mes sourcils. Le visage de cette femme me dit quelque chose mais sans plus, comme un sentiment de déjà vu très faible et peux intense. C'est une très belle femme. Un regard profond, un corps assez fin également, un visage presque froid mais qui actuellement dégageait une surprise sincère. L'idée qu'elle puisse me connaître ne me traverse pas l'esprit.

« Vous allez bien madame ? »

Dis-je calmement alors que, déjà, je me penchais pour ramasser ses affaires. Je ne transpirais pas du tout, étant donné que mon corps était scientifiquement mort. Pourtant, ma respiration était haletante comme si je venais de courir cent kilomètres. Je me redresse pour lui tendre ses affaires mais je ne vois aucune réactions de sa part. Ok, je suis tombé sur une cinglée...genre pourquoi elle me dévisage comme ça ? J'ai de la salade entre les dents ?

« Uhm....Vos...vos affaires... »

Depuis la mort de Mathis la jeune alchimiste était passée par beaucoup de phases, les phases du deuil. Mais pas du tout dans l'ordre dans laquelle elle les avait appris pendant ses cours. Elle avait été dans le déni, la colère, puis de nouveau le déni. La colère restait toujours à fleur de peau et maintenant elle était plutôt dans une phase d'acceptation partielle. Même si chaque soir elle rechutait dans la tristesse, dès qu'elle franchissait la porte de leur maison en fait. Elle n'arrivait toujours pas à dormir dans la chambre qu'ils avaient partagés, elle avait installé ses affaires dans une des nombreuses chambres d'amis mais elle passait beaucoup de nuit dans son ancienne maison. En fait elle n'avait plus mis les pieds dans la chambre qu'elle avait partagé avec Mathis depuis son départ. Comme si tout restait en suspend dans cette chambre, comme si il allait revenir un jour. Alors que c'était impossible, Sygrid avait fait ce qu'il fallait pour ça.

Voila plusieurs jours qu'elle se sentait un peu mieux, depuis que Magyar squattait son temps libre, depuis qu'elle c'était ouvert aux autres. C'était pourquoi elle c'était permis de flâner dans les jardins, pour essayer de revivre comme lui avait expressément demander son mari disparu. Sauf que là se faire bousculer deux fois ça n'allait pas le faire du tout. Mais tout s'arrêta, même son cœur quand elle se retourna. C'était tout bonnement impossible, elle en lâcha ses affaires et ses jambes se mirent à trembler. Chaque jour elle se répétait comme un mantra « Il ne reviendra pas. », et voilà qu'il se tenait devant elle. Mathis. L'homme qu'elle avait aimé plus que de raison, dont elle portait l'enfant, avec qui elle c'était marié et qui avait demander à une Phoenix de lui ôter la vie pour la protéger elle. Il se tenait là, s'excusant, de sa voix grave qui lui donne encore des frissons dans le ventre. Avalon est incapable de bouger, bon dieu il est vivant.

« Madame ? »

Elle répète bêtement. Comment est ce possible qu'il soit là alors que Sygrid lui a assurer qu'elle l'avait tué ? Pourquoi ne semble – t – il pas la reconnaître ? Avalon est littéralement sous le choc son cerveau semble s'être arrêter. Il se baisse et ramasse ses affaires et elle n'arrive pas à le quitter des yeux, elle a envie de pleurer, de lui hurler dessus, de le serrer dans ses bras. Ou tout à la fois. « Uhm … Vos … Vos affaires ... ». Elle les attrape machinalement et continue de le fixer, son cerveau ne veux pas accepter qu'il soit là devant elle. Non ça doit être une hallucination. Pitié faite que ce soit vrai et que ce ne soit pas un rêve.

« Mathis ? Putain Mathis dit moi que c'est bien toi. »

Elle n'a pas envie de se réveiller en sursaut dans son lit, il doit être vrai, il doit être là. Sinon ce sera encore pire, elle n'est pas sure de s'en remettre, c'est déjà bien assez dur comme ça. Mais pourtant il la regarde comme si elle était folle. Peut être qu'il à perdu la mémoire, une sorte de choc post traumatique. Bon dieu mais comment est – ce possible alors qu'il agonisait juste avant d'aller demander à Sygrid de le tuer ?

« Mathis je suis, bon dieu, je suis Avalon comment peut tu m'avoir oublier ? »

Je me sens mal...réellement. Le flux de ses émotions semble me frapper de plein fouet. Je n'ai pas encore appris à gérer cette partie de moi-même, débutant dans l'art d'être une banshee, je n'avais même pas encore appris à me transformer en cygne. « Madame ? » Elle semble choquée par ce terme, par le fait que je ne puisse la reconnaître, que je ne sache qui elle est. Pourtant, quelque chose en moi le me hurle que cette femme en face de moi est plus importante qu'une simple inconnue. Comme si mon cœur en lui-même tentait de me faire parvenir des informations que je refusais de voir. Non, je ne voulais pas, je ne voulais plus. Pour moi, dans mon esprit, si j'avais décidé d'oublier ma vie d'avant c'était pour une bonne raison. Hors, je pouvais deviner aux émotions de la jeune femme qu'elle avait fait partie de mon passé. Je lui tends ses affaires, cherchant un moyen de m'en aller le plus rapidement possible avant que cette situation ne dégénère. Je n'ai pas demandé à vivre cette nouvelle vie. Certes, j'ai accepté de revenir pour aider les vivants, mais cela impliquait-il que je doive renouer avec mes vieux fantômes ? « Mathis ? Putain Mathis dit moi que c'est bien toi. » Je me crispe d'avantage devant la détresse que je lis en elle. Elle est sous le choc, littéralement et moi je suis là, tel un débile mentale à chercher un moyen de m'évader. C'est injuste, c'est cruel de ma part et j'en suis conscient. Je ne suis pas là pour faire du mal aux autres, je suis là pour veiller sur eux. Il est temps que je prenne mes responsabilités et que je fasse face à celles-ci. Je baisse doucement les yeux, poussant un soupire assez bruyant.

« C'est moi. »

Que dire de plus. Oui, je suis bien Mathis Mathew, je suis bien l'homme qu'elle semble connaître. Nier l'évidence aurait été franchement puérile. « Mathis je suis, bon dieu, je suis Avalon comment peut tu m'avoir oublier ? » Avalon. Ce nom résonne dans mes oreilles, me secouant les entrailles comme un tremblement de terre. Pourtant, alors que certaines images tentaient de se frayer un chemin dans ma mémoire, la Banshee les arrêta net et refusa de me les faire parvenir, m'offrant un royal maux de tête phénoménale. Je pose une main sur mon front en grimaçant, sachant qu'au fond, le passé tentait de refaire surface et que mon présent, lui, refusait cette possibilité. Une guerre mentale pas très agréable, déboussolant et voir assez douloureuse.

« Je...je suis désolé j'ai...j'ai juste oublié. »

Je me frotte le front douloureusement et je fais un pas an arrière, cherchant à m'éloigner de la cause de ces maux. Je finis par relever les yeux vers la jeune femme, physiquement mon aîné c'est une certitude, mais pas non plus de vingt ans. Non, elle devait avoir quelques années de plus. Je laisse ma main retomber, alors que mon regard exprime toutes les excuses du monde. Je suis tellement désolé pour elle. Désolé qu'elle me soit tombée dessus. J'aurais dû quitter Ottawa quand j'en avais l'occasion, m'éloigner de cette ville qui m'avait vu mourir. Alors, je me décide à simplement lui dire la triste réalité.

« Je ne me souviens plus de vous...ni de personne d'ailleurs. Si vous me connaissez c'est que vous devez avoir eu vent de ma mort, je suis là en tant que Banshee. La Mathis que vous avez connus n'est plus. Je suis vraiment désolé, je ne souhaite pas vous faire du mal avec ses paroles, je cherche juste à vous éclairer. »

Je ne sais pas qui elle a été à mes yeux, ce qui me liais à elle. Étais-ce une sœur ? Une cousine ? Une amie proche ? Une ancienne collègue ? L'idée de la femme m’effleura l'esprit mais je repoussais cette éventualité, ça aurait été franchement pénible à supporter.

Avalon pensait connaître Mathis par cœur, elle connaissait les émotions dans ses yeux, savaient les deviner, elle connaissait ses gestes, la façon qu'il avait de se passer la main dans les cheveux quand il était inquiet ou contrarié. Mais là c'était un autre homme qui se tenait en face d'elle, c'était son mari mais sans l'être comme si quelque chose, sa nature profonde peut être, avait changer. C'était déroutant, et la joie et la stupeur qui la submergeait n'arrangeait pas son état de confusion. Elle aurait du utiliser son alchimie, elle aurait su dans l'instant ce qu'il était devenu mais elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Il se crispe devant sa détresse, depuis quand est – il devenu si froid face à elle ? Avalon ne conçoit pas qu'il ai pu l'oublier elle, qu'il ai pu oublier ce qu'ils ont enduré, la force de leurs sentiments. C'est au dela de sa compréhension.

Il tique un peu quand elle dit son nom mais elle continue de lire de l'incompréhension dans ses beaux yeux, de l'ennui aussi. Ça la met en rage mais l'espoir recouvre et étouffe pour le moment les sentiments néfastes. L'alchimiste à l'impression que son cœur va exploser dans sa poitrine tant elle est heureuse de le savoir en vie, de le voir en face d'elle, à portée de main. « Je...je suis désolé j'ai...j'ai juste oublié. » Le ventre d'Avalon se serre en même temps que son cœur. Ça lui fait horriblement mal de se rendre compte qu'il ai pu l'oublier. Il se recule mais Avalon ne le laisse pas creuser la distance et elle se rapproche, trop surement, mais elle ne peux pas le savoir si loin après ce qu'elle viens de traverser. Il s'excuse du regard alors qu'elle a l'impression que ses jambes vont céder sous son poids, elle voudrait lui pardonner, il est en vie c'est ce qui compte mais elle n'arrive pas à supporter le fait qu'il ai pu l'oublier.

Il s'explique enfin sur la situation et Avalon porte une main à sa bouche, choquée d'apprendre le nouveau statut de son mari. Une banshee. Alors il est véritablement mort mais il en est revenu. D'où surement la perte de sa mémoire. Avalon ne sais pas quoi faire, elle ne sait même pas comment réagir à une nouvelle aussi dévastatrice. Elle ne peux pas se résoudre au fait que le Mathis qu'elle ai connu n'existe plus, non Avalon ne s'est jamais laisser abattre, même quand il était malade. Elle fronce les sourcils, elle passera sa vie entière à tout faire pour qu'il se souvienne d'elle s'il le faut.

« Je … Je comprends. Je suis plus heureuse que n'importe qui au monde de te voir, de te savoir en vie, enfin en quelque sorte. »

Elle lève les yeux vers lui, le fixant farouchement, comme elle l'avait toujours fait avec lui avant, comme elle le ferait toujours quoi qu'il se passe, quel que soit son statut.

« Mais je ne suis pas n'importe qui, mon nom complet est Avalon Blackfield Mathew, je suis ta femme Mathis. Et je ne veux pas te bousculer mais s'il faut ça pour que tes souvenirs reviennent il faut que tu sache que je porte ton enfant. »

Levant sa main gauche elle montre le sublime solitaire en diamant qui orne son annulaire.

Elle ne laisse pas la distance se creuser entre nous, alors que moi, je tentais de l'imposer. Quand je recule elle avance assez près, trop près et je recule de nouveau assez sournoisement. Je ne souhaite pas lui faire du mal en reculant, non, ce n'est pas mon but mais ce rapprochement était bien trop soudain. Il m'en était inconfortable. Clairement. Elle semble choquée par mes paroles alors que je m'expliquais face à cette inconnue, pas si inconnue que ça apparemment. J'aimerais juste qu'elle fasse demi-tour et qu'elle m'oublie. Qu'elle comprenne que l'homme qui est en face d'elle n'est pas celui qu'elle a connu...j'aimerais juste avancer et ne plus jamais regarder en arrière. « Je … Je comprends. Je suis plus heureuse que n'importe qui au monde de te voir, de te savoir en vie, enfin en quelque sorte. » Je tique de nouveau en inclinant doucement la tête sur le côté. Bon, elle ne semblait pas être gênée par ma condition de fantôme. Enfin...fantôme est un bien grand mot. Les fantômes ne sont pas des êtres solides, hors, les Sidh pouvaient sans soucis vivre une existence dite normal auprès des humains. Je me gratte la tête en détournant les yeux alors qu'elle me fixe sans aucune gêne, ce qui une fois de plus, me mets franchement mal à l'aise. Je ne sais pas si autrefois je trouvais ça normal, agréable...mais pas actuellement, j'étais trop perturbé pour ressentir une quelconque émotions agréable. Je recule encore d'un pas très léger, cherchant une fois de plus à accentuer la distance entre nous vu qu'elle était toujours très proche de moi. « Mais je ne suis pas n'importe qui, mon nom complet est Avalon Blackfield Mathew, je suis ta femme Mathis. Et je ne veux pas te bousculer mais s'il faut ça pour que tes souvenirs reviennent il faut que tu sache que je porte ton enfant. »

Je vacille dangereusement...Donc, j'avais devant moi mon ancienne femme qui en plus était enceinte. Mon regard descend du son doigt à son ventre pour ensuite revenir vers son visage. Je recule, mais cette fois-ci plus précipitamment, comme si rester trop près d'elle me faisait souffrir plus que de raison. Et c'était un peux le cas. Mon esprit ne cessait de s'embrouiller encore et encore. J'avais l'impression que le ciel allait me tomber sur la tête. Non, que l'univers entier me tombait dessus d'une façon brutale, m'étouffant sous son poids.

« C'est impossible...c'est...je peux pas...c'est trop.... »

Dis-je en état de choc en levant les mains en l'air tout en m'éloignant encore et encore. Je finis par la laisser en plan pour tourner au coin de la rue, m'appuyant contre un poteau. D'accord, je venais de laisser en plan mon ancienne femme qui était enceinte et qui venait de retrouver son mari précédemment mort. C'est franchement dégueulasse de ma part. Pourtant, je ne comptais pas repartir là-bas, je n'en avais pas la force et mon état de banshee était en train de prendre le dessus face à mes émotions bien trop fortes. Je me mets à trembler, ayant comme cette sensation d'explosion dans ma poitrine. Mon cœur ne battait plus, pourtant, j'avais l'impression qu'il cognait bien trop fort. Une banshee sa peut avoir une crise d'angoisse ? Ben apparemment oui !

Il recule inexorablement, évitant d'être trop proche d'elle comme si il ne le supportait pas, comme si la simple présence l'indisposait. Et ça c'était foutrement douloureux pour Avalon qui avait toujours eu besoin de la présence de Mathis et de le toucher, de se rendre compte qu'il était bien réel. Avalon ne savait pas bien si elle était gênée par le fait que Mathis soit à présent un sidh a vrai dire sa surprise, son espoir et son bonheur de le voir ainsi devant elle gênait toute ses réflexions, elle n'arrivait pas à faire le point. Une fois qu'elle pourrait se poser peut être qu'elle pourrait réfléchir à la question mais pour l'instant elle avait juste envie qu'il la serre dans ses bras et qu'ils rentrent tout les deux chez eux. Mais apparemment il n'était pas du tout de cet avis. Elle avait l'impression qu'elle l'avait frapper quand elle lui avait révéler son identité et tout ce que ça impliquait.

Il vacille et son visage se transfigure et elle voit l'horreur passer dans ses yeux, et encore une fois elle à l'impression de se prendre un coup dans le ventre. Voir une expression pareille sur le visage de son mari est déchirant. Il recule et cette fois Avalon n'essaye pas de se rapprocher tant elle est blessée par sa réaction, alors ça fait ça quand la personne qu'on aime le plus vous repousse ? C'est insupportable comme sensation, elle a envie de lui hurler dessus, de le secouer pour qu'il se souvienne. Bon dieu qu'elle voudrait retourner en arrière, ne pas laisser Sygrid le tuer, ne pas avoir à supporter tout ça. Il à l'air de perdre complètement les pédales. « C'est impossible...c'est...je peux pas...c'est trop.... »

Il recule et Avalon ne sait pas quoi faire, elle ne sait pas si c'est une bonne idée de tout lui avoir balancer d'un coup mais que pouvait – elle faire ? Comment aurait – elle pu réagir devant son mari soit disant décédé de retour de l'au delà ? C'est beaucoup trop pour le pauvre petit cœur d'Avalon, et tout ce stress et cette inquiétude ne doit pas être bon pour le bébé non plus, il va falloir qu'elle en parle à Magyar. Il finit par s'enfuir pour de bon.

Avalon reste betement sur place, elle à l'impression qu'il viens littéralement de lui arracher le cœur de sa poitrine. C'est un autre homme qui viens de partir, jamais le Mathis qu'elle à connue n'aurait fait une telle chose, jamais il ne se serait enfui.

« MATHIS ! »

Elle n'a pas réussi à retenir son cri, cette douleur c'est encore pire que quand elle à appris son décès. L'ignorance est pire que la mort au final. Elle n'arrive plus à respirer ni à se tenir debout elle est obligée d'aller s'asseoir sur le banc le plus proche. Elle se prends la tête entre les mains, ne supportant plus de ressentir tout ça.  

J'ai vraiment du mal à réaliser ce que je fais, ce qu'il se passe. C'est comme si mon univers s'écroulait en quelques minutes. J'avais cherché à éviter ce moment, à ne pas me confronter à mon passé. Malheureusement, le destin semblait en avait décidé autrement. Combien de chances avais-je de tomber sur ma femme en ce jour? Une sur un million. Mais c'est ce qu'il venait de se passer. Malgré son cri je m'étais enfuis sans me retourner, m'arrêtant pour reprendre mes esprits. J'avais l'impression d'imploser de l'intérieur, de m'écrouler encore et encore sans jamais en voir le fond. Passant une main sur mon visage, je finis par regarder droit devant moi. J'avais deux options. Partir et abandonner cette femme qui portait mon enfant, tirant un trait définitif sur mon passé. Ou alors, faire demi-tour et assumer mes responsabilités, être au moins présent pour elle, mais surtout pour cet enfant qui était le mien. J'ai la nausée. Me penchant en avant, j'ai juste l'impression que je vais vomir toutes mes tripes. Mais non, les Sidh ne peuvent pas vomir. Heureusement, sinon j'aurais pu passer pour un gros con. Après plusieurs minutes je me redresse, prenant une grande inspiration, reposant les pieds sur terre. Je devais cesser de faire ma chochotte! Merde, je suis peut-être mort mais cette femme était dans une situation encore moins amusante que la mienne. Je passe une main dans mes cheveux et pris enfin ma décision. Je reviens sur mes pas... tournant cette même rue que j'avais pris en courant. Cherchant du regard Avalon, je finis par la trouver assise sur un banc, la tête entre les mains.

Je me mords doucement la lèvre et pousse un long soupire, approchant doucement d'elle, avec une lenteur inouïe. Une fois près du banc, je m'assois non loin d'elle, gardant néanmoins une certaine distance entre nous. Pour moi, elle restait une inconnue, n'ayant plus de souvenirs quelconques de notre vie ensemble. J'ouvre la bouche mais rien ne semble en sortir. Ma gorge est nouée, ça en est même douloureux. Je finis enfin par parler, la voix rogue et tremblante.

"Qu'attends-tu de moi? Je veux dire...il faut que tu comprennes que, pour moi, il n'y a plus de..."

Je regarde instinctivement mon doigt où trônait autrefois une alliance que j'avais soigneusement enlevé, la cachant dans le fond d'un de mes tiroirs à chaussettes. Oui, à l'heure actuelle c'était peut-être cruel à dire, mais je n'avais plus de sentiments pour cette inconnue. A mes yeux, elle n'était rien, absolument rien, même si au fond, je sentais ce lien bien présent. Comme une faible lueur vacillant dans les ténèbres, cherchant à illuminer des souvenirs que je me forçais à retenir. Je détourne les yeux en m'appuyant complètement contre le banc, passant sur le fait que je fréquentais une autre. Ce n'était pas le moment.

"Il faut comprendre que même si je suis là, nous ne pouvons plus recommencer là où nous nous sommes arrêtés. Cette vie n'est plus la mienne. Je suis désolé d'être aussi franc, mais c'est ainsi. J'aimerais juste me reconstruire, apprendre à vivre avec cette nouvelle condition."