Svetlana n'arrivait pas à fermer l’œil. Allongée dans son lit, elle ne cessait de regarder par la fenêtre, pensive. Cette ville était si étrange. Cette vie était si étrange, même. Depuis qu'elle y était arrivée, que des disparitions, les unes après les autres. La jeune femme ne savait pas quoi en penser. Elle avait de plus en plus de doutes, puis parfois, dans un moment d'égarement, se mettait même à penser que cela ne pouvait qu'être l'oeuvre de créatures surnaturelles... Avant de se reprendre tant bien que mal. « Non Svet. Tu délires là, arrête. » Un soupire s'échappait de sa bouche alors qu'elle se tournait et se retournait dans son lit. Puis, elle entendit son chien grogner. Aboyer. Et de nouveau, ces pensées macabres lui revinrent. Un crime l'avait particulièrement affectée il y a quelques jours. Une mort qui... Qui dépassait l'entendement. Comment un tel crime pourrait-il être l'acte d'un être humain ? Mais il n'y avait rien d'autre dans cette ville que des êtres humains. Elle tentait de s'en convaincre, tant bien que mal, en rappelant son chien à ses côtés. Elle tapota sur son lit, attendant qu'il vienne se coucher contre elle. « Ca va aller mon grand. Je sais que t'es un bon gardien, je sais. Tu attaques si quelqu'un s'introduit ici hein, compris ? Ou, à la limite, tu me ramènes mon pistolet. » Elle rit un peu. Elle lui parlait comme à un être humain, comme s'il la comprenait. Ah, sa campagne lui manquait tellement. Son village. Sa vie d'antan. Être agent de police est certes un travail d'exception, qu'elle n'échangerait pour rien au monde mais parfois elle... Juste... Elle se demandait si c'était la bonne voie à suivre. Tant d'horreurs, constamment. Il y avait de quoi se poser des questions, non ?

Mais, les questions ne l'empêchaient pas pour autant de faire son travail en temps et en heure. Difficilement, aux premiers rayons de soleil, la belle sortit de son lit. Et une nouvelle journée qui commence. Son petit-déjeuner tout comme sa toilette furent rapides : il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat, de toute manière Svet n'allait pas participer à un défilé de mode mais plutôt courir dans tous les sens histoire de sauver la veuve et l'orphelin. Alors pas besoin d'être zappée comme Victoria Beckam et coiffée comme une Kardashian, non ? Les cheveux détachés, un tailleur-pantalon comme toujours, et là voilà déjà partie après avoir confié la garde de Raspoutine à Luke, son voisin et dogsitter attitré du molosse. Eh bien quoi ? Le laisser seul, dans cet appartement, sans compagnie, sans promenades jusqu'à son retour ? Plutôt mourir. Hors de question. Elle ne l'avait pas ramené en ville pour le laisser dépérir.

Arrivée au travail, une pile l'attendait déjà sur son bureau. Un soupire lui échappa des lèvres. Bon sang, elle aimait son boulot, elle aimait vraiment son boulot, mais tout de même... Nonchalamment, elle se mit à les feuilleter, un à un. Elle en confierait sûrement certains à des collègues. Mais avant-même qu'elle n'ait eu le temps de parcourir la pile, on vint l'arrêter. Visiblement, elle allait avoir de la compagnie. Svet releva les yeux, laissant le dossier qu'elle avait dans les mains sur la table. C'était... Une jeune femme. Blonde. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Puis, avant même de la laisser reprendre, Svetlana se corrigea elle-même. « Une disparition suspecte... ? » Depuis quelques temps, elle s'occupait tout particulièrement de ce genre d'affaires. Ce ne serait donc pas étonnant que cette jeune femme soit là pour la raison que la russe vient d’énoncer.