Siam était si naturelle et spontanée, elle lui apportait une sorte de légèreté dans cette vie qu’il avait. L’étudiant s’était tant habitué à toujours régler au millimètre près chacun de ses gestes, chaque mot qu’il prononçait que ce soit pour être bien vu ou pour arriver à ses fins. Cependant, il se rendait compte que la présence de la jolie blonde était presque contagieuse, il se sentait bien en sa compagnie et ne se contrôlait pas tout le temps, se permettant parfois de parler avec presque tout autant de spontanéité également. Mais cela ne lui réussissait pas toujours. Il avait réellement cru avoir vexé la jeune femme au tout début, se rendant peu à peu compte qu’elle n’était pas sérieuse. Cela non plus ne faisait pas partie de ses habitudes ; que les autres se jouent de lui, même si ici c’était fait sans arrière pensée et de façon discrète et agréable. Il était lui-même surpris ne pas s’être senti acculé, maniaque du contrôle comme il était, affolé dès que quelqu’un avait un geste qu’il n’avait pas prévu. Devon préférait simplement se résoudre au fait que Siam restait malgré tout insaisissable, mais plutôt que de prendre cela comme un défi, il préférait s’en amusait et apprécier ce côté imprédictible de l’aide-soignante.
Petit à petit, leur conversation dévia sur ses études, plus une manière de se défiler de questions plus intimes. Est-ce que ça se voyait tant sur son visage qu’il allait mal ? Il avait appris à garder une image souriante peu importe ce qui se passait dans sa vie, mais à croire que pour une fois, le coup était encore trop dur à encaisser entièrement. Il arrêta à temps un soupir désespéré, préférant pousser son registre vers la demoiselle et lui proposer d’y jeter un œil. Elle était mignonne à le regarder ainsi. « Je ne risque pas de comprendre grand-chose mais… » Le jeune étudiant ne put s’empêcher de rire doucement, émiettant grossièrement un biscuit sur son assiette avant de les manger une à une. « Vas-y, certains étudiants tueraient pour l’avoir. » plaisanta-t-il à moitié, tout en lui lançant un clin d’œil complice. Certains gens de sa promotion étaient assez intenses dès qu’il était question d’études après.

« C’est compliqué ! J’ai étudié un peu l’anatomie pour mon diplôme de véto. Mais j’imagine que tu dois posséder une sacrée rigueur pour encaisser … ça ! » Il sourit tout en ramenant le classeur vers lui, l’abandonnant à ses côtés d’un geste distrait. Il n’avait surtout rien de mieux à faire qu’étudier pendant ses journées, encore plus ses derniers mois. Puis la question tomba à nouveau. Est-ce qu’il pouvait toujours dire qu’il avait une vie privée ? Surement que non, mais pour des raisons différentes. « Je… » Elle l’avait pris au dépourvu, pensant qu’elle ne lui parlerait plus de choses plus intimides. Il baissa les yeux vers sa tasse, ne trouvant plus rien à dire pour se défiler. Au final, Siam saura bien la vérité un jour, lui-même comptait le lui dire quand il se sera assez rapproché d’elle-même s’il ne savait pas comment. Il risquerait de paraitre suspect aussi à ce moment là s’il ne révélait pas le moindre sur sa vie privée. « En fait, je suis marié… » Un simple murmure. Son alliance, c’était autour de son cou où elle pendait précieusement jusqu’au jour où il pourrait la remettre avec fierté à son doigt. Ce jour lui semblait de plus en plus loin. « Mais la personne que j’aime ne veut plus de moi, j’ai reçu les papiers du divorce il y’a quelques semaines. Je les ai jetés à la poubelle. » ajouta-t-il en se forçant à rire, une moue boudeuse sur le visage. Il n’avait jamais dit ça à qui que ce soit et réalisait pour la première fois tout son désespoir face à cette situation.

Devon soupira avant de passer une main dans ses cheveux. Il finit par hausser les épaules, comme s’il se fichait totalement de cette situation, sachant parfaitement qu’il n’était en rien crédible. « Au moins, j’ai beaucoup plus de temps pour bosser maintenant que je n’ai plus de vie amoureuse. »

Raconter ses problèmes à haute voix, c’était vraiment une expérience assez bizarre pour lui. Il ne se voyait pas se confier aussi vite, accepter de montrer ses faiblesses à cette jeune femme. Ce n’était pas tellement son genre. Devon préférait de loin sembler fort à tout moment, donner l’image d’une personne qui peut rester de marbre devant tout. Généralement, il réussissait assez bien à le faire. Mais événements passés étaient un peu trop dur pour lui, ce n’était pas quelque chose qu’il se sentait capable de traverser seul. Malheureusement, il ne pouvait dire qu’il avait réellement un soutien au tour de lui. Devon n’étant pas le genre à se faire des amis, préférant plutôt manipuler les gens, les utiliser puis les jeter. Quand à sa famille, il valait mieux ne pas en parler. Oui, ils étaient soudés, toujours ensemble devant le pire. Mais ils étaient tous plutôt heureux devant cette séparation. Ses parents n’avaient jamais beaucoup Ciàran, lui assurant à chaque fois qu’il valait plus qu’un simple Berserker, qu’il avait besoin d’une alchimiste jolie et talentueuse à ses côtés. Ils ne pensaient qu’à leur descendance, ce qu’il pouvait parfaitement comprendre pour être honnête. En tout cas, il ne pouvait vraiment discuter de cela avec ses parents ou ses frères et sœurs. Et il se rendait compte qu’il n’avait personne à qui se confier et que l’envie se faisait oppressante. Pour la première fois, le jeune étudiant en médecine se dit que ce n’était peut-être pas si mal que cela d’essayer d’avoir une relation sincère avec quelqu’un. Et c’était tombé sur Siam, qu’il appréciait déjà énormément en tant que personne et non seulement en tant que belle-sœur qui n’était même pas au courant de son rôle.

Les premiers mots furent difficile à prononcer, il n’arrivait pas à aller dans tous les détails mais malgré tout, cela lui fit énormément de bien de pouvoir parler, raconter un peu ce qu’il avait sur le cœur….et peut-être avoir par la suite un conseil, un avis externe d’une personne qui se pensait être pour le moment loin de tous ces soucis. Devon ancra son regard dans celui plus clair de la belle blonde. Il savait qu’il avait du la surprendre avec ses mots. C’était difficile de l’imaginer déjà marié, surtout pour un étudiant en médecine. Il l’entendit soupirer et lui offrit un simple sourire, comme pour s’excuser de lui avoir raconté tout cela. D’un côté, il n’avait pas envie de lui imposer ses problèmes. Il ne fallait pas la faire fuir. « Whaou… moi qui te voyais comme un super-héros. En fait, t’es juste humain. » Le jeune homme rit doucement, passant une main nerveuse dans ses cheveux bruns. « Je suis juste un humain, oui. »[/b][/color] confirma-t-il en souriant, un peu tristement. Sa condition d’alchimiste ne changeait pas vraiment cela. Les choses auraient surement été plus faciles s’il n’avait été qu’un simple homme sans histoires et sans héritages derrière lui. En même temps, Devon ne pourrait jamais abandonner son pouvoir si on lui disait que Ciàran lui reviendrait après cela. Il préférait agir de lui-même.

Il lâcha un soupir avant d’attraper sa tasse, buvant le peu de boisson qui lui restait encore. Est-ce qu’il devrait s’en commander une autre ? Cela allait devenir stressant pour lui de rester assis là sans pouvoir s’occuper les mains avec quoi que ce soit. Il hocha simplement de la tête quand la jeune femme lui dit être désolée, ce n’était pas de sa faute de toute façon. « J’suis nulle… je sais jamais quoi dire dans ces cas-là. Consoler les gens, c’est pas mon truc. Mais si je peux me permettre d’être franche, je crois que tu devrais peut-être envisager le divorce. Pour passer à autre chose… Et si la vie doit te ramener ton mari, alors elle le fera. »

Il la trouvait adorable à essayer de le consoler ainsi, peut-être qu’elle n’était pas douée comme elle le disait mais pour Devon qui n’avait pas l’habitude d’avoir le réconfort des gens, c’était déjà beaucoup. Le simple fait qu’elle lui prête une oreille attentive était quelque chose pour lui. « Ce n’est pas la vie qui me le ramènera, c’est moi-même. » répondit-il d’une voix dure, les sourcils froncés, il ne se rendit compte qu’après de son ton. C’était toujours difficile de son contrôler quand il évoquait son mari. Il se pinça les lèvres et ferma les yeux un instant, tentant de retrouver son allure de bon enfant. « Je l’aime, tu sais…C’est la seule personne que j’ai réellement aimé dans ma vie et je sais qu’il m’aime. Je ne veux pas qu’un malentendu nous sépare. » confia-t-il plus doucement, ses lèvres formant une moue boudeuse. Il balança sa tête en arrière le temps de quelques secondes avant de reposer les yeux sur la blonde.

« Et toi alors ? Tu as quelqu’un ? » Confidence pour confidence, rien n’était totalement gratuit avec lui. Il lui lança un regard à la fois espiègle et enfantin, comme si sa triste d’ici un instant à peine n’avait jamais existé.