Nom : Svensen n'a pas toujours été son nom. A dire vrai, elle en a possédé une infinité, tous provenus d'époque et de sociétés différentes, tous issus de peuples et de pays différents. Telle une enveloppe sans appartenance terrestre, son âme céleste ne cesse de se renouveler et de se vêtir de nouvelles appelations. A croire qu'elle n'a aucune accroche, et qu'elle se laisse porter par les ères qui passent. Et à chaque siècle qui s'achève, elle sombre, pour des ombres renaître, elle, phénix de l'obscurité, revient au monde sans jamais l'avoir quitté. Prénom(s) : La seule trace de son existence humaine est son prénom. Circé. Elle ne sait plus pourquoi, elle ne sait plus comment elle s'est appelée ainsi. Mais c'est ainsi qu'on la nomme. Peu de gens connaissent son véritable prénom, d'ailleurs. C'est un secret, un trésor, une boîte de Pandore. Mais ce prénom qui la hantera toujours, qui restituera toujours à ce monstre une part d'humanité, c'est Angelica. Le prénom de sa fille. Celle qu'elle aimait jusqu'à la déraison, jusqu'à l'attendre par-delà la mort. Jusqu'à prendre son identité pour ne jamais oublier qui elle était, qui elle sera. Appelation : Si son prénom demeure un mystère, le surnom qu'on lui a donné, lui, est légendaire. Un mythe qu'elle est devenu au fil des siècles. Les ombres se sont épaissies autour d'elle pour que tous ses semblables puissent enfin la connaître. Ils ont quasiment tous entendu parler d'elle. Peu ont vu son visage, peu connaissent sa réalité, mais elle est bien là, elle existe bien. Noirceur, ainsi les anciens la nommèrent. Celle que l'on ne voit pas, mais qui, pourtant, est leur plus belle représentation. Elle porte fièrement cette étiquette, et s'en sert la plupart du temps lorsque, par hasard, elle rencontre l'un de ses semblables. Âge : En apparence, Circé est une femme qui a déjà vécu quatre décennies. Longues décennies où elle a enduré l'horreur de ce nouveau millénaire. Mais, elle est bien plus âgée qu'il n'y paraît. 1 339 hivers ornent son existence. Toutes les lourdes dates de notre Histoire, elle les connait. Elle les a vu prendre vie sous ses yeux. Et malgré les apparences, elle n'est plus étonnée de ce que les Hommes sont capables d'accomplir. Date de naissance : 677. Année dont personne ne se souvient, et qui n'a marqué les esprits que d'un chiffre sans valeur réelle. Et même si la Dame s'est éveillée en ce monde en cet an, elle n'a aucun souvenir de la date exacte qui lui correspond. Nationalité : Si les années ont eu raison des origines de Circé, elle a fait sa vie dans plusieurs pays. Le dernier en date est le Canada, où elle a élu domicile depuis des siècles afin de suivre sa descendance. Origine(s) : L'Âge de Fer. En Suède, il n'y avait aucun nom de pays. A cette époque, il n'y avait rien. Seulement les mines, seulement les foules de villageois dont les glaives se lèvent vers les cieux. Âge d'apparence : 41 ans pullulaient sur le visage de Circé lorsqu'elle a trouvé la mort. Mais on les voyait à peine... Entre les bleus et les plaies. Date de la mort : La Faucheuse la prise sous son aile un soir de l'année 718. Mais ces jours sont encore sombres dans la mémoire de la morte, elle qui ne se souvient que du néant qui l'encerclait. Sous-espèce : Noirceur est une Ombre de renommée. Tout le monde la connaît, lorsque chacun connaît l'Histoire de son espèce. Les Ombres sont ses ombres, et les Banshees la redoutent, malgré leur évidente force. Métier (études) : Malgré le fait que Circé n'aie jamais rien appris sur les bancs de l'école, elle est capable de beaucoup, car son existence lui a permis de connaître énormément de choses. Aujourd'hui, elle a acquis l'hôtel de luxe d'Ottwa : le Fairmont Château Laurier. Il forge lui aussi sa légende, et même dans le monde des humains, Circé a de plus en plus de poids dans la société. Niveau social : Des années et des années lui ont permis de construire sa fortune. Même si l'argent n'est pas son premier besoin dans la vie, elle a su pallier ses intérêts avec ceci. Statut marital : Circé n'a jamais connu l'amour et ne souhaite pas le connaître. Véritable miroir de glace, elle préfère de loin créer l'illusion. Ainsi, peut-être, peut-elle se protéger de ce qu'elle a enduré autrefois. Orientation sexuelle : Circé n'a pas de désir. Rares furent les cas exceptionnels où elle se sentit attirée par une autre personne. Mais elle sait reconnaître la beauté lorsqu'elle la voit, qu'elle soit présente chez un homme, comme chez une femme. Avatar: Sarah Paulson   Crédits: Tumblr Personnage: Scénario | Inventé Petites curiosités Famille et proches - Autrefois, Circé a eu une fille. Angelica. Son ange, comme l'indique si bien son nom. Son échappatoire, son issue, la nouvelle raison de son existence médiocre. Elle était tout. Et puis... Circé est morte. Elle a attendu son enfant pendant des années, des années, qui furent si longues, qu'elle ne put les compter. Jusqu'au décès d'Angelica. Elle aurait souhaité la retrouver dans la mort, être à ses côtés pour l'éternité. Mais cet espoir fut balayé par l'absence et son poids. Et depuis lors, Circé regarde avec attention ses descendants grandir. A chaque nouvelle naissance, elle pose une main délicate sur le torse du petit, et lui souhaite la meilleure existence. Elle attend, elle prie. Car peut-être un jour verra-t-elle l'une d'entre elles se relever d'entre les morts, pour venir auprès d'elle. Une seule déjà est venue. Une seule, et son nom fut Ottilya. Puis, enfin, elle. La meilleure. La bonne. L'unique. Diane. Elle est la seule qu'elle voit comme sa véritable fille. La seule qui peut aisément se faire passer pour elle, tant la ressemblance est frappante. Diane, son étoile, sa lumière. Circonstance de la mort - Coup. Viol. Coup. Coup. Viol. La vie de Circé n'a jamais été plus belle. Si, en fait, le jour de la naissance d'Angelica. Sa fille, celle pour qui elle a donné sa vie. Malheureusement pour elle, ce ne fut que sa perte également. C'est pour laprotéger que Circé s'est jetée sur cet homme. Leur geôlier. Leur agresseur. Un seul regard tourné vers son enfant, et le destin était scellé. Circé s'est jetée sur lui, et l'a mordue. Jusqu'au sang. Cette simple morsure fut passible de jours d'isolement. Coup. Viol. Viol. Coup. Coup. Coup. Encore. Toujours. Jusqu'à la mort. Alignement moral - Lorsque la mort a pris Circé, elle s'est relevée avec elle et s'est dressée vers la lumière. Mais une chose, une seule, l'appelait au-delà de tout. Angelica. Comment aurait-elle pu la laisser seule face à cette existence qu'elle-même avait vécu auparavant ? Coups et viols la heurtèrent à son tour. Une naissance, encore. Et Circé qui l'observait, en silence. Que pouvait-elle réellement faire ? La libérer ? Elle en avait le droit. Mais elle ne souhaitait guère libérer les autres. Non, elle voulait faire ce qu'elle désirait, mettre en oeuvre toutes ses forces pour sa propre famille. Pas pour les autres. Et ce fut là son choix. Points faibles - Si nombreux furent les ennemis qui traversèrent les ères de Circé, peu ont trouvé les failles qui la rongent. En premier lieu, il est pourtant aisé de comprendre que sa descendance est sa plus grande faille. En particulier celles qui se sont relevées à ses côtés : Ottilya et Diane. Ses Anges Noirs. Quiconque tenterait de s'en prendre à elles ne pourraient pas même se cacher dans les ombres. Elle les retrouvera tous. Elle est également facile à mettre en colère lorsqu'il s'agit de violence et de viol envers une femme. Si elle a refusé son rôle de Banshee, elle n'hésite pas à agir lorsqu'elle constate les dommages d'un homme.

 


 qualités
 Enigmatique
 Charismatique
 Puissante
 Calme
 Protectrice
 Aimante
 Douce
  défauts
 Glaciale
 Vénéneuse
 Manipulatrice
 Joueuse
 Rancunière
 Vengeresse
 Antipathique
 

Marionnettiste des ténèbres, elle est celle qui fait danser les ombres, et que l'on ne voit pourtant jamais. Maîtresse de l'illusion, elle est celle qui disparaît dans les flammes des tourbillons. Circé, amère enveloppe glacée. Elle est un vestige d'un temps trop ancien pour avoir réellement existé. Les méandres de ses souvenirs s'imbriquent les uns aux autres, et se volatilisent en un millier de diamants. Quelques flashs lui arrachent encore la grimace, et elle se couche près des braises pour oublier que sa carcasse fut souillée. Son âme n'est que le brouillon difforme d'un peintre saoul, d'un pinceau brisé. Elle est un tableau jamais terminé.

Les roses de ses mirages ne sont que la pâle imitation de son hystérie secrète. Leurs épines, une image énigmatique de sa colère. Elle est un monstre de vengeance, un esprit qui ne cesse de frapper. Elle est une étreinte à la gorge des condamnés. Elle n'est qu'une chimère, un rêve de beauté, avant le néant de la mort. Le calme olympien de l'ouragan n'est qu'un silence miroitant de grâce. Dans ses cendres se déchirent l'agonie et l'angoisse. Circé est l'apocalypse et l'odyssée. Elle est l'utopie et le chaos. Pour ces enfants qu'elle tient contre son sein, pour ces prisonniers qui brisent de leurs mains. Elle est de ceux qui conduisent le Mal vers l'obscurité totale. Elle est la voyageuse sur le Styx, à jamais partie, sans jamais arriver. Sur les eaux troubles de la brume, elle inspecte l'horizon et cherche en vain les Enfers qui lui tendent les bras. Et lorsqu'elle entend les flammes hurler son nom, elle n'entrevoit jamais leur chaleur mortelle.

Elle est le prédateur qui attend le piège refermé pour s'approcher de sa proie. Elle est celui qui ne mord jamais, qui garde dents serrés, malgré le désir ardent d'arracher la vie. Elle est la Poésie, le violon, l'asphyxie. Elle est milles notes de musique qui s'approchent en chantant pour enserrer le cou des voyageurs égarés. Elle est milles gouttes d'eau qui rafraîchissent l'homme du désert, qui le noient ensuite dans le sel et les vagues. Elle est la Mort qui ne porte pas de nom, qui n'a pas de visage. Elle n'est que la chanson d'un mélomane, promettant l'étreinte éternelle. Elle n'est que la glace de la charogne, elle n'est que celle qui voit l'âme quitter le corps.

Parfois, elle baisse les yeux aux détours du crépuscule. Parfois, elle regrette cette vie où on lui prit la sienne. Parfois, elle désire trouver la Mort qu'elle emploie si souvent. Rencontrer Cerbère, et le laisser transformer ses lèvres morbides en lambeaux de chair. Elle prie pour que le linceul flotte sur ses lourdes épaules. Mais elle n'a que de choix de regarder le néant dans les yeux. Elle n'a d'autre choix que de laisser milles âmes mourir dans cent pétales de roses noires. Alors elle se détourne de cet astre pur et vierge, et elle retourne à cette tâche qu'elle seule peut désormais accomplir, qu'elle seule veut désormais porter. Elle, firmament d'étoile brisée, éclipse éternelle, disparaît dans un écho gelé.

Circé est née dans les pays scandinaves, avant l'ère des Vikings. Tuant sa mère lors de l'accouchement, elle ne connaîtra jamais son père. Elle a d'ailleurs un frère aîné, Helven, qu'elle ne verra jamais non plus, ou du moins, de son vivant. Considérée comme une enfant démoniaque selon les traditions de son peuple, elle est enfermée et emprisonnée pendant toute sa vie. D'abords élevée par une sage-femme dure et froide, à partir de ses 16 ans, elle est quotidiennement violée et violentée par plusieurs hommes du village. Ils viendront plusieurs fois par semaine pour la voir.

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A l'aurore, elle ouvre les yeux. Elle n'est qu'une masse immobile dans les champs de blés qu'est l'Humanité. Un brin doré que tout le monde s'évertue de toucher. Balayée par milles brises, pourtant, sa racine demeure ancrée dans les minerais qui nourrissent sa vie. Qui est-elle, et qu'a-t-elle donc fait pour être ainsi punie ? Le sort que les Dieux lui ont offert n'est qu'un crépuscule sans fin, dont la lune n'éclaire rien. Une nuit noire infinie, où nulle lumière ne peut la guider. Pantin de fer que les massues n'ont pas encore réduit en poussière. A jamais brûlée par les flammes de l'Enfer, elle est une plaie béante sur un corps déjà mort. Le sang qui s'en écoule n'a depuis longtemps plus d'intérêt pour quiconque. La terre elle-même refusera de s'en repaître, car sa puanteur n'a d'égal que sa couleur déconfite. Enfant déjà, elle n'a jamais connu ses parents. A-t-elle un jour reçu une quelconque marque d'affection ? Elle n'en connaît que l'illusion, que le rêve d'un jour pouvoir comprendre le sens de ce terme invisible.

Où sont les puissances dont on lui a enseigné la vertu ? Où sont les anges qui posent un regard éternellement bienveillant sur leurs enfants ? Au-delà des nuages, elle imagine un Eden, mais ne peut s'empêcher de le voir aussi noir que la nuit. N'y a-t-il donc qu'un souterrain en guise de salut ? Elle ne sait plus. Elle ne se souvient que de la couleur du ciel. Elle ne se souvient que de la couleur de la nuit. Elle n'a jamais revu le ciel, depuis qu'elle a été enfermée ici. Il n'y a que les murs de cette chambre qui régissent sa vie. Que se passe-t-il, là-bas, au dehors ? Que disent les hommes, que murmurent les femmes ? A quoi jouent les enfants qu'elle aurait aimé connaître ? Cette cage de bois n'est qu'un Univers sale. Elle n'est qu'une bête enfermée pour ses mérites. Un animal milles fois dépecé. Qu'attendent-ils d'elle ? Que veulent-ils de cette sauvagerie imaginaire ? Elle l'ignore. Elle ne sait plus rien. Elle ne connait que ce lit, que ce tapis, que le visage de ces hommes qui viennent lui rendre visite la nuit. Elle ne saurait même reconnaître leurs visages. Elle se souvient simplement de ce qu'ils font de son corps détraqué.

« Dieux, qui que vous soyez. Si vous existez réellement, ayez pitié de son âme innocente. » elle murmure en fixant le plafond qu'elle imagine d'un bleu infini. Les chimères dansent en son myocarde affolé. Elle n'est qu'une pathétique fillette, encore, toujours. Quel âge a-t-elle, et à quoi ressemble-t-elle ? Elle ne le sait pas. Trop d'années se sont écoulées, des centaines, peut-être. « Je vous en prie... Si vous ne pouvez, si vous ne voulez me sauver... Prenez-le. » Ses muscles se tendent, et chaque firmament qui les constitue s'hérisse. Sa gorge est enserré par les mains de la tristesse, et des larmes viennent danser sur ses iris. « Prenez-le sur-le-champ. Qu'il ne vive pas ce que j'ai vécu. » Sur son ventre arrondi par les mois qui passent, elle plaque une main réconfortante. Au creux d'elle-même, l'enfant se blottit contre elle, fermant les yeux pour oublier qu'elle mêle cris et pleurs, dans la nuit. « Pitié.. Pitié, qu'il meurt plutôt que de subir une telle vie... » Dans ses propres perles elle se noie. Un sanglot lui écrase la cage thoracique, et le bébé est secoué par le tremblement. « Tuez-le... Ayez pitié, ayez pitié... Tuez-le... »

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Circé tombe enceinte à l'âge de 23 ans. Malgré ses tentatives pour perdre l'enfant, qu'elle désire avant tout protéger de cette vie, elle donnera naissance à une petite fille dans sa cabane, neuf mois plus tard. Elle la nomme Angelica, et elle devient la nouvelle étoile de sa triste vie. Cachant l'enfant des yeux de ses agresseurs pendant des années, ils subviennent à ses besoins également, et Circé sait depuis longtemps ce qu'ils prévoient ensuite. Lorsqu'elle atteint ses 15 ans, et que Circé se croit encore à l'abri, l'un des hommes décide de s'en prendre à l'adolescente. Circé se jette alors sur son agresseur, et le mord jusqu'au sang. Cela lui vaudra le reste de son existence dans une cellule close, sans lumière. Elle est battue et violée, si fort qu'elle finit par en mourir. Elle est ramenée par la Mort, qui lui offre une place de Banshee. Elle refuse, souhaitant s'occuper uniquement de sa famille.

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Qu'ils broient sa chair, qu'ils meurtrissent ses os. Qu'ils la tuent, s'ils le souhaitent. Qu'ils l'envoient milles lieues sous terre, qu'ils la punissent pour sa propre existence. Que pourraient-ils faire de pire ? Que pourraient-ils encore lui faire qu'ils n'ont déjà fait ? Leurs mains ont décimé sa vie. Leurs sourires ont détruit son âme. Seule sa fille, sa précieuse enfant, fut synonyme d'une lumière constante. Une étoile, un astre réchauffant le monde entier, les océans, les forêts, les champs de blés. Et la elle ne disparaissait jamais, pas même lorsqu'elle la cachait sous son lit, et que les hommes entraient en éteignant toute source de luminosité. Angelica ne fut jamais en danger, jamais. Du moins, lorsqu'elle fut une enfant. Si son instinct de mère la sauva maintes fois de leurs agresseurs, Circé savait qu'un jour, ils viendraient pour elle. Ils viendraient pour la plaquer à son tour au sol, et faire de sa vie la même.

« Je ne peux pas la laisser. » disait-elle à la Mort. Après avoir rejoint la Faucheuse sur son trône macabre, Circé s'est retournée. Chose qui ne s'était produite qu'encore peu de fois, elle a fait demi-tour. Car même si la mort l'a prise pour sauver son enfant, elle ne peut laisser Angelica. Elle ne peut partir pour remplir le rôle qu'on lui offre. Elle se doit de protéger sa progéniture. La seule qu'elle aura jamais. A son retour, des années, déjà, se sont écoulées. Depuis longtemps les bleus ont marqué le visage de sa précieuse enfant. Et avant même de pouvoir l'approcher pour tenter de la libérer, Circé a vu ses deux nourrissons. Des jumeaux, des garçons. Enfin. « Ils auront une chance. » lui dit-elle, la berçant contre sa poitrine glacée. « Ils auront une chance. » répète-t-elle pour l'aider à trouver le sommeil qui la rejette.

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Devenant une Ombre, elle attend Angelica dans la mort, mais elle ne viendra jamais. Demeurant auprès de sa famille pendant des siècles, Circé ne prend absolument pas part au monde qui l'entoure. Elle n'est qu'un véritable fantôme ne prenant la peine d'apparaître que dans les moments les plus opportuns. Elle commence à maîtriser ses pouvoirs, et à les utiliser contre celles et ceux qui souhaitent faire le mal autour de ses descendants. Elle prend l'habitude de veiller sur les enfants et leurs parents. Elle vient d'ailleurs à chaque naissance souhaiter la bienvenue en ce monde au nouveau-né.

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La lune n'est pas un guide, elle n'est qu'une traîtresse pure aux milles rayons mortels. Sa beauté n'a d'égale que sa cruauté. Les Hommes ne cessent de la contempler, admirateurs de ce qu'elle incarne, de cette blancheur miraculeuse qui berce l'obscurité. Mais Circé a toujours vu clairement le visage de la nuit. Elle l'incarne au-delà de cent ombres noires. Elle est celle qui ne dort jamais. L'insomnie qui observe les jours se lever, puis se coucher, les nuits tomber, puis s'évaporer. Elle erre sur les terres désolées. Et dans les flammes de ses illusions, elle cherche un refuge où s'égarer. Dans les plumes des couvertures, elle s'immisce et se glisse, anguille démoniaque aux écailles tranchantes. Elle caresse la peau fragile des enfants, et murmure à leur oreille des rêves colorés. Elle est un cygne aux apparences de corbeau. Aussi funeste que le néant, les hommes la fuient, et les enfants lui jettent des pierres. Et dans leur sommeil salvateur, elle vient chanter quelques berceuses qu'ils n'entendront jamais.

L'herbe sèche lui caresse tendrement les pieds, chatouilles silencieuses qu'elle ne sait plus apprécier. Rien n'a désormais plus de saveur. Les aliments sont d'un plat total. Les odeurs ne sont que de vains parfums. Et seuls les rires des enfants peuvent apaiser ses démons. Le vent se lève, la neige derrière elle se déploie de ses ailes immenses. La lune se voile d'un lourd drap de suie. Quelques rosiers gravissent les cieux en quête de l'astre qui les étrangle. Dans leurs lits, les hommes et les femmes dorment d'un sommeil lourd de cauchemars. L'Ombre approche dans l'obscurité, et ils ne sentent pas que la Mort chevauche derrière elle, encapuchonnée sur son défunt cheval. Lorsque l'Ange Noir pose délicatement les yeux sur l'enfant, il sourit. Il se poste au-dessus de lui et l'observe avec attention. Il l'accepte en son âme déchirée. Il l'enfonce dans sa cage thoracique, avec tous ces autres qui l'ont précédé.

Sur sa poitrine, elle dépose une main glacée. Il ouvre les yeux pour la fixer. Pour la première fois depuis de nombreuses naissances, l'enfant ne pleure pas. Il fixe l'inconnue au visage familier. Ses yeux azurés papillonnent au feu d'une bougie. Circé laisse quelques grains de sable les encercler, et dans le tourbillon, elle se penche davantage vers lui. « Bienvenue en ce monde, très chère Ottilya. Que ton existence soit heureuse et douce. Et que dans la Mort tu trouves la glace de mon étreinte. »

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Ottilya est sa nouvelle âme-soeur. Dans les ténèbres, elle la rejoint. Etrange coïncidence, mais l'Ombre s'épaissit et Circé la voit comme sa fille promise. Si la ressemblance n'est pas flagrante, elle sait que l'enfant éternelle ne l'abandonnera jamais. Avec elle, elle parcourt les pays alentours. Elle fait face à ses congénères, observe le monde d'un oeil soudainement intéressé. Et c'est grâce à sa compagne qu'elle prend conscience de l'ampleur de sa nature. Rejetée par la plupart de ses semblables, elle se réfugie dans l'idée de changer les choses, de faire évoluer son espèce par tous les moyens possibles. C'est d'ailleurs l'attaque d'une Banshee sur sa propre progéniture qui la pousse à s'investir dans cette idée étrange.

Le monde change. Elle le sait. C'est avec la Souveraineté des Faës qu'elle s'entretient. Rejetées, les Ombres n'étaient alors que des spectres dénués d'émotions, annonçant la mort par les pires moyens possibles, et créant le chaos sur l'Humanité. Mais elle prouva par milles secrets, par milles réponses, et par sa précieuse Ottilya, que toutes n'étaient pas ainsi. Les exceptions existent, n'est-ce pas ? Par procuration, elle signa le traité selon lequel aucune Ombre ne créerait d'ennui à la Souveraineté. Elle le signa du nom de Noirceur, pour qu'ainsi, personne ne puisse la retrouver, ni la reconnaître. Mais les nouvelles vont vite, et son nom ne fut jamais oublié, ni même son visage, par ceux qui furent présents ce jour-là. Crainte, ou aimée, tous se souviennent de ce qu'elle est, de ce qu'elle a été.

Ottilya fut sa plus grande perte. Elle la vit fuir son étreinte, elle la vit vivre sa vie. Qu'avait-elle raté ? Peu importait, elle était de nouveau seule. Elle perdit une autre enfant. A croire qu'elle ne pourrait jamais retrouver sa précieuse Angelica.  S'installant définitivement au Canada, elle prit possession de l'hôtel de luxe, poussant son ancien propriétaire au suicide. Et sa vie fut ainsi faite. Une litanie sans fin. Jusqu'au jour... Où elle trouva Diane. Elle... Son apogée. Son éternité. Sa promesse. Et il n'y eut plus qu'elle...

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Les ombres chantent dans leurs murmures une litanie silencieuse. Et dans l'agonie de la Dame du Soir, elles dansent au ralenti, frêles silhouettes qui veillent à l'apogée de son nom dans les ténèbres. Circé est perdue dans un monde dont elle ne saisit pas les méandres, elle se laisse aller aux courants des océans de son âme. Elle contemple l'obscurité et son horizon, dessine dans sa tête le lointain sourire de Diane, d'où le crépuscule se lève aux contours de ses lèvres. La voie qui mène au pourpre de sa bouche n'est qu'un mirage désarticulé. « Où es-tu.. ? » susurre-t-elle au coeur de la brise. La lune gondole, et l'Univers avec lui. Souffle quelques cristaux de glace aux milles symétries, dont les ailes se déploient et chassent la véhémence de son myocarde immobile. Circé les observe s'envoler vers la nuit infinie, leurs formes se figer en une masse minuscule, et qui s'accrocheront éternellement au plafond du monde. « Où es-tu.. ? » caressent les constellations.

Circé n'est qu'un fantôme dans une vie fragile. Elle a couché dans ses larmes d'encre toutes les déchirures qui meurtrissent sa chair. Et comme le monde tourne sur ces commissures, elle ferme les yeux pour les laisser l'engloutir. Si les ouragans sont ses enfants chétifs,  et les cyclones ses plantes vénéneuses, face à cette espérance lancinante, elle n'est qu'une pâle feuille d'automne emportée par quatre vents. « Maman.. Où es-tu.. ? » et son souffle glacé la balaye en un nuage blanc. Sa peau craquelle sous les cent hivers qui s'abattent sur elle. Se fissurent ses muscles, se brisent ses os. Elle n'est qu'une essence mortifère en proie au temps qui passe. La rafale l'emporte, et elle tombe dans le vide. L'astre angélique s'éloigne de ses prunelles miroitantes. S'inondent ses joues quand son bras se tend vers l'azur noir. « Je suis là.. » et le cri se mue en un étranglement sourd. « Diane, je suis là.. » mais les ailes de l'ange se saisissent déjà de son nouveau coeur. Des kilomètres se muent en années lumières, et Circé se noie dans le funèbre. Son seul refuge demeure sa propre illusion.

Lorsqu'elle ouvre les yeux dans cette réalité, la flamme des bougies est soufflée par la Mort. Elle tombe, à genoux, contre le parquet. Elle n'est qu'un monstre dont la veillée se termine. Le cauchemar se casse contre les murs, et elle hurle aux typhons toute la colère qui porte désormais son nom. Son visage vénéneux disparaît derrière ses mains tremblantes. Des milliers de pétales de roses pleuvent sur la chambre. « Je ne peux te perdre, toi aussi.. » Dans son regard désormais vide d'une quelconque essence, elle se plonge un instant où le monde semble s'être stoppé de plein fouet. Sur le corps de cette femme qu'elle a tenté de guider, elle dépose une main protectrice. « Je suis désolée. » Sur son front, elle applique un baiser, et de ses lèvres frémissantes perlent quelques gouttes de pluie. L'orage gronde au-dessus d'elles, alors qu'elle ferme à jamais les paupières de cet être qu'elle a aimé. « Adieu.. mon Amour. »