Je n'en revenais toujours pas… Cette situation m'était trop étrange et faisait de moi, une Sidh de trois ans plus jeune. Perdue, différente, amoureuse, et se sentant encore trop vivante pour accepter cette nouvelle réalité. J'avais fait un bond de trois ans en arrière… Réellement. J'en avais mal au ventre !

Sygie' m'avait confié un nouveau Sidh, une toute nouvelle Banshee ! Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris que c'était Mathis, l'homme qui s'était marié à une alchimiste que ma sœur connaissait, et le mariage auquel nous avions été conviées toutes les deux… De plus, c'était le fils de Mathis A. Mathew, mon premier mentor et surtout, mon premier amant en tant que Banshee... Je crois que je suis sérieusement maudite par cette famille car, mon cœur s'éprend gravement de ce nouveau Sidh… Seigneur ! Qu'ai-je fait pour tomber leur succomber aussi facilement… ?!

Lors de son mariage, je n'avais même pas pris la peine d'aller saluer les mariés. Bien entendu, Avalon et Mathis m'y ont vu, je le sais. Mais les choses ont fait que je ne suis pas restée… Déjà, à ce moment-là, je savais qu'au premier regard que j'avais posé sur lui, quelque chose d'étrange s'était passé dans mon ventre… Mais lorsque l'amour se mêle aux nouveaux instincts de Sidh, je n'ai pas su dissocier les deux. De toute façon, je n'étais vraiment pas à mon aise dans cette foule. Il y avait trop d'espèces différentes pour moi. Mes entrailles ne supportaient pas cette diversité et c'est surtout pour cette raison, que j'ai rapidement quitté la cérémonie. Bref. Je ne savais pas que j'étais déjà tombée amoureuse de lui. Mais lorsqu'il est arrivé en tant que Banshee, la tête vide de tous souvenirs, alors là, dans sa nouvelle nature, je su tout de suite discerner ce qu'il se passait en moi. J'étais tombée complètement amoureuse de cet homme, debout, à côté de ma sœur, en me regardant la bouche entrouverte et sans cligner des yeux… Son parfum, sa respiration, tous les détails ma parvinrent en même temps… Je fus frappée par la foudre.

Aujourd'hui, c'était le deuxième jour qu'il était sous ma ‘protection'… J'avais passé la matinée à l'université. Normalement, je devais y rester toute la journée, mais malheureusement pour moi, je n'arrivais pas à me concentrer sur ce que je faisais. Je n'étais en aucun cas, productive ! Je faisais tout de travers… Même mes collègues m'ont suggéré de rentrer chez moi, me jugeant trop ‘bizarre'. Et la décision tomba lorsque je renversai ma tasse de thé sur mon clavier d'ordinateur ! Bon… Là, c'était terminé pour moi aujourd'hui. Il était temps que je rentre. Mon travail allait devoir attendre !

Sur la route, je déposai mon ordinateur chez un réparateur et je partis faire quelques courses pour remplir le frigo de notre maison. Alors que mon appétit commençait doucement à diminuer, je savais que mon état de Banshee était en train d'évoluer… Même si cela ne faisait que trois ans, j'avais néanmoins déjà perdu le goût de certains aliments, et de fait, je commençais petit à petit à perdre cette envie de manger, de me nourrir comme un humain…

En rentrant chez nous, les paquets aux bras, je sentis qu'il était là… Je me rendis rapidement à la cuisine pour déballer les paquets, le plus silencieusement possible. Mais même si je fus la plus discrète qu'il soit, je savais bien au fond de moi qu'il me repérerait… Il sentirait ma présence à tous les coups, comme moi je sens la sienne… Je ne voulais pas. Je refusais d'admettre ce que j'étais en train de ressentir pour lui… Et pourtant. C'est le genre de sentiment qui prend le dessus sur la raison, lors que la distance physique se réduit davantage… Seigneur. Pourquoi ?!

Si seulement je m'étais attendu à ça...Déjà, j'étais revenu d'entre les morts pour devenir une Banshee. Genre, vous voyez les fantômes qui gueulent comme des putois à la mort d'un humain. Ben c'est moi. J'avais encore du mal à m'y faire, je devais bien l'avouer. Je ne me souvenais pas de grands choses, voir de pratiquement rien quand il s'agissait de mon humanité. A mon réveil j'avais été accueilli par Elliott, ensuite, je m'étais souvenu d'une adresse et d'une frimousse rousse. Sygrid, qui je le savais, avait un rapport avec mon ancienne humanité. De là, parce que oui, ce n'est pas fini. La Phoenix m'avait refilé à sa sœur, qui elle...et bien, je ne saurais l'expliquer. Je ne me souvenais pas d'avoir croisé son chemin durant ma vie d'humain, pourtant, cette fille, cette banshee. Ça avait été radicale. Comme un coup de poing dans la gueule qui m'avait remit les pieds sur terre. Je me souviens ne pas avoir pu décrocher mon regard du sien, alors que j'admirais ses yeux pétillants. Sa sœur avait foutu le camp à la première occasion, ce qui au fond, m'avait arrangé. C'est ça le coup de foudre ? Je n'en avais aucunes idées, j'étais complètement perdu. J'étais mort depuis seulement quelques jours, ça me tombait dessus sans prévenir et maintenant je me retrouvais plongé dans le tourment de mes sentiments. Depuis, Sonja m'avait également pris sous son aile, ainsi que Elliott, j'étais bien entouré...Malheureusement, je commençais à peine ma transition en fantôme et semblait très peux m'y accoutumer. Je mangeais toujours comme un humain, j'essayais de vivre comme tel. Je ne l'étais plus. Humain. J'avais l'impression de ressentir une foule de sentiments contradictoires, cette empathie de malheur allait me bousiller de l'intérieur. Du coup, je passais mes journées enfermés, préférant le calme et la mauvaise humeur de Sygrid qui passait de moins en moins de temps à l’appartement...

Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. Assis devant la télévision, je zappais de chaîne en chaîne, cherchant quelque chose à regarder. J'avais été faire mon petit sport du matin, ça m'aidait à évacuer toute la frustration et les inquiétudes que je possédais ses derniers jours. En rentrant, il n'y avait plus personne. Sonja était partie et Sygrid n'avait pas passée la nuit ici... Étrangement, je me surpris à tirer une moue boudeuse en ne sentant pas la présence de la Banshee. J'allais prendre une douche assez rapide, enfilant des vêtements propres. Enfin, quand je dis vêtements, je parle d'un pantalon sans plus. J'avais la manie de me promener sans tee-shirt, je ne savais pas d'où cela me venait, mais c'était ainsi. Soit. J'avais donc passé ma journée à flâner entre le frigo et la télévision, m'ennuyant fermement, espérant que la jolie rousse face rapidement son apparition. Je la sens avant même qu'elle n'entre dans l'appartement. C'était un truc de fou ! Je me redresse rapidement, comme poussée par une attraction que je ne pouvais expliquer. Elle était silencieuse, malheureusement pour elle, elle ne pouvait pas échapper à mon radar. Me mordant légèrement l'intérieur de la joue, je me dirige vers la cuisine alors qu'elle était en train de déballer les courses qu'elle avait dû acheter.

« Tu rentres tôt... »

Ce qui n'était absolument pas pour me déplaire. Sans vraiment le réalisé je viens me positionner à ses côtés, posant mes fesses sur le plan de travaille, je lui offre un sourire assez doux. Apparemment, les Banshee sont sujettes à s'apprécier mutuellement, hors, il y avait bien plus que de la confiance et de l'amitié entre nous. Je suis peut-être mort et revenu récemment, néanmoins, je ne suis absolument pas con ! Ma vie d'autrefois avait été effacée, d'ailleurs, l'alliance qui ornait mon doigt à mon réveille avait finie dans un tiroir. J'avais été marié, enfin, c'est ce que laissait envisager le bijoux, mais c'était autrefois...A présent, j'étais un autre et je ne me souvenais de rien. Du coup, c'était plus facile pour évoluer dans l'avenir. Je passe une main dans mes cheveux tout en regardant la jolie rousse. Mon dieu, cette fille est vraiment magnifique, franchement. Je devais avoir l'air con à l'observer de la sorte. D'ailleurs, quand je m'en rend compte, je détourne la tête en toussotant.

« Ta sœur n'est pas rentrée cette nuit...si vous voulez je peux demander à Elliott pour dormir chez lui. »

Bien que l'idée de m'éloigner de Sonja ne m'enchantait guère, je ne voulais pas déranger plus que nécessaire...Je n'avais nulle part où aller. Je devrais peut-être commencer à chercher un endroit où loger...Mais une fois de plus, l'idée de m'éloigner de la banshee ne m'était pas vraiment acceptable pour l'instant. Je saute sur le sol et attrape quelques courses que je vais mettre dans le frigo. En revenant, sans vraiment le vouloir, je frôle la jeune femme et mon corps est parcouru d'un frisson révélateur.

Sa présence. Lui. Il était là, pas loin. Tout proche… Mon cœur se mit à battre d’un rythme un peu plus rapide que ce matin. La pression dans mes artères se fit davantage plus forte, ce qui fit monter un peu de sang dans mes joues qui rosies quelque peu. Même si je le savais, je refusai d’être la prisonnière de mes pulsions. Son : « Tu rentres tôt… » me fit sursauter intérieurement. Je n’osai pas le regarder, mais je m’étais tout de même redressée en souriant dans sa direction et en disant : « Oui… Petit problème technique à l’unif’… » Lui adressais-je en restant volontairement vague. J’avais bien remarqué, sans même l’avoir regardé dans les yeux, qu’il était torse nu. Mon dieu… Une délicate odeur de savon émanait de lui. Il sentait bon la douche… Il avait vraiment tout pour me faire flancher.

Il vint se positionner à côté de moi, s’asseyant sur le plan de travail. De la chaleur commence à naître dans mon ventre. Hors, je sais que je n’ai pas faim… Je crois savoir ce que c’est, mais encore une fois, j’essaye de ne pas y penser. Il toussota avant de me dire : «  Ta sœur n’est pas rentrée cette nuit… si vous voulez je peux demander à Elliott pour dormir chez lui. » Étonnée par cette réflexion, j’eus une réaction spontanée d’un : « Quoi ?! » étonnée. J’arrêtai donc mon rangement de courses pour enfin oser le regarder. Il sauta sur le sol et rangea quelques produits frais dans le frigo. Je trouvai cette idée presque absurde ! Il était sous ma protection, même si Elliott était son ‘mentor’, Sygie’ m’avait chargé de veiller sur lui. J’avoue que je ne savais pas trop pourquoi elle tenait à le tenir éloignée de sa femme. Mais plus les jours avancent, et plus cette question tend à s’effacer dans mon esprit, puisque des sentiments plus forts que la confiance et l’appréciation mutuelle et instinctive des Banshees, étaient en train de naître en moi, vis-à-vis de lui. Je savais que j’étais en train de tomber amoureuse de lui. Je sais que je l’aime. Mais cette idée d’aller vivre chez Elliott, ne me plaisait pas. Mais alors pas du tout ! Mais en même temps, le lui dire, c’était lui avouer ce que j’éprouvais.

J’attendis qu’il se retourne du frigo pour le regarder droit dans les yeux et, un peu mal à l’aise, je lui demandai : « Tu sais, si c’est l’absence de Sygie' qui t’inquiète, rassures-toi, ce n’est pas de ta faute… Disons qu’elle resserre ses liens avec Gaby’ donc, ce n’est pas étonnant qu’elle passe de moins en moins de temps ici… » Lui affirmais-je. J’avais trouvé la répartie pour lui dire qu’il n’était pas obligé de partir et qu’il ne sache pas mes sentiments envers lui, même si j’étais en train de le dévorer des yeux, littéralement.

« Oui… Petit problème technique à l’unif’… » Ah bon ? Je me retiens de lui en demander d'avantage. La curiosité est un vilain défaut, pourtant, quand il s'agissait de la Banshee j'étais d'une curiosité vraiment étrange. Avec qui était elle ? Que faisait-elle...qui fréquentait-elle. Tellement de questions que je n'osais pas spécialement poser, de peur qu'elle me trouve trop intrusif dans sa vie. Du coup, je gardais le silence sur celles-ci, j'attendais le bon moment pour lui demander des réponses. Peut-être qu'avec le temps je pourrais me le permettre, mais là, c'était trop tôt. Puis, elle faisait ce qu'elle voulait non ? J'étais pas son mec, juste un nouveau revenant qui avait fait irruption dans sa vie sans lui demander son avis. Charmant. Elle ne semblait pas mal prendre la chose, non, elle était vraiment adorable avec moi et d'une grande patience. Parce que bon, au fond, je devais encore tout apprendre. J'étais un enfant parmi les grands qui tentait de trouver sa place. Une goutte d'eau dans un océan de Banshee.

« J'espère que ce n'était rien de grave. »

Je lui parle alors de sa sœur et du fait qu'elle n'était pas rentrée, qu'on la voyait de moins en moins souvent. Je me sentais assez coupable, pensant que c'était de ma faute. Faut dire que je squattais l'appartement et ne laissais plus vraiment d'intimité aux deux sœurs. Je me faisais à ma condition mais vraiment lentement. Rien que cette empathie qui me submergeait sans cesse me rendais fou, comme si les sentiments des autres me submergeait ici et là, se mélangeant à mes propres émotions. Je n'avais pas encore réussis à me transformer en cygne, d'ailleurs, je n'avais pas spécialement essayé. Je passais de la forme solide d'humain, à la forme translucide de Banshee quand une émotion bien trop forte s'emparait de moi...ça avait le don de m'exaspérer.« Quoi ?! » Je tourne les yeux vers elle assez légèrement alors que je sautais du plan de travaille pour ranger quelques affaires dans le frigo. Elle semblait étonnée par ma requête, alors que moi, je la trouvais assez normal. Après tout, elle avait une vie. Puis, elle devait peut-être envie d'inviter des garçons chez elle...Cette idée me révulsa brusquement, alors qu'une pointe de colère envahi mon être. Rien que de penser à Sonja avec un autre c'était...il n'y avait pas de mots pour décrire ça.   « Tu sais, si c’est l’absence de Sygie' qui t’inquiète, rassures-toi, ce n’est pas de ta faute… Disons qu’elle resserre ses liens avec Gaby’ donc, ce n’est pas étonnant qu’elle passe de moins en moins de temps ici… » J'avais plongé mon regard dans le sien, écoutant ses paroles. Donc, ce n'était pas de ma faute, enfin, pas entière.

« Oui, mais...tu sais si t'as envie d'inviter des gens ou même je sais pas... » Allait crache le morceau. « ...des garçons aussi et que ma présence t'en empêche, je trouverais cela injuste pour toi... »

C'était une manière comme une autre d'en savoir plus sur sa vie de jeune femme et non de banshee...Je passe une main dans ma nuque alors que je tente de paraître normal, sauf que bon, la tension dans mon corps était complètement visible. Je sens son regard sur moi et j'en frissonne d'avance. Les Sidh sont capable d'avoir froid ? Non, du coup, je n'allais pas pouvoir mettre ce frisson sur la chaleur ambiante de la pièce. Je croisais donc les doigts pour qu'elle ne l'aille pas remarquer. Immobile devant le frigo, je ne la lâchait pas des yeux, comme si mon regard semblait hypnotiser par le sien. Là de suite, j'ai envie de m'avancer vers elle pour briser cette distance qui nous sépare. Je suis paralysé.  

Il me regardait, droit dans les yeux. Nos regards ne pouvaient pas se décrocher l’un de l’autre. C’était étrange, comme une attraction dangereuse qui m’attirait vers lui. Le cœur battant de plus en plus fort, il ne bougeait pas. Il était paralysé, j’étais tétanisée. Il y avait une chose dont j’étais sure, c’est que je ne voulais pas qu’il parte. Je ne supporterais pas de le voir partir… Mon cœur se serra à l’idée… J’en avais presque des nausées rien que d’y penser.

Il me répliqua : « Oui, mais...tu sais si t'as envie d'inviter des gens ou même je sais pas... … … des garçons aussi et que ma présence t'en empêche, je trouverais cela injuste pour toi... ». Au premier abord, je trouvai sa pensée plutôt généreuse. C’était gentil d’avoir ce genre d’empathie envers moi. Il se souciait de bon confort. Mais lorsqu’il ajouta « …des garçons » je compris notamment ce qu’il avait derrière la tête. Je baissai les yeux et me mordis la lèvre inférieure. Encore une claque du passé qui revient à la surface ! Ma vie d’humaine n’avait vraiment pas été un exemple au niveau relationnel… Et là encore, je me retrouvais confrontée à mes erreurs antérieures… Je n’avais donc pas le choix de lui parler de ça ! Génial… J’allais très certainement gagner des points avec ça moi… ! Je croisai les bras, en regardant le sol et en lui disant : « Tu sais… depuis ma mort, j’évite de sortir avec n’importe qui. » Lui avouais-je. Cela sous-entendait que ma vie n’était pas très reluisante et qu’il y avait beaucoup de chose dont je n’étais pas fière et que j’essayais de garder pour moi. Ma mort, je la considère comme une réelle deuxième chance. Si j’en suis là aujourd’hui, ce n’est pas pour rien. Et je dois bien l’admettre, ma vie sentimentale ressemble d’avantage au chaos que l’apocalypse lui-même… La preuve, ma mort même. Être assassinée par les mains de son propre compagnon, c’était la morale de mon histoire. Bref ! Je me rendis compte que dans ma réplique, cela sous-entendais que je ne comptais plus avoir de relation sentimentale. Du coup, il fallait que je rajouter quelque chose pour éviter de mentir par omission : « Enfin. Je veux dire que j’aimerais me consacrer à une relation disons…. plus sérieuse. » Lui avouais-je. En effet, j’avais déjà assez donné dans les abrutis durant ma vie. Ma mort n’allait pas être pareille !  De plus, j’avais envie que cette relation soit complète. Que la deuxième personne ressente la même chose, qu’on partage réellement une histoire à deux. Ressentir ce que je ressens en ce moment pour lui. Même si j’étais amoureuse de lui, je savais que j’avais en face de moi, une personne mariée. Je ne pouvais pas me permettre de vivre cette fameuse histoire avec lui. Il avait déjà vécu cette fusion que je recherchais, même s’il ne s’en souvenait pas. C’était ça que je cherchais. J’étais prête à me battre pour ça. Mais en même temps, j’étais prête à me battre pour lui. En somme, je suis perdue. Je ne sais pas quoi faire. Seigneur !

Je décroisai les bras, me forçant à sourire et à reprendre le contacte avec son regard et j’ajoutai : « Rassure-toi, ta présence ne me dérange absolument pas ! Au contraire. Ça me rassure d’avoir quelqu’un à la maison, avec la présence aléatoire de Sygie’. » Finis-je par lui dire. J’étais honnête envers lui, même si je ne lui disais pas tout, encore.

C'était comme si son regard m'hypnotisait littéralement...J'étais comme pris dans ses yeux, le cœur battant la chamade. Enfin, c'est ce que j'avais l'impression de ressenti, vu que, cliniquement, j'étais mort. C'était étrange de ressentir des émotions alors que j'étais décédés. Je tentais de ne pas trop y penser, de ne pas me dire que ma réelle place était dans un foutu cercueil bouffé par les asticots. Dégueulasse. Mais non, à la place j'étais là devant Sonja, Banshee et en train de crever d'envie de l'embrasser. Ce n'est absolument pas logique. Comment pouvais-je ressentir ça pour elle alors que je la connaissais à peine ? C'est terrible quand même et ça me fait peur. Néanmoins, même si j'ai peur, ça ne m'empêche pas d'aimer ce sentiment d'incompréhension. J'ai juste envie de vivre à cent pour cent, de continuer à exister pour être à ses côtés. De l'aimer. Oui, c'est exactement ça, j'ai envie de l'aimer. Elle croise les bras devant elle et baisse les yeux sur le sol, détachant ainsi nos regards. Je regrette déjà de ne plus être plongé dans ses yeux, de m'y perdre, de m'y fondre...« Tu sais… depuis ma mort, j’évite de sortir avec n’importe qui. » Outch...violent ça. Je ne peux m'empêcher de détourner les yeux. Ouai, je l'avais pris pour moi cette réflexion. D'ailleurs, je n'arrivais pas à répliquer quelque chose de peur de dire une sacré connerie. Je me mords doucement la lèvre, essayant de ne pas prendre mes jambes à mon cou pour fuir de la pièce. « Enfin. Je veux dire que j’aimerais me consacrer à une relation disons…. plus sérieuse. » Soulagement totale...Je peux enfin respirer. Je relève légèrement les yeux vers elle et on peux carrément sentir que je me suis décrispé d'un coup. Bon, c'était déjà ça...Elle ne refusait pas l'éventualité d'avancer de nouveau avec quelqu'un. Avais-je le droit d'espérer ?

« Oui je comprend. Ben, au moins la mort est un moyen de recommencer à zéro, d'oublier sa vie passer et de commencer une nouvelle page blanche... »

Sous entendu peux dissimuler avouons-le...Oui, j'avais été marié. Et alors ? J'étais mort la phrase du « Jusqu'à ce que la mort nous sépare » m'avait clairement délivré de cette union. Du coup, que pouvais-je bien y faire ? Je n'allais pas courir après mon passé, je n'en ressentais clairement pas l'envie. J'avais envie de recommencer à zéro. Je n'étais plus un humain j'étais une Banshee, du coup, je voulais juste être ce que je suis. Point. Rien de plus et rien de moins. « Rassure-toi, ta présence ne me dérange absolument pas ! Au contraire. Ça me rassure d’avoir quelqu’un à la maison, avec la présence aléatoire de Sygie’. » Je souris calmement à ses paroles, essayant de ne pas trop montrer la joie que me procure celles-ci. Je passe une nouvelle fois ma main dans mes cheveux, essayant de rester sur place, sauf que...c'était mission impossible. Mes pieds avaient déjà commencés à me mener vers Sonja sans que je ne puisse le réaliser. Doucement, je m'arrête à quelques centimètres de la jeune femme. Putain je faisais quoi là ? Posant mon regard dans le sien, je dépose une main sur sa joue avec une délicatesse étonnante.

« Sonja je... »

Je quoi ? Je suis désolé parce que je vais t'embrasser ? Ben ouai, bingo ! J'approche mes lèvres des siennes et viens les déposer calmement pour lui offrir un simple baiser bref. Ok, si je m'en ramassais une je comprendrais directement que ce n'était pas une chose à faire...mais en attendant j'attendais de voir !

Alors que je venais de lui confier que ma mort était pour moi une deuxième chance de partager ma vie sentimental avec une personne qui partageait entièrement mes sentiments, donc, une relation plus sérieuse, il me rassura lorsqu’il répliqua sa totale compréhension : « Oui je comprends. Ben, au moins la mort est un moyen de recommencer à zéro, d'oublier sa vie passée et de commencer une nouvelle page blanche... ». Au moins, il comprenait ce que je ressentais et ce que je projetais. Mais dans sa phrase, je senti tout de même un sous-entendu par rapport à sa propre condition. Jusqu’ici, j’avais quand même été assez égoïste en pensant tout d’abord à retenir mes propres sentiments, vis-à-vis de cet ancien humain marié. Mais lui ? Voulait-il réellement retrouver son passé ? En réalité, j’avais surtout peur de la réaction de son ancienne femme… Moi ? Banshee ? Avoir peur d’une alchimiste … ? Eh bien oui. J’ai certains points faibles et si jamais elle voulait s’en prendre à moi, elle n’hésiterait pas une seconde. Et trouver moins points faibles, c’est comme le nez au milieu de la figure, ça se voit directement. Sygie’ est à sa dernière vie en tant que phœnix et la prochaine fois qu’elle meurt, ce sera pour de bon. Perdre ma sœur, reviendrait à perdre ma raison de vivre – après la mort. Ce serait perdre tout le sens de mon immortalité… Tout ça cogite dans mon subconscient et je sais très bien qu’un jour, je serai en très mauvaise position si jamais j’osais espérer avoir une relation sentimentale avec Mathis… Sans parler de son père !

Mais lui… Je ne pensais pas qu’il considérait lui aussi sa nouvelle vie au-delà de sa mort, comme une seconde chance ! Comme une nouvelle histoire à écrire sur un page blanche ?! Oserais-je seulement espérer qu’il l’écrive avec moi ? Faire totalement abstraction du passé ? S’écrire une vie à deux… ? Avec cette réflexion, j’eus l’espoir de m’imaginer avec lui…

Après l’avoir rassuré sur sa présence à lui ici, par rapport à celle, totalement aléatoire de Sygie, il s’approcha de moi. J’avais relevé les yeux vers lui lors de sa dernière phrase. Plus il se rapprochait, plus mon cœur battait fort. Pas vite, mais fort ! Comme si j’étais en train de vivre la scène au ralenti, il vint poser sa main sur ma joue.  « Sonja je... » Et très délicatement, il vint déposer ses lèvres sur les miennes. Je le laissai faire. C’était presque inespéré de constater que lui aussi était attiré ! Je fermai les yeux, dégustant avec plaisir ce tendre moment. Il se recula après m’avoir embrassé et j’avais gardé les yeux fermés, fronçant les sourcils, affrontant mes derniers efforts pour lui résister. Alors que cette attirance mutuelle entre Banshee était bien plus que ça, je songeais. En tout cas, je m’efforçais de songer à ce que nous pourrions devenir… ! Pendant une seconde, je me mordis la lèvre inférieure, pour récupérer cette autre salive que la mienne, qui humidifiait mes lèvres… J’ouvris enfin les yeux pour le regarder et mettre ma main sur ma bouche, comme si je venais de faire une bêtise… Mais j’étais encore possédée par ce que je venais de ressentir lors de ce contacte inespéré et inattendu. C’était comme une évidence pour moi à présent. Je savais que je l’aimais. J’en étais toute retournée et persuadée. Je savais dès à présent que je pourrai retourner le monde entier pour lui…

Mes derniers efforts de résistance vis-à-vis de ma raison empathique s’évanouissent enfin… après quelques longues secondes de contemplation. J’avais enfin terminé de réfléchir et je savais ce que je voulais. Je le voulais lui. Je lui sautai au coup, pour l’embrasser plus sincèrement et presque plus furieusement. J’avais envie de lui. De le sentir, de le toucher, de l’embrasser,… Je le voulais, je le désirais ardemment !  J’avais accepté son délicat baiser après beaucoup trop de temps de réflexion. Mais au moins, il me fut révélateur ! Il déclencha en moi, ce terrible désir.
J’avais passé mes bras autour de son coup pour pouvoir mieux l’embrasser, comme une furie…

Un simple baiser...pourtant, ça déclencha en moi un flot d'émotions que je ne pourrais décrire. Cet amour qui me déchira les entrailles alors que mon corps souhaitait plus, bien plus. Des baisers, des caresses. Des moments que seuls nous deux pouvions partagés. Je ne me souviens pas avoir déjà vécu quelque chose de semblable. Peut-être que si, mais alors, j'avais préféré l'oublier tout simplement. Ce n'était pas plus mal, actuellement, je ne regrettais absolument pas ma vie passée. Je décolle mes lèvres des siennes alors que j'ai l'impression de fondre, de me décomposer, attendant une réaction de sa part. Elle a toujours les yeux fermés, comme pour profiter de cet instant que je venais de lui offrir. J'attends la claque, le fait qu'elle me repousse. Mais non, rien ne vient. Elle semble tiraillée de l'intérieur, mais ses émotions sont aussi vives que les miennes. Je n'arrive pas à distinguer celles qui m'appartenaient et celles qu'elle éprouvait. Sa main se porte à ses lèvres et je crains le pire. Pourtant, elle reste sans bouger et ça me fou la pression...Que dois-je faire ? Lui demander pardon ? M'en aller et prendre mes jambes à mon cou ? Non, j'étais pétrifie et puis j'assumais mes actes, c'était un trait de caractère que je n'avais pas perdu face à mon humanité. Ce que je fais et bien je le fais, point. Jamais je ne renierais les actes que j'ai pu poser sur cette terre. Alors, j'attends patiemment qu'elle daigne faire quelque chose...sauf que ce qui se passa me surpris vraiment. Sans rien comprendre je me retrouve avec les lèvres de Sonja de nouveau sur les miennes, alors qu'elle m'embrassais plus furieusement, plus passionnément. Je ne prends pas longtemps avant de réagir de la même façon, alors que ses bras entoures mon cou.

Mon corps se colle au sien instinctivement, mes bras entourant sa taille, je la soulève pour la poser sur le plan de travaille. Mes mains se positionnes dans le creux de ses reines, alors que mes lèvres ne quittent pas les siennes. Je ressentais trop de choses, mais l'envie vient s'y ajouter pour surplomber le tout. Au diable les bonnes manières. Mes lèvres glissent dans son cou alors que je n'ai qu'une envie, l'embrasser jusqu'à la fin de mon existence. D'ailleurs, les banshees peuvent être tuées ? Bonne question. M'en fou, là n'est pas le moment d'y penser. L'une de mes mains passe sous son haut pour avoir accès à la peau de son dos, alors que mes lèvres goûtes à cette peau sucrée qu'elle possédait. J'ai l'impression que tout mon corps la réclame avec une ardeur étonnante, ce qui en soit, me déstabilise vachement. J'aurais aimé m'arrêter, me freiner, mais seule une douche froide aurait eu l'effet d'une bombe. Quoi que...même pas. Parce que là c'est même plus chaud bouillant que je suis, c'est carrément une lave en fusion ! Je détache mes lèvres de son cou pour venir rechercher les siennes pour un baiser passionné, me collant radicalement à elle alors que ses jambes se trouves de part et d'autre de mon corps. Ma main sur sa peau glisse lentement, comme pour découvrir son dos du bout des doigts. Freinage....je dois me calmer. Faut appuyer sur le bouton pause là ! Je suis pas un animal merde...quoi que...Non mais là j'avais beau tenter de me raisonner je n'arrivais pas à stopper la machine.