Aujourd’hui, ça n’avait pas été une très bonne journée… Sonja rentra chez elle, dépitée et complètement dépassée. Elle jeta son sac à main ainsi que sa veste sur le dossier d’une petite chaise dans le hall de l’entrée et elle se fit bouillir de l’eau pour se faire une bonne petite tisane, histoire de faire passer ça…
Je le sais. Je le sais et pourtant je continue à le faire. Ça va tellement me manquer… Je me demande comment je vais réagir face à ce genre de phénomène… Elle qui tient tant à son thé. En tant que Sidh, les dix premières années sont encore les plus ‘vivantes’… Après, le sommeil, l’appétit s’estompent peu à peu pour devenir un véritable spectre. Elle redoute assez ce moment… Elle l’appréhende. Mais si c’est comme sa mort, elle ne s’y attendrait pas et s’en rendra compte au moment voulu, point.
La tasse bouillante dans la main, elle vint se poser à la fenêtre de la cuisine, histoire d’observer le reste de l’étage des habitations… C’était un paysage dont elle n’en revenait toujours pas ! C’est assez différent de la surface de la terre. Un environnement plutôt époustouflant ! Depuis trois ans qu’elle est morte, elle ne s’en remet toujours pas. Ces couleurs et cette architecture dont elle en reconnait à peine le style et les influences artistiques… Son œil d’historienne de l’art, parle !
Mais alors que Sygrid, sa sœur adorée rentra, Sonja sursauta et sa tasse lui glissa des mains pour venir s’écraser sur le sol. Heureusement pour elle, elle n’était pas cassée, mais elle devrait éponger toute sa tisane… Sa sœur était au téléphone donc, elle ne fit que la saluer de loin. Vu l’était dans lequel elle était, Sonja n’osa même pas lui adresser la parole. Un sourire, un signe de la main… Elle posa son autre main sur son cœur. Un vieux réflexe qu’il fallait oublier… Il ne battait plus. Quelle étrange sensation tout de même !
Sonja nettoya soigneusement la cuisine et lava sa tasse en soupirant.
Dommage…Je m’en ferai une plus tard ! Sygie’ apparu dans l’encadrement de la porte pour m’annoncer qu’elle sortit souper. Du coup, je devrai me débrouiller seule ! Je lui souris affectueusement avant qu’elle ne s’envole à nouveau, me laissant seule chez elle. Bon et bien, si je ne dois pas faire à manger pour elle, pourquoi je me foulerais pour faire à manger pour moi seule ?! Hm ?! Non… Je décidai alors de renoncer à manger. En plus, ça fait beaucoup moins de vaisselle et plus de temps pour travailler. Sauf que, même si Sonja se voilait la face en pensant qu’elle était heureuse de passer sa soirée seule, elle en avait gros sur le cœur… Elle aurait aimé raconter à sa sœur qui elle avait rencontré aujourd’hui. Tant pis, ce sera pour demain surement !
Dans un pyjama plus que confortable, Sonja se mit sur le rebord de sa fenêtre pour fumer une petite cigarette avant d’aller se coucher. Son petit rituel quotidien…
Je me demande si j’en ressentirai encore l’envie… Déjà rien que là, ça me dégoute. En effet, cela faisait quelques jours qu’elle perdait le goût de certains aliments. Sans doute était-ce l’accoutumance de sa nouvelle nature… ? Et pourtant… cela ne faisait que trois ans !
Elle se coucha dans son lit, et elle eut beaucoup de mal à s’endormir. Elle pensait au travail qu’elle avait à faire mais surtout, à cette rencontre. Mathis L. Matthew. Elle n’aurait jamais aimé le revoir ! C’était lui, la première personne qui l’avait vue revenir. Lui, qui l’avait aidé et conseillé. Il lui avait tout, absolument tout expliqué sur sa nouvelle nature et son nouveau devoir envers la faucheuse… Elle lui était tellement reconnaissante. Elle était en admiration devant lui. Elle était réellement passionnée par ce type. Mais au final, après cette nuit-là, il se rendit compte que l’état de son fils le préoccupait davantage. Et par amour pour lui, elle quitta son mentor, pour qu’il puisse se concentrer sur son fils. À ce moment-là cela faisait six-mois ou un an qu’elle était Sidh et elle se trouva déjà livrée à elle-même… Mais bon. Elle apprit quelques astuces sur le tas, mais elle ne s’était jamais réellement rapprochée des autres Sidh, préférant se concentrer aveuglément sur son travail ‘d’humaine’ à l’université d’Ottawa. Cela l’aidait à oublier un peu ce qu’elle était… Mais cette fâcheuse réalité la rattrapait tous les soirs, en revenant chez sa sœur…
Le visage de Mathis L. qui s’approchait du sien, elle pouvait sentir son souffle, la puissance de son regard sur elle. Ses paroles lui faisaient saigner des oreilles malgré le fait qu’elle lui dise qu’elle l’aimait, mais lui, il se comportait exactement comme l’a fait son assassin, le jour où elle est morte… En la brutalisant, en la frappant et pour finir, en la jetant volontairement dans les flammes, qu’elle n’eut pas le temps de toucher.
Elle se réveilla en sursaut après avoir entendu un simple :
« Carpe diem, damoiselle. » et l’absence de ses couvertures.
En sueur, les palpitations à haute vitesse, son cœur se serra lorsqu’elle vit un templier complètement ensanglanté debout devant elle, tel un véritable fantôme revenu des temps anciens et surtout, revenant d’une guerre très violente. Suffoquant, elle se dépêcha d’allumer la lumière pour vérifier la véracité de ce qu’elle était en train de voir. Mais visiblement, la silhouette dans l’obscurité, était moins flippante que l’homme et tous ces détails de guerre, en pleine lumière. Elle voulut crier, mais elle était essoufflée de panique face au spectacle devant elle. Après 5 bonnes secondes de contemplation seulement, Sonja ressentis qu’il était un Sidh et qu’il avait un bon fond – donc un Banshee. En commençant à se calmer et elle lui demanda alors :
« Seigneur… ! » s’exclama-t-elle d’abord
« Qu’est-ce que vous faites là ? » Dit-elle, sur le ton de l'étonnement et assez sèchement du à cette intrusion un peu ... imprévue.